MON PÈRE S’APPELAIT PATRICK

(A propos des bacchanales sur la dépouille de Jean-Marie Le Pen)

C’était son nom dans la Résistance, et c’est la raison pour laquelle ce prénom me fut donné à la naissance. Il semblerait que j’ai hérité du nom et de l’esprit de résistance de mon père. Oui je suis : « un résistant du chœur humain ».

Mon père ne parlait que très peu de la période noire de l’occupation allemande et de ses faits d’armes. Il n’en tirait aucune fierté et cette souvenance l’attristait plutôt.

Mon père qui avait une trentaine d’années alors, ; fut, si mes souvenirs sont bons, des bribes d’informations qu’il m’a transmises, lieutenant « Francs-tireurs et partisans Français » (FTPF), chargé du ravitaillement de plusieurs maquis de la Drôme. Dans cette mission il n’eut guère à faire avec les armes pour l’usage desquelles il n’avait guère d’estime. Une des rares action vraiment militaire à laquelle il prit part, arme à la main, fut une embuscade que les maquisards tendirent à un convoi militaire allemand sur les rives du Rhône. La chose se produisit à un endroit dont je ne me souviens plus le nom, où les rochers serrent la route à la rive du fleuve bouillonnant. Les partisans tiraient du dessus, depuis les rochers. Plusieurs allemands furent tués, d’autres en panique périrent noyés dans le fleuve où ils se jetaient.

« Patrick », papa, dut assister un jour, il ne pouvait pas se dérober à cette tâche qui lui répugnait, comme témoin, à l’exécution de trois jeunes officiers allemands que son groupe avait fait prisonniers. Ceux-ci avaient été « jugé » et condamné à mort. Un peloton d’exécution avait été formé de partisans volontaires. Les trois jeunes hommes durent creuser leurs tombes, puis alignés au bord de celles-ci, ils refusèrent tous d’avoir les yeux bandés, et juste avant que ne partit la salve mortelle le plus jeune, un officier SS se campa dans la position du salut, bras tendu, et lança son dernier « Heil Hitler ». Il avait tout juste vingt ans. C’était un ennemi. Probablement une bête idéologique endoctriné. Mais ça n’en était pas moins un homme, un très jeune homme, fort et digne face à la mort. Mon père fut impressionné par son courage et sa dignité. Les quelques fois très rares où il me parla de cet épisode, jamais il ne pu s’empêcher d’avoir des larmes aux yeux. Mon père fut un militant engagé, un combattant, un « guerrier, mais il n’a jamais cessé d’être un homme, plein d’empathie pour l’humanité.

Telle est l’une des grandes leçons d’humanité que mon père m’a transmise sans la moindre éloquence professorale.

Alors, quand j’assiste aujourd’hui, devenu un peu vieux mais non sénile, à des réjouissances sur la tombe d’un homme mort de vieillesse, fut-il véritablement fasciste, je suis terrifié et je me pose cette question légitime : « mais qui sont ses « ostrogoths » , qui sont ses piètres héros qui n’ont aucune lettre de noblesse humaine ni faits d’armes dont se prévaloir ? »

Le Pen était leur ennemi idéologique, le mien aussi, mais actuellement ce n’est pas lui qui insulte méprise, attaque le peuple et la France, les privent de leurs âmes et de leurs libertés, les précipite dans l’indigence. On livre un combat, on vient à bout de son adversaire, on tue son ennemi, on a des raisons de se réjouir, en le battant on a gagné, en le tuant on a probablement échappé à la mort. Mais là ce n’est pas le cas. Ils n’étaient pas menacés, ils n’ont rien gagné, ne sont vainqueurs d’aucune bataille. JML est mort, ils ne l’ont pas tué. Quelle circonstance leur donne le droit de se réjouir de ce décès et d’insulter le défunt ? Je n’en vois qu’une : « LEUR PROPRE EFFONDREMENT MORAL ».

Qui sont-ils ceux qui dansent, sabrent le champagne, et insultent feue Jean Marie Le Pen. Des hommes ? Non, des bêtes immondes auxquelles je ne voudrait pour rien au monde lier mon destin.

Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr ». Samedi 11 janvier 2025.

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