Depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, une agitation se faisait sur les réseaux sociaux, appelant à « bloquer tout » le 10 septembre. Quelques structures syndicales appelaient alors à se joindre au mouvement. Puis les fédérations syndicales firent mine de s’y joindre dans le même temps où elles appelaient déjà à une grande journée de mobilisation syndicale le 18 septembre.
Dès ce temps j’avais saisie l’astuce. C’était dire que le mouvement confus du 10, sans lendemain prévisible, aurait comme prolongement la journée syndicale du 18. Les réseaux sociaux marquaient l’essai, les confédérations syndicales le transformerait. Habile méthode de récupération.
De toute ma vie militante j’ai connu, depuis 68 jusqu’à ce jour, bien des stratagèmes d’encadrement et de contrôle des mouvements sociaux, par les organisations syndicales. Or je dois le reconnaitre, jamais jusque-là je n’avais vu les confédérations syndicales user d’un stratagème aussi subtil. Auraient-elles recruté quelques « énarques » ?
Le mouvement initié le 10 septembre était par nature une manifestation de ras-le-bol, contestataire, qui se proposait ouvertement d’en finir avec ce gouvernement, dégager le Président de la République, voire même « le capitalisme ».
Surprise, cette fois les syndicats ne l’ont pas pris à rebrousse poils comme il l’avaient fait avec les Gilets-Jaunes. Ils ont opté pour la séduction. Ils avaient dit en 2018 que le mouvement des Gilets-Jaunes était « d’extrème droite, ils ont dit cette fois : « Non, le mouvement « bloquons tout » n’est pas d’extrême droite, c’est un mouvement social de gauche ? Ils disaient : Nous sommes avec vous le 10, vous serez avec nous le 18. Cela dit ils ne firent que des efforts très limités pour la réussite de la journée du 10, et d’avantage pour la réussite du 18.
Cela dit, l’offre était alléchante. Les confédérations offraient elle-même un lendemain (une semaine après) à la journée du 10, confuse, et qui ne paraissait pas en avoir.
Mais en guise de « prolongement » il s’agissait d’un dévoiement. En s’engouffrant dans l’opportunité de cette porte ouverte, le mouvement populaire entrait dans le piège. Le voilà « canalisé », « fagocité ». La tonalité de la presse du 19 septembre en atteste.
« LE FIGARO »
« La Dépèche du midi »
Le Premier ministre va de nouveau recevoir les syndicats
Alors que se déroulait ce jeudi une mobilisation syndicale massive et unitaire contre un des mesures d’austérité, le Premier ministre Sébastien Lecornu a poursuivi ses consultations.
Ils étaient contents les « merdias » du pouvoir. Les syndicats avaient repris le contrôle.
Les choses revenaient ainsi dans « l’ordre républicain. Le mouvement politique contestataire qui désignait comme cible le gouvernement et la Présidence de la République se métamorphosait en mouvement revendicatif traditionnel, parfaitement contenu dans les cordes des institutions. Le peuple allait à nouveau quémander, aux mêmes maitres qui le méprisent et l’agressent depuis 8 ans, de lui octroyer quelques miettes de leur festin.
3Lecornu » va recevoir les syndicats ? En acceptant l’invitation les syndicats légitimisent le pouvoir du nouveau premier Ministre nommé par le Président de la République. C’est une façon de remettre une pièce dans la machine institutionnelle. Plus question d’exiger le départ de Macron, on discute avec lui à travers son fondé de pouvoir.
Après celle des retraites, une nouvelle trahison syndicale.
Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr ». Lundi 22 septembre 2025.
P.S. :ATTENTION. Il ne s’agit pas là d’un discours anti-syndicaliste, mais d’une dénonciation des directions syndicales traites. Plus que jamais les salariés doivent se serrer les coudes dans leurs syndicats. Mais ils doivent abandonner la posture « Bisounours » qui consiste à croire que parce qu’elles sont les directions de leurs syndicats, ces directions sont forcément bonnes. Ces directions sont traitresses. Il faut en changer. »
