Tu poses la question suivante :
« Je trouve que ce n'est pas une bonne analyse que de considérer quand même le Hamas comme une organisation de résistance. En effet, le Hamas a reçu des financements indirects d'Israël par le biais du Qatar il y a quelques années »
J’entends ta réflexion.
Le débat Hamas - mouvement de résistance ou non - est un faux débat. Ce n’est pas nous qui choisissons. Ce ne sont pas les dirigeants d’autres pays ni nous-même qui pouvons-nous ériger en jury et déterminer qui a droit à la qualité de mouvement de résistance et qui n’y a pas droit. C’est un fait intangible. On peut ne pas aimer, ne pas vouloir, regretter, se désoler de la dérive « religieuse » d’une partie du mouvement palestinien. On peut le snober, le rejeter, refuser tout contact avec lui. Qu’importe, Les faits sont là, l’histoire se fiche de notre avis.
Que ça plaise ou pas le Hamas est une des composantes de la résistance palestinienne.
L’ennemie jurée de l’Allemagne nazie, celle qui avait brisé l’armée Allemande et l’avait refoulé jusqu’à Berlin, c’était « l’Armée rouge de l’URSS. C’est une humiliation pour une grande nation, pour une fière armée que de devoir capituler. S’en était une pire encore pour l’armée anticommuniste du IIIème Reich de devoir capituler devant les « vas-nus-pieds » de Staline. C’est pourquoi le Général Alfred Jodl s’empressa de signer à Reims le 7 mai 1945 la reddition sans condition des armées allemandes au siège de l’état-major du général Eisenhower. Les alliés tentant de la sorte de s’approprier cette gloire historique. Pourtant l’état-major allemand dut se résoudre à capituler à nouveau le lendemain 8 mai 1945 à Berlin, à 23 heures (9mai à l’heure de Moscou) cette fois devant leurs vrais vainqueurs en la Personne du Maréchal Joukov représentant spécial de Staline.
Ce ne sont pas les parties au conflit qui décident de la légitimité ou pas de leurs adversaires.
Yasser Arafat était le chef incontestable de l’O.L.P. Le gouvernement Israélien discutait sa légitimité, lui déniait la qualité d’interlocuteur légitime au prétexte disait-il que, « c’était un terroriste » !...Tient donc lui aussi ? La martingale n’est pas nouvelle.... C’est à cette raison que les services secrets israéliens sustentèrent le Hamas pour diviser la résistance palestinienne et contester affaiblir l’autorité d’Arafat.
La politique d’Israël » en ce temps consistait à s’inventer soi-même un autre interlocuteur, à sa convenance.
Cette circonstance ne change portant rien à la qualité ou pas du Hamas comme mouvement de résistance. Les israéliens ont joué les apprentis sorciers. Leur créature s’est retournée contre eux. Entre les années 9O et le temps présent, trente années se sont écoulé, le contexte est entièrement différent. Pour avoir tété à la mamelle de l’État hébreu, nul ne peut nier pourtant qu’à présent le Hamas en est l’adversaire le plus résolu.
Le refus de reconnaitre le Hamas comme mouvement de résistance est en vérité, de la part des gouvernements et des diplomaties occidentales un préalable au refus de consentir à considérer la revendication nationale palestinienne. Disqualifier l’adversaire pour préparer une éventuelle sortie négociée, dans son dos, avec les tendances modérées qui ne sont pas représentatives du combat à l'étape actuelle.
Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr » 21 octobre 2023.