Ah les jolis contes de noël. Ah les jolis rêves d’enfants ; Les petits souliers que l’on mettait le soir avant d’aller se coucher, au pied du sapin ; La cheminée magique par laquelle vient le bon vieillard. La barbe blanche, la robe rouge les rennes et le traineau, même dans nos contrées où l’on ne voit guère de neige en hiver. C’est fou, c’est irrationnel, c’est magique, mais n’est-il pas merveilleux cet émerveillement-là ?.
Je sais qu’il y a des adultes assez sèchement rationalistes pour vouloir préserver les enfants de ces fadaises qu’ils considèrent comme des retardateurs du développement mental. Il n’y a pas de « père noël », les cadeaux c’est papa et maman ; ça leur coute un pognon de dingue. Voyez un peu le temps perdu que c’est pour prendre connaissance des dures réalités « nécessaires » du mercantilisme, que ces pérégrinations cérébrales dans le monde de l’illusion et la rêverie. Le traineau c’est un trafic Renault, les cerfs ce sont les livreurs Huber que soustraite « Amazone ». Nous ne devons plus donner aux enfants d’aujourd’hui le temps de divaguer dans des rêveries infantilisantes. Revenus du monde enchanté, plus pour eux d’entrée en douceur dans le monde des adultes. Ils doivent atterrir avant d’avoir volé. Fini Alice au pays des merveilles Blanche Neige et la belle au bois dormant, finies les absurdités de serpent à plume et de tapis volant des contes des « mille et une nuits » Que l’on brule séant toute cette littérature abêtissante, que l’on extirpe ses mythes, que l’on appelle nos enfants sans tarder dans l’horrible réalité du fric qui a pourri toutes les valeurs et détruits tous les rêves.
Par contre il y a tout de même des mythes nécessaires au maintien de l’ordre social qu’il convient de valider. Vos enfants seront tenus de croire, et cela jusqu’à leur mort, au barbu qui marche sur l’eau, à la vierge qui enfante, à l’œil géant qui voit tout et à l’immuabilité d’un monde où quelques-uns se gavent pendant que d’autres suent ou crèvent de misère
Et qu’elle foutaise n’est-ce pas que ces contes à dormir debout de petits garçons qui naissent dans les choux et de petites filles dans les roses, de blanche cigogne qui un matin apporte un petit frère ou une petite sœur dans le joli berceau que papa et maman ont préparé. Quel temps perdu à croire que l’on reconnait les filles à leurs cheveux longs et à s’interroger de savoir si les petites chinoises ont la foufoune en travers. On va leur dire la vérité, on va leur expliquer. On va faire dès le plus jeune âge leur éducation sexuelle à l’école. Il ne sera plus nécessaire aux petits garçons de soulever les jupes des filles (d’ailleurs la plupart n’en ont plus) pour découvrir l’origine du monde, plus nécessaire de jouer à Papa maman, au docteur ou à touche pipi pour découvrir des merveilles insoupçonnées et des questionnements divins. Plus besoin d’attendre les douces attentions de sa première maitresse pour embrasser la réalité.
Votre maitresse (d’école) vous dira « tout, tout tout tout tout « sur le zizi ».
Eh bien non !
La découverte de la sexualité doit se faire progressivement au rythme physiologique, mental et intellectuel de chacun. Elle s’accélère à l’âge de la puberté avec les premières manifestations de la sensualité. Le pré adolescent se pose alors les questions que la nature lui soumet. Leur résolution est à la fois une aventure, une découverte et une conquête personnelle. C’est par ce cheminement que l’adulte se construit, dans cette quête de la sensualité et de la sexualité que la personnalité se forme. Vouloir élucider des questions à un stade où elles ne se posent même pas c’est « brutaliser » l’évolution psychique des individus, c’est prendre le risque d’induire de graves perturbations mentales.
Laissons les enfants à leurs douces croyances, à leurs questionnements, à leurs pérégrinations mentales, à leurs découverte propres.
Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr ». Mardi 12 septembre 2023.