Il y a déjà de nombreuses années, du temps de « la réforme Sarkozy des retraites, j’avais écrit le texte de cette « chanson détournée » (« Le gorille » de Georges Brassens). C’était pour mettre de la bonne humeur et de la gouaille, mais aussi pourquoi pas un brin de réflexion, lors de la fête de départ d’un collègue ami et camarade de quelques « moissons » mon cadet. Elle n’a à ce jour, paradoxalement rien perdu de sa fraicheur, de son actualité ni de sa pertinence. Le temps lui a fait l’effet qu’il fait aux bons vins.
Je vous l’offre :
A toutes celles et ceux qui se sont battu contre l’oukase 2023, Macron/Borne sur les retraites, et contre toutes les contres réformes qui l’ont précédé.
A tous ceux qui sont destiné à souffrir des conséquences désastreuses de ces agressions contre les droits des travailleurs.
A tous ceux qui « ne tournent pas la page » et sont bien déterminés à poursuivre le combat pour le retour à la retraite à soixante ans et la restauration des régimes spéciaux.
A tous ceux-là j’offre ce texte emblématique.
P.S., 19 août 2023
LA QUILLE
C’est à travers l’étroite grille
De leurs intérêts bien sentis
Que les patrons et leurs gorilles
Le droit de glander nous déni.
Avec impudence les compères
Disent qu’il faut travailler plus
Eux qui n’ont jamais, bonne mère,
Rien fait qu’de nous pomper le jus.
Vive la quille !
Ceux-là même qui naguère
Battaient la coulpe des « Egaux »
Vantent les vertus égalitaires
Tous les pauvres au même niveau :
Qu’ils triment leur vie de galère
Puisque de ramer c’est leur sors
Quand ils cessent qu’on les enterre
La retraite c’est quand ils sont morts.
… Vache de quille !
Voilà que le tran-tran morose
Que menait ce bel animal
S’arrête, on ne sait pourquoi, je suppose
Qu’il arrivait au terminal.
Yvon* en sortant de sa « loc »
Dit c’est aujourd’hui que j’la prends
N’parlait pas de cocher ce coq
Mais d’la retraite, ça vous surprend.
Vive la quille
La taulière de cette ménagerie
Criait éperdue, non de non,
C’est assommant car ce pupille
N’a pas quarante annuités tout de bon.
Quand la misère et l’indigence
Surent qu’Yvon n’était pas vieux
Plutôt qu’d’applaudir à sa chance,
Maugréèrent les envieux,
…. Contre la quille.
Qu’on abolisse l’exorbitant
Privilège de leur congénère.
Bolloré prospère et séant
Faut qu’il émarge son feudataire.
Avec l’argent de nos retraites
Il pourra offrir à Butor
L’Titanic pour qu’il se la pète
Avec les cales bourrées d’or.
Vive la quille !
Le partage de la misère
C’est ce que d’autre ont baptisé,
Le langage a bien des mystères ;
« Nouvelles solidarités ».
Leurs coffres, leurs poches, leurs assiettes,
Regorgent à en dégobiller,
La plèbe se bat pour les miettes,
Les riches peuvent festoyer.
Vive la quille !
S’il paraît que les bonnes choses
Ont également une fin,
Les retraites comme les roses,
Si l’on court tout droit au sapin :
Grand Dieu surtout pas de « Sarkose »,
Surtout pas de trop de chagrin
S’il nous faut mourir d’overdose
Que ce soit d’amour et de vin.
Vive la quille !
Patrick Seignon
9 novembre 2007.