J’ai récemment eu connaissance de la vidéo de Marianne dans laquelle Jean-Michel Quarepoint propose de nous révéler « Les véritables raisons de la position anti-russe des anglo-saxons ».
Je l’ai visionné très attentivement. J’ai même relevé par écrit l’intégralité de son contenu, que je joins en annexe à cet article.
Cette composition m’a paru être un exemple parfait de la perfidie Journalistique. Je vous propose de voir cette vidéo, https://www.youtube.com/watch?v=TMLFGajmiOM de lire ensuite l’éclairage que j’en donne, et de la visionner à nouveau pour en prendre la pleine mesure. Voir comment, même avec la volonté d’approcher la vérité, les « appointés » des médias choient aisément dans la vulgarité de la basse propagande de guerre.
Car en effet, loin des balivernes sur la « défense de l’Ukraine », « l’inviolabilité des frontières » ou « la défense de la démocratie et de la liberté » dont l’actuel gouvernement « Bandériste » de Kiev est probablement un exemple, Jean-Michel Quatrepoint lui va au fond, nous dit, comme il l’annonce, « les véritables raisons du conflit actuel en Ukraine : « L’Occident veut détruire la Russie. »
1 - Mais !
"L’occident veut détruire la Russie" commence-t-il. Oui mais il met cette affirmation dans la bouche de Poutine, qui nous explique-t-il utilise depuis le début cette rhétorique pour justifier son invasion de l’Ukraine. Dite ainsi l’affirmation « l’Occident veut détruire la Russie », apparait comme un argument tendancieux élaboré par Poutine lui-même à des fins d’autojustification. D’ailleurs nous dit J.M.Q, « Nul doute que les échecs des premiers jours »…. "ont nourrit une certaine paranoïa chez le maitre du Kremlin." (Paranoïa : trouble mental, méfiance, suspicion excessive à l'égard d'autrui, la plupart du temps non fondé.). Voilà les choses ainsi clairement posée. « L’Occident veut détruire la Russie » est donc une vision sortie du cerveau malade d’un paranoïaque.
Poutine exagèrerait-il la menace que l’Occident fait peser sur la Russie. Peut-être même a-t-il tort de penser que l’Occident veut la détruire ?
Sauf que :
Notre journaliste oral nous apprend aussitôt qu’il existe " bel et bien des jusqu’au-boutistes qui veulent évidemment une victoire de l’Ukraine mais aussi une défaite totale de la Russie". Il en arrivera même à dire à la fin de sa vidéo : « malgré les précautions de langage, d’aucun en Occident se verrait bien aller à Moscou comme en 1914 on voulait aller à Berlin, pour en finir une fois pour toute avec la Russie, achever son démantèlement et la réduire à une petite puissance régionale qui ne pèse pas sur la marche du monde. »
De quoi il convient de déduire aussitôt lorsqu’on est honnête citoyen, non rétribué pour pervertir la vérité, que l’affirmation de Poutine selon laquelle « l’Occident veut détruire la Russie » n’est en aucun cas une simple« vue de l’esprit », qu’elle relève non pas de la paranoïa mais plutôt de la simple clairvoyance politique d’un homme d’État.
2 - La justification du violeur.
Donc ça y est, c’est admis, c’est acté, il y a bien en occident, des jusqu’au-boutistes, non pas des fous marginaux, mais « le monde Anglo saxon » (RU, USA, Canada), semble-t-il, qui ont bien pour objectif de détruire la Russie. Ils veulent détruire la Russie mais ce n’est pas leur faute « peuchère », c’est bien entendu encore, la faute à ce grand-méchant Poutine. C’est sa faute car il « faut » que ce soit sa faute. C’est ce que commande le postulat de la propagande des patrons de Monsieur Quatrepoint. C’est « la faute à Poutine » en effet si l’Occident veut les écraser lui et sa Russie. N’a-t-il pas avec : « Son invasion de l’Ukraine … libéré la parole des uns et des autres », « donné le « prétexte » que l’Occident attendait depuis longtemps pour mettre à genoux le régime de Vladimir Poutine mais aussi la Russie. »
La fille violée ne donne-t-elle pas un prétexte au violeur en s’habillant trop court ?
3 – La russophobie naturelle des ukrainiens.
Je croyais avant, que les phobies, qu’elles que ce soit, toutes les phobies ; Homo, judéo, islamo, etc… et donc « Russo » par voie de conséquence, étaient des perversions de l’esprit, moralement condamnables. Mais à entendre Monsieur Quatrepoint ce ne serait pas le cas.
« Et là il faut plonger dans l’Histoire. Comment expliquer cette russophobie et même cette haine de la Russie qui s’est propagée depuis un an ? » interroge-t-il. Et de répondre : « Alors de la part des Ukrainiens c’est complétement compréhensible. » La russophobie des ukrainiens ne mérite pas, au sens de JMQ, une grande plongée dans l’Histoire.
Eh oui, que bien sûr ! La russophobie naturelle des ukrainiens, ah oui puisque les voilà agressé par la Russie. Sauf que la russophobie en Ukraine avait commencé bien avant l’agression Russe et quelle est même un des éléments constitutifs de l’idéologie indépendantiste de l’extrême droite ukrainienne. Sauf que foin d’être la conséquence de l’invasion russe elle en est probablement une des causes.
4 – La plongée dans l’Histoire, sélective, de monsieur Quatrepoint.
Mais comment expliquer la Russophobie du monde Anglo-saxon ? l’auteur nous invite donc à une plongé en batiscaphe dans les grandes profondeurs de l’Histoire : la révolution russe, la guerre civile, « l’Entente », puis nous remonterons vers la surface par paliers : l’Hitlérisme, le pacte Germano soviétique…..
Tient, comme c’est paradoxal. Il a complètement omis de faire une halte à la « Révolution orange (2004) , ni même à « l’Euromaïdan (2014) Ces oublis ne sont pas fortuits. J’ai constaté les mêmes de façon récurrente chez les servants de la propagande officielle.
Et pour cause ! Monsieur Quatrepoint ne nous a-t-il pas dit que « son invasion de l’Ukraine par Poutine avait donné le prétexte que l’Occident attendait ». S’il avait pris le temps de s’arrêter à la « révolution orange » et à Maïdan, il eut apparu, même pour les esprits les moins véloces, que l’Occident n’avait pas fait qu’attendre patiemment le prétexte que lui donnerait Poutine. Qu’il l’avait lui-même, inventé, planifié, préparé de longue date et de longue main en prenant appuis sur les ligues d’extrême droites russophobes. Que dans la montée de la Russophobie en Ukraine il avait une large part de responsabilité, car il avait besoin de celle-ci pour consommer le divorce de ces deux peuples si intimement liés par 350 ans d’Histoire ?. Il eut apparu que c’est la politique de l’Occident qui a poussé Poutine à agir militairement. Que l’Occident n’avait pas fait « qu’attendre un prétexte depuis longtemps » mais qu’il avait œuvré à le créer.
Et un point final tout de même. Malgré tout monsieur Quatrepoint ne saurait avoir tort. Le journaliste est comme le chat. Il bénéficie de facultés d’équilibre linguistique qui lui permettent de toujours retomber sur les pattes de son raisonnement même le plus vicié. "Les jusqu’au-boutistes occidentaux," nous dit-il pour conclure, "nourrissent la paranoïa des dirigeants russe." Nous y revoilà. Il a bien raison monsieur Quatrepoint. Ce que c’est tout de même que ces russes ? On veut les tuer, réduire leur pays, les coloniser. Mais ils sont paranoïaques tout de même. L’animal de boucherie n’est-il pas paranoïaque quand il se plaint du boucher ?
Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr ». Mercredi 2 août 2023.
ANNEXE :
Texte intégral de la vidéo de « Marianne »
"Les véritables raisons de la position anti-russe des anglo-saxons".
par Jean-Michel Quatrepoint
L’occident veut détruire la Russie. Vladimir Poutine, dans son long discours mardi (…… devant la Douma a repris toute la rhétorique qu’il utilise depuis un an pour justifier son invasion de l’Ukraine.
Pour lui le combat devient donc existentiel ;
Nul doute que les échecs des premiers jours de l’invasion ont nourrit une certaine paranoïa chez le maitre du Kremlin.
Pourtant, force est de constater que son invasion de l’Ukraine a libéré la parole des uns et des autres.
Il a apporté sur un plateau ce QU4UNE PARTIE DE L4Occident attendait depuis longtemps, le prétexte pour engager une véritable bataille pour mettre à genoux le régime de Vladimir Poutine mais aussi la Russie
Aujourd’hui ce camp des jusqu’au-boutistes qu’évoque Emmanuel Macron, il existe bel et bien.
Des jusqu’au-boutistes qui veulent évidemment une victoire de l’Ukraine mais aussi une défaite totale de la Russie. Et là il faut plonger dans l’Histoire. Comment expliquer cette russophobie et même cette haine de la Russie qui s’est propagée depuis un an ?
Alors de la part des Ukrainiens c’est complétement compréhensible.
De la part des Polonais et des pays baltes également, tous ces pays ont été en guerre avec la Russie depuis des siècles. Les vieux conflits restent imprégnés dans les mémoires collectives. La Pologne se souviens de Katyn où des milliers d’officiers Polonais avaient été massacrés par l’Armée Rouge qui avait envahie le pays, conjointement avec l’Allemagne en vertu du pacte germano-soviétique.
La Pologne qui se souvient aussi que cette même armée rouge n’avait pas volé au secours des insurgés de Varsovie en 1945 et avait laissé les dernières troupes nazies massacrer cette résistance.
Et cette mémoire collective elle est aussi prégnante chez les russes qui se souviennent que dans les pays baltes et en Ukraine une partie de la population avait servit allégrement de supplétifs aux troupes allemandes en juin 41 pour massacrer des dizaines et des dizaines de milliers de communistes, et de juifs !
Plus étonnante à priori peut apparaitre la position de l’Angleterre et par extension du monde anglo-saxon. La Russie est loin et à priori il n’y a pas la même mémoire conflictuelle que Moscou a avec ses voisins. Mais pour les Britanniques, du moins pour une partie d’entre eux, la Russie d’aujourd’hui souffre d’un péché originel, la Révolution de 1917.et la grande peur que les bolchevicks ont instillés à l’Ouest avec l’idée d’une révolution communiste universelle aux lendemains de 1917. On a oublié qu’aux lendemains de 1918, la France le Royaume-Uni et le Canada sont parti en guerre contre la jeune URSS pour contenir la révolution par un cordon sanitaire. Et ce n’est qu’en 1921 que cette guerre, qui s’est notamment déroulé sur le sol ukrainien, prendra fin.
Mais ensuite une partie de la classe dirigeante britannique n’aura de cesse que de combattre l’URSS. Lorsque Hitler arrive au pouvoir, la fraction pro allemande de la noblesse britannique aurait bien aimé que les nazies règlent son compte à l’URSS. Pour eux, mieux valait Hitler que Staline.
Ce sont les polonais et les britanniques qui ont de fait entrainé l’échec des négociations menées par Paris et Londres avec Moscou en 1938 et 1939. Autant les français auraient aimé nouer avec les russes un accord d’assistance mutuelle qui comme en 1914 aurait pris en tenaille l’Allemagne, autant les Anglais au fond n’en voulaient pas. Le résultat en aura été paradoxalement le pacte Germano-Soviétique. Ce qu’aujourd’hui à Londres, mais aussi a Washington et à Toronto, on reproche à la Russie, c’est de ne pas avoir abjuré le communisme ni fait acte de repentance pour ses crimes. D’où le discours qu’on entend désormais qu’il faut finir le travail.
L’effondrement du communisme il y a un peu plus de 30 ans, a entrainé le démantèlement partiel de l’URSS qui a en fait perdu la moitié de sa population. Les Anglo-saxons sont dans une logique quasi religieuse de « punishment ». Il faut punir ceux qui s’étaient dressés contre le système capitaliste le modèle libérai occidental, et qui pendant près d’un demi-siècle de guerre froide ont voulu apparaitre comme un « contre modèle ».
La Russie aurait dû se contenter depuis d’être un fournisseur de matières premières, adopter peu à peu le mode de vie occidental, et renoncer surtout à toute ambition géopolitique pour laisser la conduite du monde aux Anglo-saxons. Et c’est là que le divorce est amorcé avec un Poutine qui peu à peu a pris l’exact contrepied. Un Poutine qui s’est refusé à faire le procès du communisme et qui bien au contraire a exercé un pouvoir de plus en plus autocratique.
Et l’Ukraine est devenue le lieu géométrique de l’affrontement entre deux conceptions de l’organisation du monde, deux conceptions de l’organisation de la société.
Alors c’est vrai que l’on est dans un conflit idéologique qui peut basculer dans une guerre de civilisation. Dans chaque camp les jusqu’au-boutistes se font omniprésents. Et en Occident, ceux qui comme la France, et aussi l’Allemagne, voudraient faire entendre une voix un peu plus équilibrée deviennent inaudibles. Les vieilles haines ressortent au grand jour, et malgré les précautions de langage, d’aucun en Occident se verrait bien aller à Moscou comme en 1914 on voulait aller à Berlin, pour en finir une fois pour toute avec la Russie, achever son démantèlement et la réduire à une petite puissance régionale qui ne pèse pas sur la marche du monde.
Ces jusqu’au-boutistes occidentaux nourrissent bien évidemment la paranoïa des dirigeants russes.