Dans la prise de parole directe du peuple il voit une inversion des valeurs démocratiques. La vraie démocratie selon ce qu’il en dit ce serait lorsque le peuple se décharge de sa souveraineté dans les mains de « représentants » félons qui l’insultent et le trahissent. La démocratie représentative est un pis-aller, certes nécessaire au fonctionnement d’une nation de plusieurs centaines de milliers voire de millions de citoyens. Ce n’est nullement un idéal intangible. Et l’expression directe du peuple (par la grève, la manifestation l'émeute ou la révolution) lui fut de tout temps mille fois supérieure, puisqu’elle est celle d’une large fraction du peuple quand la représentation nationale n’en est qu’une expression minoritaire, indirecte et de plus souvent biaisée.

Mieux! ! La démocratie représentative n’est qu’un outil d’exercice fonctionnel de la légitimité nationale, l’insurrection populaire en es tle creuset, la source, la fondatrice et l’expression la plus haute ; C’est d’ailleurs pourquoi le préambule de la constitution de la Première République établissait le droit sacré d’insurrection des peuples contre l’oppression. « Le peuple souverain s’avance » déclamait le chant de l’armée du Rhin qui est devenu notre Hymne national. Et il ne s’avançait pas alors à Valmy avec des bulletins de votes mais avec des canons des chassepots et des baïonnettes. C'est en arme contre la tyrannie que le peuple a fondé sa souverainneté.

Le peuple qui manifeste actuellement, par centaines de milliers pour la défense de ses droits acquis contre une réforme inique qui est une agression contre lui-même, c’est lui le souverain et les « élus » d’hier qui refusent de l’entendre, qui plutôt que porter sa parole, s’expriment contre lui, ne sont pas, ou plus, ses représentants et sont en vérité illégitimes.

D’ailleurs, Macron, l’outrecuidant, jamais à court d’une provocation, ne se prend-il pas les pieds dans le tapis de sa propre rhétorique lorsqu’il affirme, voulant justifier ainsi l’usage du 49-3, « Utiliser la Constitution pour faire passer une réforme est toujours une bonne chose si on veut être respectueux de nos institutions » ?

Comment en effet oser arguer de la « légitimité » de la représentation nationale pour tacler « l’illégitimité » de la foule, et à la fois du bon usage du 49-3 qui annule la représentation nationale.

Macron est dans le déni total de démocratie.

Il a décidé de passer sa contre-réforme « en force » contre la volonté populaire, voilà le peuple légitimé à faire usage de sa force pour défendre ses intérêts.