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  • LA STRATÉGIE PERDANTE DE LA « GAUCHE » PARLEMENTAIRE

    LA STRATÉGIE PERDANTE DE LA « GAUCHE » PARLEMENTAIRE

    (Il n'y a pas de victoire sociale sans lutte)

    S’IL EXISTE DES GENERAUX VAILLANTS POUR ORGANISER LES OFFENSIVES, ILS EN EXISTE D’AUTRES FÉLONS, TOUT JUSTE BONS A ORGANISER LES « RETRAITES »


    *


    Macron a fait de sa réforme (contreréforme en vérité) des retraites le point d’orgue de son décanat. Elle doit passer coûte que coute, en force si c’est nécessaire et ce pourrait dans ce cas n’être pas qu’au sens figuré si « le peuple » s’avise de se rebiffer.(1)

    Autrement dit, si sa loi régressive est « boulée » d’une manière ou d’autre, par les parlementaires, la mobilisation populaire, voire l’insurrection, dans tous les cas Macron « Dégage ! »

    Le Président de la Vème République élu au suffrage universel est la clé de voute des institutions. Avec le quinquennat et l’évolution « présidentialistes » induite de ces dernières, il en est même devenu « l’arc de décharge ». Le Président saute, l’édifice s’écroule.

    Serait-ce la raison pour laquelle les parlementaires (autoproclamés) de « Gauche » ne sont pas pressés de mettre en péril le déroulement de ce deuxième quinquennat macroniste ?

    Macron l’a récemment rappelé lui-même, il n’avait rien caché de ses intentions. Il a même eu l’outrecuidance de sous-entendre que son élection à la présidence avait valeur d’acquiescement de tout son programme et que prévenus l’on était mal venus de se plaindre à présent. N’avait-on pas en quelque sorte, en le renouvelant à la tête de l’Etat, « plébiscité » sa réforme des retraites ?

    Il l’avait dit en effet, et malgré cela, au prétexte de conjurer l’éventuelle victoire de Madame Le Pen, la gauche traditionnelle a appelé à voter pour lui (Fait moi mal Johnny, Johnny, Johnny, fait moi mal !)* N’est-il pas aisé de supputer, dés-lors, que les mêmes redoutent à présent la sanction que serait pour eu mêmes la mise en échec de Macron ? Redoutent la possible victoire de Marine en cas de dégagement prématuré d’Emmanuel. Et que les mêmes raisons qui les ont motivées à le renouveler les motivent à présent à ne le point déstabiliser.

    Ce ne sont pas des milliers d’amendements, ni de jeux d’obstruction parlementaire dont on a besoin. Pas de députés qui chipotent sur la rédaction de tel ou tel article de la loi, qui sera au bout du compte voté par une majorité de service. Ce dont le peuple aurait besoin, mais c’est un rêve, c’est de députés qui fassent résonner la voix du peuple dans l’hémicycle : « Allez dire à votre maitre que nous sommes ici pour faire entendre la volonté du peuple et n’en sortirons pas avant que ce texte soit retiré ». Nous ne sommes plus, il faut s’y résoudre, au temps des serments de jeu de Paume ni d’ailleurs. C’est au spectacle d’un lamentable jeu des pommés de « la Gauche » que nous voilà conviés.

    Petits bouts par petit bout, article après article, celle-ci est voté. Deux articles essentiels ont ainsi déjà été adoptés, celui sur la fin des régimes spéciaux par les deux chambres et celui sur le recul à 64 ans de l’âge de départ par le Sénat et depuis hier par « la commission paritaire » qui court circuite les Assemblées. Ainsi, quand bien même le gouvernement recourait aux procédures accélérées ‘(art ? 47,1), vote bloqué, ou 49.3, et au bout du compte par ordonnances il pourra-encore se targuer de n’avoir violer rien ni personne s’étant limité, après un long temps de patiente à passer outre l’obstruction pour mettre en œuvre "une réforme essentielle". En négatif certes, la réforme aura ainsi tout de même obtenu une forme d’onction parlementaire.

    Cependant que la gigantesque mobilisation de rue, au diapason (mais jusqu’à quand ?) avec l’intersyndicale*, exige le retrait pur et simple de la réforme, eux s’ingénient à en discuter. Vous êtes-vous demandé, quand on représente le peuple (qu’on le prétend au moins), quel intérêt il y a à poursuivre une discussion sur une loi dont le peuple exige le retrait pur et simple ?

    C’est de députés qui sortent de dessous les Ors de la République pour appeler dans la rue à la mobilisation populaire, c’est de leaders syndicaux qui sortent de leurs bureaux douillets pour organiser des meetings de lutte à la porte des entreprises et dans les stades, qui donnent de leur personne pour appeler à la grève et au blocage de l’économie, dont on a besoin.

    Mais ceux la sont formatés petits fonctionnaires ou bureaucrates, leur seule science est celle de la glose inutile et de la négociation de (rien) et « luncher ». Organiser les luttes, jusqu’à la victoire ils ne savent même plus ce que cela veut dire. Ce ne sont pas des chefs de lutte. Ces « généraux » sont des organisateurs de « retraite ». Leur rôle institutionnel est d’accompagner en douceur la régression sociale. De relâcher de la pression quand c’est nécessaire pour éviter que la marmite n’explose.

    PESSIMISTE CE CONSTAT ? NON OPTIMISTE !


    Il n’y a pas dans l’Histoire sociale de victoire sans lutte. Si une chance existe de battre en brèche la « contre-réforme » de Macron celle-ci appartient au peuple insulté par l’obstination de ce dernier. C’est un grand coup de colère populaire, une grève qui fasse tache d’huile, des émeutes et des blocages. Sans le vote d’une partie au moins des députés LR, la motion de censure mise au voix lundi, n’obtiendra pas la majorité. Si des députés LR en nombre suffisant ce décident à la voter, à quoi croyez-vous que nous le devrons ? Aux accès de colère populaire de ces derniers jours bien sûr. A la crainte de ses députés « de l’ordre » que ne s’allume dans le pays un vaste mouvement social qui mettrait en péril les fondements de la Vème République. Ou plus prosaïque à leur crainte de la sanction électorale lors d’élections législatives qui pourraient survenir plutôt que prévu.

    Voté ou non, la motion de censure, la règle reste la même. La victoire, s’il y a, appartiendra au peuple et à la rue. Le rejet éventuel de la motion de censure, encore l’hypothèse la plus probable malgré tout, ne devra pas sonner le tocsin de la mobilisation, au contraire, mais lui donner un élan supplémentaire.

    Manifestations monstres et en colère, généralisation des grèves des blocages et des actions spéciales, telle doit-être la réponse populaire en ce cas.

    Hasta la victoria siempre !


    Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr ». Jeudi 16 mars 2023.

    (*=) Ca y est, c’est la fin de l’accord au diapason. La CFDT, comme dab annonce qu’elle retirera ses billes si la loi est votée.
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