III - "CASUS BELLI"
1 - Le coup d’état de la place Maïdan. en février 2014 constitue un « casus belli » (Acte qui peut entraîner rupture avec une puissance et causer la guerre. Définition du dictionnaire Larousse) entre l’Empire américain d’Occident et la Russie. C’est de cette date en vérité qu’il convient de situer l’origine du conflit dont l’opération militaire russe en Ukraine n’est que l’un des nombreux prolongements.
2 - Raisons géostratégiques. (La possession de la Crimée). La Crimée était une possession de l’Empire Ottoman. Elle fut conquise par la Tsarine Catherine II en 1774 et annexée à l’Empire Tsariste en 1783. Malgré une Histoire agitée, conséquences des rivalités polono/russe, franco/Russe, puis la révolution Russe, et Anglo/française, la Crimée resta une province Russe jusqu’en 1990 date de l’indépendance de l’Ukraine à la suite de l’effondrement de l’URSS. Comment cela s’est-il pu ? Comment la Crimée appartenant à l’espace soviétique pouvait-elle être arrachée à la Russie historique par l’indépendance de l’Ukraine ?
Parce qu’à l’occasion de la commémoration du trois-centième anniversaire du traité de Pereïaslav actant l’allégeance de l’Ukraine à l’Empire Tsariste, Nikita Khrouchtchev, alors Président du Présidium suprême de l’URSS, qui était lui-même Ukrainien, offrit la Crimée à la RSS d’Ukraine. S’agissant de l’espace soviétique le rattachement de la Crimée à l’Ukraine était alors une mesure purement administrative sans conséquence géostratégique prévisibles. La Crimée ainsi administrativement ukrainienne n’en restait pas moins, terre de l’Union Soviétique et sous son contrôle. (1)
Forte de cette situation l’Ukraine devenant indépendante en 1991 emporta la Crimée en dot. Mais cela ne pouvait aller de la sorte. Si la « Grande Catherine » au 18ème siècle, au prix des deux guerres russo-turques (1768/1774 et 1787/1792) s’étaient efforcé de conquérir la Crimée, et d’assurer à l’Empire russe le contrôle de la mer Noire, c’était afin d’ouvrir la Russie vers « les mers chaudes ». La Crimée pour l’Empire tsariste, pour l’Union Soviétique ensuite, pour la Russie contemporaine enfin, est une pièce maitresse de leur équilibre stratégique et commercial. L’indispensable poumon de leur développement
Nikita Khrouchtchev à l’évidence avait fait une bourde monumentale. Facile à dire avec le recul. Cette amputation stratégique imposé à la Russie était hasardeuse. Mais les choses malgré tout auraient pu en rester là si l’Ukraine avait adopté un statut de neutralité. Mais à présent l’Ukraine postulait d’entrer dans l’UE et d’adhérer à l’OTAN. Cela signifiait à ce stade que la Crimée, passerait dans l’escarcelle de l’OTAN et que celle-ci prendrait le contrôle de la mer dont à termes elle chasserait la Russie.
La Russie chassée de la mer Noire, pensez donc un peu ! La mer Noire, la fermeture de l’accès aux « mers chaudes ». Une telle perspective est impensable. La Russie ne peut se résoudre à un tel cataclysme historique : être refoulée trois siècles en arrière à son statut d’Empire du froid qu’elle était encore du temps de Pierre Legrand.
C’est pourquoi la première préoccupation de la Russie, prenant ainsi de vitesse les plans occidentaux, fut en 2014, après la mal baptisée révolution du Maïdan », quand l’extrême droite Ukrainienne russophobe prenait le pouvoir avec la bénédiction de l’Europe et des USA, de faire revenir la Crimée dans l’espace Russe.
La Crimée est une terre Russe. Le peuple de Crimée est un peuple Russe à une majorité écrasante. La Crimée est un territoire russophone et russophile. On sait comment Vladimir Poutine a résolu le problème stratégique que posait le coup de force de Maïdan : Envoi d’un contingent militaire, expulsion des autorités et de l’armée ukrainienne, référendum d’autodétermination du territoire, annexion à la « fédération de Russie ».
Comme autrefois la France voulait « rependre l’Alsace et la Lorraine » toutes les trompettes Ukrainiennes de la guerre Lancinent actuellement à la reprise de la Crimée, par l’Ukraine ? Non, par l’OTAN, cette structure militaire de domination planétaire de L’Empire américains d’Occident. Vous l’avez compris La possession de la Crimée constitue au sens de la Russie une exigence existentielle et la prétention de l’impérialisme Américain et de ses vassaux de s’emparer de celle-ci un « casus belli » majeur de nature à engendrer une troisième guerre mondiale voire une apocalypse nucléaire.
3 - Filiation. Donbass terre russe. L’accession de l’extrême droite russophobe au pouvoir à Kiev, eut pour autre effet de provoquer des soulèvements dans l’Est de l’Ukraine, dans cette région appelée « Donbass » où les cités de Louhansk et Donetsk se déclarèrent Républiques indépendantes. L’Ukraine kiéviste plutôt que la recherche d’une médiation attaqua alors militairement les Républiques sécessionnistes, bombarda son propre peuple.
Petite parenthèse linguistique. Nous avons écrit « Se proclamèrent » et non « s’autoproclamèrent » comme les médias occidentaux s’ingénient à le faire avec l’intention d’induire un doute sur la légitimité de ces proclamations. Proclamer : « Annoncer ou déclarer hautement (qqch.) auprès d'un vaste public. Proclamer son innocence. » ou son indépendance. (Définition du dictionnaire). On se proclame, on ne « s’autoproclame » pas, en ce sens qu’une proclamation est presque toujours une « auto proclamation » et que dès lors ajouter le préfixe auto » c’est induire une « tauto…logie » ? L’usage de ce préfixe n'a donc aucun intérêt sinon l’intention mal dissimulée d’induire un doute quant à la légitimité de l’acte.
4 - Mais allons au fond. Pourquoi ce coup d’état du 23 février à Kiev ? Pourquoi ces proclamations d’indépendances des Républiques du Donbass ? Pourquoi cette guerre civile, car s’en est une, de l’armée ukrainienne contre une partie du peuple ukrainien ?
Parce que, ouvertement soutenus par les USA et l’UE, l’extrême droite Ukrainienne russophobe s’était à cette occasion emparée du pouvoir et que les populations « Russophones » et « Russophiles » de l’Est de l’Ukraine ne pouvaient l’accepter, car elle se sentirent menacées par cette évolution.
Dès lors qu’ils refusaient cette trajectoire politique de leurs pays et ne souhaitaient pas partager le destin que l’extrême droite proposait à l’Ukraine, ces territoires avaient-ils le droit et la légalité internationale avec eux pour se déclarer indépendants ? Oui ! car ceux-ci se fondent en la matière sur le droit à « l’autodétermination des peuples.
Le droit des peuples à l’autodétermination est un concept défini au début de 20ème siècle et porté par le Président des Etats-Unis, Woodrow Wilson. C’était l’un des quatorze points énumérés par celui-ci dans un célèbre discours devant le sénat américain en ( 8 Janvier 1918), proposition pour la résolution pacifique de la première guerre mondiale. Ce principe a été inscrit ensuite dans la « Charte des Nations unies » en 1945. Il est vrai qu’à l’époque il s’agissait pour les USA de démembrer les empires coloniaux de l’Angleterre et de la France, entraves à leur propre expansionnisme.
Cette volonté des Républiques du Donbass d’échapper au pouvoir politique central, pouvait être négocié, les Républiques restant dans l’unité territoriale de l’Ukraine avec un statut spécial d’indépendance ou d’autonomie. C’est cette perspective que donnèrent à entrevoir les « accords de Minsk ».(2)
23 Février 2023. P.S.
Notes:
1 - Crimée : Je voulais mettre en citation ici un extrait de la fiche Wikipédia sur le sujet dont j’avais sélectionné et enregistré l’extrait depuis plusieurs. Or, au moment où je m’apprêtais à le publier celui-ci s’est effacé. Retourné à la fiche mère j’ai constaté que la rédaction en avait été modifiée, donc quasiment sous mes yeux. Devinez en la cause ? Je l’ai donc remplacé par un extrait re-rédigé, d’un article du Monde.
Le 15 mars 2014, le journal « Le Monde » écrivait en effet à peu près ceci : que Nikita Khrouchtchev en 1954 avait fait cadeau de la Crimée à l’Ukraine par l’effet d’un simple décret. ; Selon la Pravda d’alors 1( minutes de débat avait suffit au Comité Central du PCUS pour ratifier la décision. ; Cette cession surprenante mais était en vérité symbolique ; L’Ukraine en effet en ce temps était une RSS composante de l’URSS. Ça n’est donc qu’en 1991 , lors de la dislocation de l’URSS que les conséquences de cette cession se révèlent. : La péninsule de Crimée se retrouve liée à l’Ukraine indépendante avec laquelle elle a peu ou pas d’Histoire commune.
Si vous souhaitez authentifier mon propos, sous le titre « D'un simple décret, Khrouchtchev fit don de la Crimée à l'Ukraine en 1954 » « Vous pouvez chercher vous-même les termes exacts de cet extrait d’article que j’ai modifié pour échapper aux risques encourus du fait de l’interdiction de reproduire tout ou partie d’un article de ce Journal. Ce qui constitue une entrave grave (une de plus) à la liberté d’expression et au travail des journalistes chercheurs et écrivains.
2 - Les 11 points des accords de Minsk.
1. Assurer un cessez-le-feu bilatéral immédiat ;
2. Assurer la surveillance et la vérification du cessez-le-feu par l'OSCE ;
3. Organiser une décentralisation des pouvoirs, par la mise en application d'une loi ukrainienne (loi sur le statut particulier), accordant de manière temporaire l'autonomie locale dans les oblasts de Donetsk et de Lougansk ;
4. Assurer une surveillance permanente de la frontière russo-ukrainienne par l'OSCE et instaurer une zone de sécurité à cette même frontière ;
5. Libérer immédiatement tous les otages et les personnes retenues illégalement ;
6. Adopter une loi ukrainienne visant à interdire les poursuites et les sanctions contre toutes les personnes impliquées dans la guerre du Donbass ;
7. Poursuivre un dialogue national entre les parties ;
8. Mettre en œuvre des mesures afin d'améliorer la situation humanitaire dans le Donbass ;
9. Procéder à des élections anticipées dans les oblasts de Donetsk et de Lougansk ;
10. Procéder au retrait du territoire ukrainien des formations armées et du matériel militaire illicites, ainsi que des combattants irréguliers et des mercenaires ;
11. Mettre en place un programme économique pour favoriser la reprise des activités et de l'économie locale dans le Donbass ;
12. Assurer la protection personnelle des participants aux consultations.