• bouton partage

  • LA RUÉE SUR LE CAVIAR (Les boutiques Fachon et Patrossian dévalisées)

    LA RUÉE SUR LE CAVIAR

    (Les boutiques Fachon et Patrossian dévalisées)

    Les pauvres sont "paranos" c’est un constat qu’ont fait tous les psychanalystes. Ils croient être les seules victimes des crises, les seuls à souffrir des guerres. Voyez-les qui s’agitent au prétexte qu’ils ne pourront pas se chauffer cet hiver faute à l’explosion des prix de l’énergie. Mais les riches n’ont-ils pas aussi leurs ennuis et leurs souffrances ? Songez que les privations sont à ces derniers, qui n’en ont pas l’habitude, bien plus douloureuses et dommageables qu’elles sont aux misérables rompus à les endurer. Or, il paraitrait que "le gros méchant Poutine" menace à présent les classes opulentes d’Occident d’un embargo sur le caviar : « Eh les « gavés », aurait-il déclaré goguenard, vous allez faire tintin ! Pas de caviar à Noël ! »

    Alors les plus prévoyants des opulents se sont rué hier dans les boutiques parisiennes spécialisées dans l’alimentation pour riches. Je me suis laissé dire qu’il y avait ce samedi matin une foultitude de Rolls avec chauffeurs en « livrée » place de la Madeleine. Les pauvres des banlieues et des provinces qui font des provisions de spaghettis et de « papier-cul », seraient mal venus de faire grief aux « bourges » du faubourg Saint Honoré de se pourvoir en œufs d’esturgeons ?

    Madame la Ministre de l’Alimentation s’est voulu rassurante. Elle a affirmé que ses amis des 16ème et 8ème arrondissement ne seraient pas réduits à la disette. Qu’il n’y avait pas lieu de s’affoler. Qu’à l’annonce d’un possible embargo sur le caviar la Présidence, avait demandé au maitre Américain une levée partielle des sanctions qui pèsent sur l’Iran afin de pouvoir acheter à ce pays producteur, autant d’or noir que nécessaire, et programmé (avec l’autorisation expresse des USA) un voyage de Manu au pays des Ayatollahs.

    Certaines mauvaises langues ont déjà persifflé que la diplomatie française avait en la circonstance « mangé son chapeau ». Ce n’est pas en vérité la première fois, et gageons que ça ne sera pas la dernière.

    Un sombre petit attaché d’Ambassade inconnu du public, nommé Henri Katreu, aurait à cette occasion lâché la saillie que voici qui pourrait bien lui valoir les faveurs de la postérité: « Du Beluga de la mer Caspienne vaut bien un chapeau ! »

    Et le Gaz ! hurlent les pauvres.



    Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr ». Dimanche 4 septembre 2022.
  • bouton partage