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  • C’EST QUOI L’EVENEMENT

    C’EST QUOI L’EVENEMENT ?

    Cela ne fait aucun doute, la « Macronnie » a pris une « dégelée » électorale ; C’est un « non évènement. Elle a pris en différé, lors des législatives la « dérouillée » qu’aurait dû essuyer son gourou aux présidentielles, si certains petits malins ne s’étaient avisés de lui sauver la mise.

    Mais il ne faut pas s’y tromper. Il s’est agit d’une humiliation, pas d’une défaite. Ses capacités à gouverner et à nuire restent entières.

    L’évènement ce n’est donc pas l’effondrement du groupe parlementaire LREM, devenu « Ensemble ». Cela était attendu voire même inévitable. Non pas même du simple point de vue du désaveu populaire de la politique de Macron, mais du fait que l’hypertrophie de ce groupe en 2017 était une « erreur de l’Histoire que l’Histoire ne pouvait pas reproduire ».

    L’évènement ce n’est pas non plus le succès électoral de la coalition « Nupes ». Celui-ci étant corollaire de l’effondrement de LREM. La nature c’est bien connu a horreur du vide. Il fallait bien que ce qui serait perdu par « la majorité présidentielle » se retrouve quelque part.

    L’évènement ce n’est également pas la perte de la « majorité absolue (289 sièges) par le parti présidentiel. Jean-luc Mélenchon s’abuse lui-même et abuse son auditoire lorsqu’il affirme : « et aucune majorité ne fait présence ». Nous l’avions annoncé « Quand bien même au final la « Nupes » réaliserai l’objectif (elle ne l’a pas atteint seule) de priver « Ensemble » de la « majorité absolue » à l’Assemblée Nationale, avec les renforts des députés LR et UDI, Macron n’en aurait pas moins une « majorité présidentielle » tout à fait fiable et les moyens de gouverner à sa guise. » (« Le souhait de gagner n’interdit pas la vérité » 16 juin 2022).

    C’est exactement ce qui s’est produit 245 députés pour « Ensemble », 61 pour L.R., cela fait déjà 306, à quoi il faut ajouter au moins 3 UDI et Divers droites ou autres « étiquetés sans étiquette ». Certes une majorité étroite mais qui dans le passé récent a fait preuve de son obstination dans la servitude.

    Au demeurant je comprends mal cette obstination à nous expliquer les difficultés qu’aurait à gouverner avec une « majorité relative » au parlement un homme qui depuis trois ans gouverne seul en se contrefichant royalement du parlement.

    L’évènement ce ne sera donc pas non plus la nomination de Monsieur Mélenchon au poste de premier Ministre. Il n’y aura pas de « cohabitation » du deuxième type. La « Nupes » qui se gausse de son « immense succès », avec 131 sièges pour 245 à « Ensemble », reste en vérité loin derrière la coalition présidentielle et si le Président devait nommer un premier ministre du parti arrivé en tête il aura l’heur de le choisir parmi ses fidèles serviteurs.

    L’évènement ce ne sera pas non plus la mise en œuvre du programme de Mélenchon au lieu et place de celui de Macron. Ils ont pris en avril, l’immense responsabilité de faire réélire Emmanuel Macron. Comptaient-ils se « racheter » en nous faisant croire que le Président allait se consacrer à Présider et déposer des gerbes sur la tombe du soldat inconnu et que c’est le Premier ministre qui gouvernerait ? Comptaient-ils se faire pardonner en faisant espérer que la géhenne annoncée du peuple durant toute la durée d’un nouveau quinquennat n’aurait pas lieu car ce serait le doux programme de monsieur Mélenchon qui serait appliqué ? Eh bien ça y est, c’est déjà fini, on en revient aux réalités ; Le psychopathe peut continuer de sévir et seul le peuple insurgé peut encore faire cesser son œuvre criminelle.

    L’évènement, ce ne sera pas même la constitution d’un groupe parlementaire « Nupes ». Le parti socialiste, le Parti communiste et EELV c’est-à-dire toutes les autres composantes de la « NUPES » à l’exception de LFI ont déjà opposé « une fin de non-recevoir » à la proposition de Jean-Luc Mélenchon de faire un « groupe commun NUPES à l’Assemblée Nationale ». Cela confirme « Un simple objectif électoral. De la politique politicienne au sens le plus abject du terme », ainsi que nous l’avions caractérisé la « NUPES », (« Union populaire, c’est quoi ce machin » 10 mai 2022) Socialistes, communistes et verts ont déjà dit vouloir constituer leur propre groupe. Ils redoutent d’être lié par une discipline d’opposition. Ils veulent garder les mains libres pour se livrer à certaines compromissions avec le pouvoir. Pas même un peu de décence, pas même un minimum de respect pour leurs électeurs.

    Au demeurant, monsieur Mélenchon qui se gargarise de son succès. « La déroute du parti présidentiel est totale » n’a pas la décence non plus de reconnaitre la part du R.N. tout aussi significative que celle de LFI dans ce camouflet infligé au pouvoir exécutif.

    « L’é », ou plutôt « les » évènements majeurs de ces élections législatives, ce sont en effet l’abstention et le succès de RN. Et ces deux évènement s’appuis et se complètent pour dire à peu près la même chose :
    Les succès de la « Nupes » et du R.N. ne sont pas fondés sur une remobilisation de l’électorat, au contraire, c’est ce que confirme le taux d’abstention record de ce scrutin. Ces succès, confinés sur un électorat resserré n’existent que par le délitement de l’électorat macronniste.

    Toute la « communication » tournait ses dernières semaines sur le succès annoncé de la NUPES » et le danger pour l’exécutif de perdre la majorité absolue au parlement. Était-ce pour mieux faire l’impasse sur ces autres évènement majeurs, bien plus importants et lourds de sens politique que sont le record d’abstention et l’énorme succès électoral du R.N.?

    Oui, car Ce succès du RN ; auquel est totalement défavorable le système électoral est bien plus significatif que celui de LFI et doit interpeler bien d’avantage les analystes politiques. Je dois l’avouer. Je ne l’ai moi-même pas vu venir. Il relève pourtant de cette réflexion de fond que je faisais « Parce qu’elle n’a pas voulu prendre le risque d’une victoire électorale de madame Le Pen, « la gauche » a pris celui d’une montée en puissance encore plus grande, et même d’une radicalisation, du RN (ou de l’extrême droite en général) nourrit par la rancœur, la désespérance et la colère populaire. ». (« UN DIMANCHE NOIR » - Lundi 25 avril 2022). Mais je n’attendais pas cette réaction sitôt, pas sous cette forme.

    Le délitement électoral de la macronnie lors de ces élections législatives ne fait que souligner encore le rejet populaire majoritaire. Cela ne fait que rendre plus épineuse la question de comment cet homme a-t-il pu être réélu. Or voilà que les mêmes qui ont apporté leur concours à sa réélection appellent à présent à se serrer autour d’eux pour faire échec à la politique de Macron. Alors les électeurs floués aux présidentielles ont voulus prendre leur revanche aux législatives. Élire des hommes et femmes du seul parti qui n’a jamais varié dans son opposition, qui n’ont jamais, directement ou indirectement, appelé à voter Macron. Ils ont voulu marquer leur défiance à ceux qui se déclarant la seule vraie opposition n’en ont pourtant pas moins ouvert la voie à la réélection du satrape.

    Et l’abstention relève de la même défiance à l’égard du système et du monde politique. Plus que jamais, ce que disent ses élections, c’est que le mot d’ordre « virez-les tous », reste d’actualité. Mais elle signale un danger. C’est que le mouvement populaire qui réalisera cet ordre du jour soit emporté par la seule droite radicale et en divorce total avec à la gauche sociale et politique.

    Voilà un sujet qui mérite mure réflexion. C’est trop facile d’injurier le peuple « populiste » ; c’est plus difficile il est vrai de s’interroger sur sa propre part de responsabilité.


    Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr » Lundi 20 juin 2022.
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