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  • LE SOUHAIT DE GAGNER N’INTERDIT PAS LA VÉRITÉ

    LE SOUHAIT DE GAGNER N’INTERDIT PAS LA VÉRITÉ


    Lorsque l’on est dans une optique partisane, on a tendance à se raconter des histoires, à s’enthousiasmer, à disposer de la réalité, non à l’aune des faits mais à celle de ses illusions.
    L’analyse objective des réalités appelle le calme et la maitrise de soi. Tentons de faire la juste part des choses.

    Le score de la « NUPES » au premier tour de ces législatives 2022, 25,7 % est à quelques voies près le même que celui « d’Ensemble » la coalition de la majorité (?) présidentielle. En conséquence de quoi les « nupesistes » crient à la victoire. « Le parti présidentiel est battu et défait » Lançait le 12 juin un Mélenchon, dithyrambique comme il sait l’être. Mais les choses ne méritent elles pas d’être « nuancées », je dirai même recadrées ?

    1) La majorité qu’il est question de réaliser ici n’est pas celle du suffrage, mais celle de l’Assemblée Nationale, c’est-à-dire celle du nombre des députés élus. Le score en voies ne présage que partiellement du score en élus. Les alliances, reports de voix, arcanes du découpage électoral en décident plus sûrement.

    2) La « NUPES » est une coalition électorale qui comprend LFI, Le PS, Le PCF, EELV. Cela a eu un avantage, celui de donner « du courage » à son électorat. Mais cela à revers présente un inconvénient : hormis les votes d’éventuels électeurs transfuges (du RN par exemple), elle n’a guère de réserve de voix que celles de « divers extrême gauche » 266 371, Parti radical de gauche » 126 707, et « divers gauches » 713 641. Soit un potentiel fort théorique de 1 108 719. Cependant « Ensemble », avec le même score de premier tour peut compter au second sur les reports de voix des « divers centres » 283 613, « UDI » 198 055, « LR » 2 370 811, « divers droites » 530 775, pour un total de 3 383 254 voix, soit un avantage potentiel sur la « Nupes » de plus de 2 millions de voix

    3)Mais il y a plus. Le score du premier tour 25,7 % est un arbre qui cache la forêt de la vérité. Aux Présidentielles Mélenchon recueillait 7 712 520 voix, les autres candidats des autres composantes de l’actuelle Nupes : Jadot 1 627 853, Roussel 802 422, Hidalgo 616 478, soit un total de 11 225 27. Or aux législatives la « Nupes » recueille : 5 836 202 seulement. Si on y ajoute les divers extrême gauche, le parti radical de gauche et les divers gauches dont on peut supputer que la plupart des électeurs se porteront au deuxième tour sur les candidats de la « Nupes », cela fait 6 942 921. C’est dire qu’elle n’a mobilisé que très partiellement son électorat théoriquement acquit.

    Alors me direz-vous bien sûr, il en va de même du camp présidentiel : « Ensemble » 5 857 561, LR 2 370 814, Divers droite 530 775, Divers centre 283 613, UDI 198 O55, soit un total de 9 249 815, quant à la Présidentielle Macron 9 783 058 et Pécresse 1679 001 rassemblaient 11 462 059 voix. Eux aussi n’ont mobilisé leur électorat que partiellement. Mais cela tout de même fait un différentiel de presque 2 millions de voix à l’avantage du camp présidentiel. Vous en conclurez peut-être que cela tient à la nature des deux élections si différentes. Or cet argument ne tient pas la route.

    4) Cela tient en effet surtout au niveau de l’abstention, et l’on peut tenter d’annuler la question en prétextant qu’elle est traditionnellement plus forte lors des élections législatives qu’aux présidentielles. Sauf que là c’est un record historique qui a été battu. Le plus fort taux d’abstention de toute l’histoire de la 5ème république. Et la seule preuve que ce fait administre c’est que l’apparition de la « NUPES » dans le paysage électoral n’a pas véritablement enthousiasmé le corps électoral. Celui-ci est resté pour le moins dubitatif.

    5) Enfin et pour conclure il serait bon d’être modeste et prudent sur l’interprétation du contexte politique. Quand bien même au final la « Nupes » réaliserai son objectif de priver « Ensemble » de la « majorité absolue » à l’Assemblée Nationale, avec les renforts des députés LR et UDI, Macron n’en aurait pas moins une « majorité présidentielle » tout à fait fiable et les moyens de gouverner à sa guise. Mais surtout, surtout, que l’on s’abstienne, même en ce cas, de crier à « une grande victoire « de la Gauche ». Pareille victoire ne se fonderait que sur un déni de démocratie. Il n’y a vraiment pas de quoi parader quand les partis de droite et (d’extrême) droite réunissent les deux tiers du corps électoral français et la « gauche » (le PS est-il à gauche ?) seulement le tiers restant.


    Patrick Seignon. Lavoiedessansvoix.fr ». Jeudi 16 juin 2022.
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