« L.F.I. » ? Pas vraiment un parti. Plutôt un mouvement « électoral » autour de son champion, un tribun, qui ne manque pas de charisme et de quelques propositions séduisantes. Un grand nombre de ceux qui voulaient se débarrasser de Macron ont voté pour lui espérant qu’il serait le « challenger » et que l’on éviterait ainsi de tomber à nouveau dans le piège du face-à-face « Macron/Le Pen ». Mais ce fut raté. Bien que pour peu de chose Jean-Luc Mélenchon n'arriva qu’en troisième position et le « piège à cons » se referma à nouveau sur le corps électoral Français ainsi « sommé » de reconduire pour cinq ans le président le plus honni de toute l’Histoire républicaine de la France.
Un grand nombre des électeurs de JLM voulaient, nous l’avons dit, avant toute chose se débarrasser de Macron. Avec ceux qui avaient voté Le Pen, Zemmour, Dupont Aignan, et même Poutou et Roussel, ils constituaient tous ensembles une majorité écrasante de plus de deux tiers de l’électorat français qui voulait pour de bon sortir le « sortant ». L’espérance flirtait avec la réalité.
Mais l’espérance populaire a été foulé aux pieds. En diabolisant le vote « Le Pen » Jean-Luc Mélenchon, a, qu’il l’assume ou non, donné le feu vert à la réélection de Macron. Il a d’une certaine manière appelé le peuple a reconduire l’ennemi du peuple. Nous avions dès lors en effet deux candidats et dire dans ces circonstances que l’élection de « l’une » était (impossible, inacceptable) revenait nécessairement à dire que l’on devait élire l’autre. Toutes les finasseries langagières, toutes les « langues de bois » politiciennes ne parviendrons jamais à nier cette évidence.
(La seule justification éventuellement recevable est que l’on jugeait que l’une était plus dangereuse que l’autre. Ce dont tout le monde est loin d’être convaincu et qui risque de s’avérer insoutenable à la lecture de l’histoire.)
D’ailleurs, qui cherche véritablement à la nier ? A peine battu Jean-Luc Mélenchon, en « Marie-Madeleine » de la 5ème République, paraissait vouloir offrir ses charmes au vainqueur : « ELISEZ MOI PREMIER MINISTRE ! » clama-t-il. Alors, nous avons bien entendu ses soutiens nous expliquer qu’il s’agissait d’un coup de « com » en vue des élections législatives. Drôle de coup de com, nous étonnerons-nous, que cette manière de « tacler » le peuple médusé en disant « tra-la-la, je veux bien, moi, devenir le premier larbin du Néron que tu hais ». En voulant mobiliser son électorat acquis, Jean-Luc Mélenchon n’a-t-il pas pris le risque de s’aliéner une grande partie de ses électeurs potentiels ? C’est pourquoi nous doutons qu’il s’agisse seulement de « com » et inclinons plutôt à croire à une offre de services ; D’autant que celle-ci dès-lors serait en parfaite cohérence avec la prise de position publique du deuxième tour.
Enfin, pour compléter ce tableau peu enthousiasmant, voilà que LFI passe une alliance électorale avec « de bons amis » d’autrefois, ou plus exactement les débris qui en restent, les mêmes qui se sont côtoyés durant quarante ans dans « l’union de la Gauche », « la Gauche plurielle » et maints avatars d’une alliance électorale chaque fois plus insipide. Les mêmes, avec les autres leurs compères et consœurs dits de droite, dont le peuple depuis trois ans rêve de les : « Virer tous ! » et qui sortis en 2017 par la grande porte tentent en 2022 de revenir par « le vasistas des cabinets ».
Qui sont-ils donc « ces alliés de circonstance ? »
Le PS (qui devrait s’appeler PSG « Parti Socialiste Groupusculaire ») qui n’a de socialiste que le nom : usurpé à l’Histoire, qui est en vérité un parti libéral impérialiste/ mondialiste, qui nous a tiré lui-même son Brutus du chapeau et nous l’a collé dans les pattes, qui a cautionné la dictature sanitaire et s’est fait le chantre de la vaccination obligatoire.
Le cadavre en lente décomposition du PCF : Réduit lui aussi, mais depuis plus longtemps, à l’état lamentable de groupuscule électoral après avoir été le premier parti de France, le Parti de la classe ouvrière, la lumière, l’espérance et la fierté du peuple laborieux. Qui en est devenu les ténèbres la désespérance et l’humiliation Qui a perdu tout repère, au point de pouvoir appeler, « sans en rougir » pour autant, les travailleurs à voter pour leurs ennemis de classe déclarés et les plus acharnés.
EELV, caution écologique de toutes les politiques antipopulaires : de toutes les taxes qui écrasent le peuple, « Parti de la nature » (?) qui contraints ses concitoyens à respirer à travers un masque, ne fait pas confiance aux défenses immunitaires naturelles de l’humanité et la livre aux vautours des industries pharmaceutiques et chimiques.
Où donc en est le sens ? C’est quoi la finalité de cette alliance de trois carpes et d’un lapin ? Un simple objectif électoral. De la politique politicienne au sens le plus abject du terme. Tenter d’obtenir lors des prochaines législatives un nombre de députés (honorables), oui mais dans quel but ?
Il y a certes les arguments de vente du produit :
Composer face à Macron une véritable opposition « de gauche » capable de contenir ses ardeurs. La « seule » opposition précisent-ils même parfois pour signifier que l’opposition Le Peniste n’en serait pas une.
Puis le « must » : « élisez moi premier ministre », pour donner à croire que Mélenchon pourrait appliquer « SON » programme sous la présidence DE Macron.
Pour ce qui est « du « Premier ministériat » de Mélenchon, j’ai déjà dit dans un précédent article : « Le grand désastre de la démocratie française » ce qu’à mon sens il convenait d’en penser :
« A l’heure des terribles réformes de Macron, qui nécessiteraient une opposition offensive ce qu’il parait offrir c’est « l’Union Nationale », c’est d’être l’homme qui fera avaler des couleuvres au peuple, l’Alexis Tsipras français, C’est sa disponibilité à se mettre au service des ennemis du peuple. »
« Au demeurant monsieur Mélenchon s’est trompé de pays ou de constitution. Nous ne sommes pas ici « au Royaume-Uni », on n’élit pas le premier-Ministre, c’est le Président de la République qui le nomme. »
Pour ce qui est de l’opposition de gauche « capable », elle se liquéfiera au premier obstacle, à la première difficulté. Qu’elle cohésion voulez-vous qu’il y ait entre des sociaux libéraux et des anti libéraux, entre des qui veulent contrer les projets de Macron et d’autres qui les soutiennent.
Mais il y a avant tout les réalités
Vous avez remarqué surtout qu’il y a un grand absent dans « cette union populaire » et c’est le peuple précisément. Le peuple de la rue, des places et des ronds-points ; Les gilets-jaunes, les antipasses, tous ceux qui depuis trois ans manifestent et s’insurgent et réclament l’expulsion du pouvoir de Mr Macron. Cette « Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale » (NUPES) qui, à une lettre près se serait tout aussi bien appelée (DUPES), n’est en vérité que l’alliance électorale opportuniste de trois objets politiques en perdition : une coquille vide, un cadavre que seuls les vers font encore bouger un peu, et un « OVNI » qui ne sait autour de quel astre tourner.
Le peuple exècre ces partis car ils incarnent la trahison des idéaux et des espérances, la compromission et la soumission. Et ce ne sont pas leurs ultimes manifestations qui sont de nature à les réhabiliter à ses yeux.
L’un nous a produit Macron.
L’autre, après maints éborgnages et mains arrachées, après moults insultes aux français et humiliations des travailleurs privés d’emplois, après foultitude de suicidés et de braves gens précipités dans l’indigence, après légion de vente au privé et à l’étranger, après un déferlement de lois policières et liberticides, après une kyrielle d’attaques contre les services publics et acquis sociaux, appelle à voter pour lui sans états d’âmes. Fabien Roussel n’a pas pris de précaution. Il n’a pas biaisé : « Pas une seule voix pour madame Le Pen » ou « pas une seule voix ni pour Macron ni pour le Pen », il a lui, sans détour, appelé à voter pour le « Satrape ». C’est la seule valeur qu’il faut bien lui reconnaitre, celle de la franchise dans la trahison.
Quant au troisième on lui doit le concept de « transition écologique », en vérité une doctrine malthusienne de récession du niveau de vie des masses pour le plus grand profit du capital.
Conclusion
LFI a-t-elle un programme ? Oui ! Nous ne sommes pas d’accord avec la totalité de celui-ci mais avec une grande partie tout de même. Or, en contractant cette alliance contre nature n’a-t-elle pas en quelque sorte déjà abdiqué ?
C’est comme cela que fonctionne ce que l’on appelle le « crétinisme parlementaire ». C’est comme cela qu’opère l’illusion électoraliste. Pour gagner il faut une majorité. Pour avoir une majorité il faut « s’allier », pour s’allier il faut perdre son âme. Quand on gagne on a déjà trahi ses idéaux. Il faut en quelque sorte « perdre pour gagner. »
Mon intention n’est pas de nuire à « la nouvelle union populaire ». Si véritablement celle-ci cristallise une espérance, qui enfle et se réalise, et participe de la rémission offensive du peuple, je partagerai alors la joie de mes sœurs et frères. Je serais le plus heureux des hommes d’avoir eu tort. Je serais la plus heureuse des Cassandre de m’être si lamentablement « planté ». Avoir tort, c’est mon vœu le plus cher. Mais dire ma vérité et interpréter mon oracle c’est mon devoir le plus nécessaire. Car il se pourrait effectivement que j’ai tort sur le court terme. Que la bienveillance populaire se laisse encore « entourlouper » par cette énième illusion électoraliste. Cela ne changerait rien au moyen et au long terme ; L’illusion électoraliste est un piège, la désillusion est son avenir.
Le salut existe. Il est dans le peuple, le vrai. Il est dans la lutte et dans la rue, Il est dans la mobilisation et dans l’insurrection.
Oui le peuple a besoin d’une « UNION POPULAIRE » mais pas d’une union populaire électorale, il a besoin d’une union populaire insurrectionnelle qui renverse la table, vire toute cette engeance politicarde, établisse de véritables assemblées populaires à tous les degrés de la société dans tout le pays et élise une Assemblée constituante qui le dotera d’une nouvelle République « du peuple par le peuple ».
Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr ». Mardi 10 mai 2022.(Publié le 18 mai)
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