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    PLOUF






    Emmanuel Macron que certains ont voulu présenter comme un « grand communiquant » n’a jamais cessé depuis qu’il est apparu dans le paysage politique, d’enchainer les maladresses langagières et les« bourdes oratoires. »

    Crise sanitaire oblige, il s’efforce de paraitre sérieux et respectueux d’autrui. Il convoque toutes ses capacités de « self contrôle » et d’auto censure. Il ne s’en loupe pas moins. Le voilà qui affiche une mine contrite afin de masquer sa face méprisante, or le naturel affleure dans son propos sans qu’il puisse rien maitriser, sans même qu’il s’en rendre compte.

    En ce premier Mai 2020 il voulait saisir l’occasion de délivrer un message élogieux à l’adresse du monde du travail. Il a bien besoin de caresser les travailleurs dans le sens du poil juste avant de leur infliger la pire régression de l’Histoire sociale. Mais même en cette circonstance le mépris suinte de ses paroles et empeste son propos.

    «C'est grâce au travail que la nation tient»

    Exactement le genre de propos mielleux et flatteurs que les maitres « faux-culs » adressent à leurs domestiques avec une tape sur l’épaule « Bonjour mon brave » et une poignée de main « Vous avez fait du bon travail, continuez comme ça ».

    C’est grâce au travail que la Nation tient ? Flatterie ou mépris ? La Nation ne tient pas seulement, ELLE EXISTE grâce au travail, et les gros porcs qui s’engraissent et amassent des fortunes colossales grâce à ce qu’ils nomment « le travail de l’argent » « crèveraient la gueule ouverte si l’on s’arrêtait de trimer ». Et Macron le banquier n’aurait pas même de place sur cette terre.

    Le mépris sue à chaque détour de phrase dans ce court message. «Aujourd'hui, pas de rassemblement dans nos villes pour fêter, comme nous le faisions depuis tant d'années » Comme NOUS le faisons. De qui se moque-t-il ? Macron se range dans le rang des travailleurs ? Nous n’avons jamais manifesté ni même gardé les cochons ensemble monsieur. Il est arrivé plus souvent que lorsque nous avons manifesté vous nous ayez insulté ou envoyé vos forces répressives.

    « Il indique «avoir une pensée en ce jour pour les organisations syndicales qui ne peuvent tenir les traditionnels défilés, avoir une pensée pour les travailleuses, les travailleurs de notre pays». Il a donc une pensée pour les syndicats et les travailleurs en ce premier Mai où ils ne peuvent manifester. Mais n’a-t-il pas eu une pensée semblable le 1er mai 2019 quand par le déploiement gigantesque de force de police il a interdit la convergence des manifestants sur Paris afin de limiter l’impact de la manifestation cette année-là ? Une pensée, merci, mais de quel genre ?

    «Et pourtant, l'esprit du 1er mai, cet esprit de solidarité entre les travailleurs, n'a peut-être jamais été aussi puissant, aussi vivant". Certes la solidarité est un sentiment fort qui nourrit l’esprit du monde du travail, mais ce n’est pas tout ; La solidarité nait de la souffrance et surtout des luttes partagées. Or dans tout le message pas la moindre allusion aux luttes fondatrices. Que serait-ce sans elle « la solidarité » sinon le partage des pleurs et des lamentations, « la simple fraternité chrétienne » ? La solidarité du monde du travail n’est pas le seul produit « du subit’, c’est un concept noble et fier le ciment unificateur « du vouloir » forgé au feu des luttes partagées et des répressions ; L’isoler de ce contexte est aussi une forme de mépris.

    « Emmanuel Macron souligne que c'est grâce «au travail, au dévouement de nos soignants, des personnels de la protection civile, des forces de l'ordre, des Armées, que nous sauvons chaque jour tant de vies»." Mais il omet de dire que c’est à cause de l’incurie des gouvernements successifs dont le sien, de, l’impéritie, du système capitaliste ultra libéral dont il est le chantre et le défenseur des valeurs » de « profit » de compétitivité » de « marchandisation » que nous avons tant de morts. Or, passer de la pommade à ceux qui triment et prennent des risques sans vouloir admettre ses fautes, c’est encore une autre forme de « je-m’en-foutisme »et de mépris.

    «Privés des rituels de cette journée, nous en éprouvons aujourd'hui toute la valeur, tout le sens." Rituels » Macron ne sait pas de quoi il parle. Il n’est pas là l’invité d’honneur du diner annuel du « C.R.I.F. », on n’est pas dans « le religieux » Les travailleurs qui manifestent les premiers mai ne vont pas à « un pardon ». Les premiers mai sont des Rendez-vous de luttes et l’occasion de manifester le caractère international des luttes ouvrières. Quand à en éprouver « toute la valeur et le sens » chacun a bien compris que c’est archi faux car cette valeur et ce sens sont d’évidence inaccessible au banquier, qui occulte l’esprit de lutte et de transformation sociale fondateurs de cette manifestation.

    "Avec cette volonté forte: retrouver dès que possible les 1er mai joyeux, chamailleurs parfois qui font notre Nation».

    « Joyeux » pourquoi pas ? La lutte sociale n’est-elle pas la fête des opprimés ? Mais « chamailleurs », nous ne sommes pas au village d’Astérix et quoique en disent parfois Macron les Français ne peuvent être réduits à la définition de Gaulois réfractaires. On, se dresse fièrement, on se bat obstinément pour des salaires des conditions de travail meilleurs, pour notre sécurité et notre dignité, et Macron ne voit dans ces combats « que des chamailleries » Encore une fois cela démontre en qu’elle mésestime il tient les travailleurs qui s’insurgent. Encore une fois ce qu’il conçoit comme des paroles d’apaisement se révèlent être fort désobligeants. Il y a au demeurant dans l’usage de ce mot de « chamaillerie » quelque chose de « paternaliste et d’infantilisant ».

    Macron une fois de plus eut mieux fait de se taire. « En ce premier Mai 2020 » avons-nous remarqué, « Il a bien besoin de caresser les travailleurs dans le sens du poil juste avant de leur infliger les pires régressions de l’Histoire sociale ; » Il tente un éloge du travail. Les oisifs et les « maitre » en effets ont un besoin vital du travail d’autrui. Mais il ne parvient pas même à s’élever au-dessus de l’esprit de Vichy : « Travail , Famille, Patrie ; » Vichy non plus n’avait rien contre le travail ni les gentils travailleurs et « leurs rituels joyeux » il leur inventa même « la fête du travail » en échange de « la journée internationale de lutte », et le premier mai férié chômé »

    Non le premier mai n’est pas la fête du travail. Le travail est une aliénation, ce n’est pas une fête. Le premier Mai est une date de commémoration de toutes les luttes ouvrières internationales, c’est une journée internationale de luttes et de mobilisations et c’est en ce sens qu’il peut éventuellement prendre tout de même une dimension « festive » si l’on admet que la lutte émancipatrice « est la fête des opprimés ».

    «Mes chers compatriotes, nous les retrouverons, ces 1er mai heureux !» conclu-t-il.

    Bien sûr « Manu » que nous les retrouverons. Sans toi, ou mieux encore « contre toi » et tes satanées réformes, ordonnances et 49/3. Et sais-tu même ce qui serait vraiment joyeux et ferait du premier mai 2021 un des plus festif de l’histoire des luttes sociales en France ? Ce serait si tu débarrassais le plancher, si comme Ben-Ali ou Moubarak tu avais enfin disparu les allées du pouvoir.



    Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr ». Vendredi 1er mai 2020.
    https://lavoiedessansvoix.fr/forum/c...php/1279-PLOUF
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