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  • REFERENDUM ? LA PEAU DE CHAGRIN DU CRÉTINISME DÉMOCRATIQUE. LISEZ CET ARTICLE, UNE SURPRISE VOUS ATTEND.

    REFERENDUM ?
    LA PEAU DE CHAGRIN DU CRÉTINISME DÉMOCRATIQUE.
    LISEZ CET ARTICLE, UNE SURPRISE VOUS ATTEND
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    Jean-Luc Mélanchon et Cécile Duflot, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et d’autre, se sont prononcés pour l’organisation d’un référendum d’initiative populaire sur la réforme des retraites.

    De prime abord, l’idée parait aguichante, en effet, et sans grand secret quant au résultat, si on en juge par l’opposition massive que les Français font connaitre au projet du gouvernement, tant dans les manifestations que dans les sondages. Le 23 septembre, l’hebdomadaire « Marianne » posait la question : « . et si le référendum était la meilleure des armes ? » Or, cette proposition, d’apparence anodine et bonne enfant, ainsi parée des atours les plus séduisants de « la démocratie », constitue en vérité une agression innommable contre les droits élémentaires du travail. Oui, le référendum est la meilleure des armes, mais contre la mobilisation populaire et contre le mouvement social.

    Alors que l’action collective (syndicale, gréviste,) a pour fondement de lutter contre la dispersion individuelle des travailleurs face à la puissance du capital, le recours à la démocratie élective a pour conséquence de dénouer ce lien social, et de ramener le monde du travail à la case départ, celle de l’atomisation originelle. Dans le processus électif, les salariés ne sont plus une force collective organisée, consciente de ses droits et mobilisée pour leur défense, mais un agglomérat d’électeurs isolés.

    Ce qui, au demeurant, justifie le syndicalisme et l’organisation collective du monde du travail, c’est la conscience qu’il existe dans la vie économique des intérêts dissemblables, voire même contradictoires, entre capital et travail. *. Le recours à la voie élective a pour conséquence de gommer cette conscience en lui substituant l’illusion démocratique : « nous sommes tous de simples « électeurs », dans les isoloirs de la République, patrons et ouvriers nous sommes tous des citoyens, égaux en droits (un homme une voix), nous sommes tous des « frères » chrétiens, comme dans la conception du syndicalisme de même obédience. »

    La démocratie (nous voulons ici parler du concept non de la démocratie réelle qui se pratique dans notre cinquième République qui n’en est qu’un ersatz), est une chose trop sérieuse pour qu’on la dénature. Elle n’est pas tout entière contenue dans la pratique du suffrage universel. La règle majoritaire qui est certes incontournable en matière de décision politique (collective) est la règle nécessaire de fonctionnement des démocraties électives, c’est l’outil indispensable de « l’exécutif ». Mais suffrage universel et règle majoritaire ne résument pas encore à eux deux l’essence de la démocratie. La démocratie, c’est tout autant le respect des droits des minorités. (Sans quoi, la règle majoritaire n’est plus une règle démocratique, mais le voile populiste d’une certaine forme de dictature). Quand dans certaines consultations locales non officielles, à propos de l’ouverture des commerces le dimanche, les mêmes personnes consultées répondent majoritairement qu’elles sont pour, et tout aussi majoritairement qu’elles ne sont personnellement pas d’accord pour travailler le dimanche, on voit ressurgir la contradiction fondamentale et l’on pointe du doigt toute l’absurdité de cette démarche élective. On a vu, dans de récents « référendums d’entreprise » à quelles dérives et à quelle nocivité, cela conduit. Transposée dans la gestion des rapports sociaux fondamentaux, qui mettent en jeux des intérêts contradictoires inconciliables, la démarche élective devient « illusion » ou plus grave « crétinisme démocratique. »

    Ceux qui militent pour l’organisation d’un référendum sur les retraites ont-ils songé que cette approche de la gestion des rapports sociaux du travail est potentiellement destructrice des fondements de ce qu’ils appellent « le partenariat social » piliers fondamentaux de la modération sociale à laquelle ils paraissent pourtant tellement attachés ?
    Des grèves reconductibles sont annoncées, à partir du 12 octobre, dans un grand nombre de secteurs. Que ce mouvement se généralise et se renforce, voilà quelle est la bonne voie. Par leur mobilisation, par la prise en main, eux-mêmes, de leur propre destin, les salariés, les travailleurs, renoueront avec la conscience de leur existence en tant que « groupe » social, de leur destin commun, de leur force collective. Et cette résurrection du mouvement est bien plus importante pour la suite de la résistance sociale nécessaire que toutes les finasseries électorales des cénacles politiques.

    Certains se sont peut-être fourvoyés dans cette initiative, sans avoir pris toute la mesure de la chose. Il est encore temps pour eux de se raviser. Il n’y a pas de honte à faire une erreur lorsqu’on la reconnait humblement et corrige sa trajectoire. Quant aux autres, à ceux qui s’obstineront dans cette direction, il nous faut poser la question : n’est-ce pas précisément cela qui tracasse nos énarques, de droites et de gauches, la crainte, à cette occasion, de voir, tel le Phénix qui renaît de ses cendres, ressurgir le mouvement social, avec sa puissance propre, et sa radicalité, pas facile à canaliser. N’est-ce pas la raison pour laquelle ils voudraient le voir lâcher la proie pour l’ombre ? N’est-ce pas la raison de cette proposition saugrenue de référendum : substituer à la puissance mobilisée des forces vives du pays, la peau de chagrin du crétinisme démocratique ?

    Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr » 7 octobre 2010


    Surprise ? 7 octobre 2010. Elle est là la surprise. Vous avez bien lu ! Cet article a véritablement été écrit et publié il y a 10 ans. Il n’a pas pris une ride. Et si certains, les mêmes vous le constatez, réitèrent les mêmes absurdités, la réponse à leur faire n’a pas changé. Je n’ai aucun besoin d’écrire en 2020 un article pour répondre aux Mélenchons, ………., et ………… d’aujourd’hui. La réponse leur a déjà été faite il y a dix ans et elle n’a rien perdu de sa force ni de sa vérité.
    P.S.

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