Samedi 12 novembre 2011.

Nous avons vu : « Allemagne 1918 »
(Diffusé sur ARTE vendredi soir 11 novembre 2011)

L’œuvre était annoncée comme étant d’une grande rigueur historique. Ce n’était pas totalement le cas. Elle présente les négociations de l’armistice engagées et la participation des sociaux-démocrates du SPD au gouvernement, comme des faits antérieurs au déclenchement de la révolution de novembre. Mais le bouillonnement révolutionnaire qui allait aboutir à novembre, avait en vérité commencé avec de grandes grèves, dès janvier 1918, les fraternisations sur les fronts et les désertions de masse. Paradoxalement, ce qu’occulte totalement le téléfilm, tourné vers le front Ouest, Compiègne et Versailles, c’est tout ce qui se passe à l’Est, qui pour la lecture des évènements est pourtant d’une importance capitale. Sauf à baptiser la ligue spartakiste et les révolutionnaires de « Bolchéviks », c’est précisément la révolution « bolchévique » russe qui est occultée. Pas un mot non plus de la paix séparée de Brest-Litovsk, signée avec le tout nouveau régime soviétique. Ces évènements ont eu pourtant un impact considérable sur la situation intérieure allemande et la précipitation de la mobilisation révolutionnaire.

Autre défaut du film, il parle des souffrances du peuple et de la révolution, mais il en parle plus qu’il ne les montre. Le récit se passe dans les cercles du pouvoir pour l’essentiel, entre les salons allemands et ceux de Versailles. La révolution le peuple, la rue n’y sont présents qu’en toile de fond, un peu comme une chronique de presse.

Enfin, si le rôle des sociaux-démocrates dans la répression contre révolutionnaire est effectivement assez largement traité, le film n’en souffre pas moins de deux manques. Le premier consiste dans l’absence de clarté concernant la répression de Kiel, au début du processus révolutionnaire. La responsabilité de Noske et du gouvernement Ebert dans celle-ci fut patente, c'est de ce temps que date l"enrôlement des « freikorps » dans la lutte contre révolutionnaire. Et, c’est là le deuxième manque, il n’apparait à aucun moment clairement, que Gustav Noske, le « social-démocrate » fut en personne le recruteur de ces fameux « Corps francs », pour cette tâche spécifique.

Petit retour sur « Apocalypse Hitler ».

Cela nous donne l’occasion d’un petit retour sur « Apocalypse Hitler » de Mathieu Kassovitz, diffusée aussi sur ARTE il y a peu de temps, et que nous avions commentée (article du 27 octobre : « Apocalypse Hitler » une œuvre de falsification de l’Histoire.).Or nous nous étions abstenus précisément, afin de ne pas surcharger notre propos, de polémiquer sur ce point d’histoire. On se souviendra, qu’il est, quelque part dans le commentaire, reproché aux communistes allemands, « obéissants à Staline » et au cours sectaire d’alors de l’internationale communiste : « classe contre classe » de n’avoir pas voulu d’un front unique ouvrier avec les sociaux-démocrates (qu’ils qualifiaient de « sociaux fascistes), portant ainsi une large part de responsabilité dans l’avènement de l’hitlérisme. Certes, cela est véridique. Les communistes allemands auraient dû faire abstraction de leurs ressentiments, pourtant tellement justifiés, contre les sociaux-démocrates et constituer avec eux un front uni afin de conjurer la montée du nazisme. Mais n’est-ce pas un peu facile à dire plus de quatre-vingts ans plus tard ? Faire peser cette lourde responsabilité sur Staline et les communistes, n’est-ce pas du parti pris historique, une approche pour le moins déséquilibrée de la réalité ? Et n’est-ce pas un stratagème pour exonérer un peu vite les sociaux-démocrates de leurs propres responsabilités et de leurs crimes ? En 1925/1932 les plaies sont encore ouvertes, béantes, comment faire abstraction, « des corps francs largement reconvertis en SA ? Des sanglantes répressions de 1918, 1919 et 1923, encore dans toutes les mémoires, des exécutions de masse perpétrées par les groupes paramilitaires obéissants aux sociaux-démocrates Noske, en accord total avec ses coreligionnaires, comment oublier les sauvages assassinats de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht ?

P.S.
« Allemagne 1918 »
INFORMATION DE DERNIÈRE MINUTE :


La chaine de télévision ARTE, diffuse précisément, demain soir 11 novembre, à 20 heures 40, un téléfilm allemand qui retrace l’histoire de la révolution de novembre 1918. Nous ne savons rien des qualités artistiques ni de la valeur historique de cette œuvre. Malgré cela, nous ne pouvons que vous inviter à la regarder. Nous en ferons tout autant et vous ferons part de nos impressions.
L.V.D.S.V. Jeudi 10 novembre 2011 – 23 heures.


COMMÉMORATION DU 11 NOVEMBRE 1918

Afin de commémorer, à notre manière, la date anniversaire de l’armistice qui mit fin à « la Grande Guerre », j’ai choisi cette année de publier un long extrait de mon prochain livre intitulé « QUE FAiSAIT DIEU ? ». Pour l’occasion nous donnons à cet extrait un titre de pure circonstance

HOMMAGE SOIT RENDU À LA RÉVOLUTION ALLEMANDE DE NOVEMBRE 1918

Avant la Barbarie Nazie, qui en fut, une guerre plus tard, une des déclinaisons historiques, il y eut la barbarie impérialiste tout court, la guerre planétaire de rapines et de partage du monde que fut la Première Guerre mondiale. Pour comprendre l’une, il faut savoir l’autre : celle-là même que les gardiens de l’ordre capitaliste affublent aujourd’hui encore du nom si révérencieux de « Grande Guerre ». Où pour la première fois les tyrans de toute l’Europe envoyèrent des millions d’hommes qui ne se connaissaient pas s’entretuer pour les intérêts de quelques centaines d’autres qui se connaissaient, mais ne s’entretuaient pas, selon la célèbre formule de Paul Valéry. Le mouvement socialiste international d’alors était opposé à la guerre. Le mouvement ouvrier « pacifiste » allait-il entraver les desseins guerriers des possédants, des gouvernements à leurs soldes et des états-majors à leur service ? Jean Jaurès était en France, l’un des dirigeants socialistes les plus conséquents dans son engagement contre la guerre impérialiste qui s’annonçait. Le 31 juillet 1914, il était assis avec, quelques un de ses collaborateurs à la terrasse de la brasserie « le croissant », rue Montmartre à Paris, non loin du siège du journal, « L’humanité », qu’il avait créée. Un homme tira un coup de révolver à travers la vitre, ils venaient d’assassiner Jaurès ! Qui était l’assassin, Raoul Vilain ? Assurément, tel était en tout cas le nom du tireur ! Qui ça encore ? Les va-t-en-guerre bien entendus, les chauvinistes hurlants, les bouchers du genre humain qui se proposaient d’envoyer des millions de travailleurs, de paysans et quelques poètes, aux abattoirs de Verdun, du Chemin des Dames et d’ailleurs ? Ceux-là endossèrent d’ailleurs la responsabilité de l’assassinat en 1919, en acquittant le tireur « aux attendus » qu’il n’avait pas commis de crime, mais rendu service à sa patrie. « Le poilu », « le casque à pointe » « les verts de gris », « le moujik » ne coûtaient pas cher. Les généraux avaient à leur disposition de la chair à canon bon marché et en usèrent sans modération. Contre cette barbarie-là se dressèrent d’autres hommes, ils étaient alors une poignée seulement, d’un courage inénarrables. Trente-huit socialistes internationalistes conséquents qui avaient résisté à la déferlante chauvine laquelle avait fait éclater la deuxième internationale à la veille de la déclaration de guerre. Ils se réunirent du 5 au 8 septembre 1915 à Zimmerwald, en Suisse. Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine et son ami Georges Zinoviev étaient de ceux-là. Et il en fallait du courage dans ce contexte pour prendre à rebrousse-poil le chauvinisme ambiant, pour défier la censure et la justice d’exception (c'est-à-dire sommaire et expéditive des cours martiales de ces temps de guerre) pour appeler à la « la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile ». Les « sociaux-chauvins » qu’ils dénonçaient, les regardaient parfois avec condescendance, plus souvent avec animosité, les prenaient pour des fous ou de grands enfants bien naïfs. Pourtant, les souffrances, les humiliations, les conditions d’existences barbares imposées aux soldats sur les fronts, et aux peuples à l’arrière, étaient si grandes que ceux-là ne tardèrent pas à trouver les chemins des cœurs et de l’insurrection des consciences. Des millions d’hommes sur tous les fronts se rebellèrent contre l’autorité militaire, mutineries, désertions et fraternisations se multiplièrent. Alors, les officiers « civilisés » de nos nations « démocratiques » procédèrent par centaines, à des exécutions sommaires des mutins et des « rebelles », des déserteurs et des « traitres », ou tout simplement pour l’exemple. Tous ceux qui ne voulaient plus marcher au feu, non parce qu’ils avaient peur, mais parce qu’ils ne voulaient plus tuer leurs frères ou être tués par eux aux services d’intérêts qui n’étaient pas les leurs.. Des milliers d’hommes jeunes, fils de pères et de mères qui espéraient leur retour, amoureux de fiancées éplorées, maris et pères qui laissaient des veuves et des orphelins, morts, non parce qu’ils étaient victimes des combats, non pas victimes du feu de l’ennemi présumé, mais assassinés par leurs compatriotes « leurs supérieurs » en grade probablement, mais en humanité assurément pas. Or c’est dans le creuset de cette empoignade gigantesque entre les partisans de la guerre à outrance et ceux de la « défaite de leur propre impérialisme », de la paix fut-elle séparée, qu’à mûrit puis c’est embrasée la Révolution russe.

Le chant du Komintern (internationale communiste) disait ceci : «Notre paix c’est leur conquête, car en 1917, dans les neiges et les tempêtes, ils sauvèrent les Soviets ». Oui, la Révolution russe couvée dans l’œuf de la guerre impérialiste - c'est-à-dire capitaliste - est née d’une immense aspiration à la paix, d’une déclaration d’amour aux peuples du monde entier, d’un appel au dépôt des armes et à la fraternisation. La paix séparée de Brest-Litovsk que les bolchéviques conclurent avec l’Allemagne des Habsbourg et des Hohenzollern leur valut des débordements de haine et des flots d’insanités et d’injures. Lénine était présenté, par ceux-là, comme un traître et un déserteur, le meilleur allié de l’Allemagne. Ne s’était-il pas fait rapatrier en avril 1917, de Zurich à la gare de Finlande à Saint-Pétersbourg, dans un Wagon plombé, à travers toute l’Allemagne en guerre . N’était-ce pas la preuve irréfutable de la collusion ? En soulageant le front russe, la « paix » séparée allait permettre à l’Allemagne d’envoyer des renforts sur le front occidental disaient la propagande officielle et nos sociaux chauvins français. Cela se produisit bien sûr, mais n’était-ce pas déjà le chant du cygne ? Car en cessant séparément la guerre Lénine avait délivré, par-dessus les fronts, les frontières et les censures militaires, un message de paix, portée la révolution dans les cœurs des peuples européens, et cela, les va-t-en-guerre le pressentaient, allait finir prématurément leur « grande épopée » qui aurait pu être tellement plus grande et plus meurtrière encore. C’est cet épisode mémorable qui assura à la toute nouvelle République des Soviets les haines originelles, les colères et les insultes des gouvernants, des états-majors, des marchands de canons des « sociaux chauvins », leurs amis sociaux-démocrates d’hier, de toute l’Europe.

La Première Guerre mondiale prit fin, avec l’armistice du 11 novembre 1918, la France avait gagné et l’Allemagne subit une amère défaite. Ainsi servit la vérité ne serait que partielle. Si l’on en restait là elle s’avérerait tronquée et falsificatrice. Certes, Georges Clémenceau, le vieux « Tigre » se retrouva affublé du sobriquet élogieux de « Père la victoire », oui ! Mais laquelle ? Ce fut moins celle des armes que de la situation sociale engendrée par la guerre et la révolution. Des fraternisations, sauvagement réprimées, s’étaient produites sur le front franco-allemand, d’autres, plus nombreuses et plus grave de conséquences sur le front russo-allemand. Là, le soldat, c'est-à-dire l’ouvrier et le paysan, le peuple allemand, était au contact direct de la révolution russe, il se mutinait, il désertait, il ramenait avec lui la colère contre ses bourreaux, « les cannibales qui s’obstinaient à faire de lui un héros » et l’humiliation des conditions inhumaines qu’il avait endurées plusieurs années, mais aussi l’esprit et l’enthousiasme révolutionnaire. Avec les grandes grèves qui marquèrent le début de l’année, on peut affirmer que depuis janvier 1918, la révolution allemande était en marche. Les évènements s’accélérèrent au mois de septembre avec la participation des sociaux-démocrates au gouvernement et l’appel à la révolution et à la formation de conseils ouvriers lancé par la conférence nationale de la « Ligue Spartakus », puis se précipitèrent en octobre avec les mutineries des marins de Kiel. Le 8 novembre la révolution avait gagné toutes les grandes villes du pays. Les dirigeants allemands, on le voit, étaient trop préoccupés alors par le maintien de l’ordre social existant, c’est à dire capitaliste, pour se consacrer plus longtemps à l’entreprise extérieure de la guerre de conquête. En cessant les hostilités, ils espéraient désamorcer la révolution, et pouvoir consacrer toute leur énergie à la réprimer. Telle est la véritable raison qui conduisit à la signature de l’armistice, que ne dit que rarement la vérité officielle de la raison d’État. Or, la contagion révolutionnaire venue de Russie, allait bien au-delà de l’Allemagne, menaçait de s’emparer de toute l’Europe, la France n’avait-elle pas, elle-même intérêt à finir, sans plus attendre, cette aventure sanglante ? Ainsi, la paix séparée qu’avait signée la toute nouvelle République des Soviets, cédant des territoires considérables à l’Allemagne, n’avait pas vraiment avantagé cette dernière, comme l’avaient supputé, un peu vite, les ennemis de la révolution russe. Elle avait au contraire précipité l’effondrement de l’Empire germanique, provoqué l’abdication du Kaiser Guillaume II, et rendue nécessaire la cessation des combats. La « France » qui l’avait tant insulté n’aurait-elle pas dû alors se raviser ? Ne devait-elle pas, en vérité, une fière chandelle à Lénine et à la révolution bolchévique ? Si elle n’a jamais eu la délicatesse de s’excuser pour les insanités dont elle les avait assaillis, peut-être était-ce parce que l’intérêt qu’elle avait à l’arrêt des hostilités n’était pas de nature à atténuer ce qui l’inquiétait le plus, l’impact international de cette révolution qui risquait de faire tache d’huile ? D’autant que les renforts récents venus des États-Unis d’Amérique lui permettaient de faire illusion quant au rôle réel ou supposé des armes dans l’obtention de « cette victoire ». En guise de remerciement elle soutînt ouvertement la guerre contre révolutionnaire entreprise par les généraux « blancs » et s’engagea, avec les autres puissances de « l’Entente », dans une entreprise interventionniste dont l’objectif était de tordre le cou de la jeune république des ouvriers et des paysans

Patrick Seignon

Jeudi 27 octobre 2011.
« APOCALYPSE HITLER »,
UNE ŒUVRE DE FALSIFICATION DE L’HISTOIRE


Rien que des documents d’époque, colorisés pour leur donner un attrait télévisuel nouveau. Tous authentiques, seuls ont été écartés ceux relatent des faits non avérés. « Les auteurs ont pour ambition de retracer l’irrésistible ascension d’Adolf Hitler »… Être au plus prés de la réalité historique pour mieux la pervertir, telle est la conviction que nous avons formée en regardant le documentaire de Mathieu Kassovitz diffusé mardi soir 25 octobre, sur « France 2 ».

Nous ne ferons aucune objection bien sûr à propos des images d’archives présentées, leur valeur historique ne saurait être contestée. Le problème réside ailleurs, dans les silences, dans les non-dits, dans les faits historiquement avérés dont les documents pourtant existants ont été volontairement écartés, tordus ou falsifiés par le commentaire.

« L’Allemagne d’alors, nous disent à peu près les auteurs, était une république, mais cette jeune république devait faire face à une révolution (P.. de révolution qui fout la zizanie) qui sera réprimée par les « corps francs ». Or, la réalité est légèrement différente. C’est à la révolution que la république doit d’exister, car avant la révolution spartakiste de 1919, qui n’est en vérité que le rebond de la précédente, il y eut la révolution de 1918, celle des « conseils ouvriers » que les sociaux-démocrates allemands tentèrent de finir dans la République de Weimar. Et ce que ne dit pas non plus le documentaire, c’est que la décision de mettre fin à la guerre de l’autre côté du Rhin fut la conséquence directe de cette première révolution allemande. D’où la haine d’Hitler pour ce qu’il appelle « la honte de novembre »..

La révolution spartakiste fut réprimée par les « corps francs ». Ce que tait le documentaire, c’est que ceux-ci furent créés à l’initiative de Gustav Noske, ministre social-démocrate de l’intérieur, et qu’une large part des effectifs des corps francs passeront quelques années plus tard aux SA. En fait, ce que les auteurs éludent, c’est l’action ouvertement contre-révolutionnaire des sociaux-démocrates et donc leurs responsabilités directes, non contestable, dans les défaites successives de la révolution allemande. Défaites qui ont ouvert la carrière à l’hitlérisme, ont fait un « possible » de ce qui dans le cas contraire serait resté marginal, résistible en tout cas comme le disait Bertolt Brecht. Avec cet oubli, les auteurs avaient-ils pour intention de ménager les sociaux-démocrates d’aujourd’hui, tout au moins ceux qui se disent tels ?

Enfin, dans la deuxième partie du documentaire, les auteurs occultent, dans la nomination d’Hitler à la chancellerie, le rôle du parti catholique « Zentrum », dont il n’est pas dit un seul mot. Von Papen, son dirigeant emblématique est passé aux oubliettes de l’histoire. Or, ce dernier fut lui-même nommé vice-chancelier d’Hitler, fonction qu’il occupa de janvier 1933 à août 1934. Ce n’est pas comme le suggère le commentaire, parce que Hindenburg ne savait plus qui nommer d’autre qu’il se résolut par lassitude et défaut, à nommer Adolf Hitler. C’est parce que des tractations avaient eut lieu au plus haut niveau à l’instigation de Von Papen et du Zentrum, avec l’appui de la nonciature du Cardinal Pacelli, futur Pie XII, et avec l’aval du Vatican et de Pie XI. En échange de leur intercession, Hitler leur avait promis la conclusion d’un concordat entre l’Allemagne et le Vatican* à l’image de celui que Mussolini avait conclu avec le pape Pie XI en 1929. Les auteurs ont-ils voulu taire la lourde responsabilité de l’église dans « l’ascension évitable» du nazisme allemand ?

Avec tous « ces oublis », l’œuvre perd toute crédibilité historique. Elle n’est plus qu’un montage supplémentaire de falsification de l’histoire, une œuvre de propagande pour la défense d’une thèse réductrice selon laquelle l’hitlérisme se résume à « la démence de Hitler et à son antisémitisme obsessionnel». Le titre même de l’œuvre proposée témoigne de cette vision réductrice de l’Histoire : « APOCALYPSE HITLER » ? L’apocalypse ce n’est pas Hitler. Il en est certes un des acteurs, parmi de nombreux autres. Mais l’Apocalypse c’est plutôt le « capitalisme » qui se sentant mis en danger par la montée révolutionnaire internationale, n’hésite pas à avoir recours aux solutions les plus extrêmes : Hitler n’est pas plus fou, pas plus particulier que cela, seulement un acteur de l’histoire parmi d’autres.
On se condamne en effet, à ne rien comprendre à cette période historique en général, à la montée en puissance du nazisme allemand et à l’ascension d’Hitler, si on les isole du contexte international dans lequel ces évènements se sont produits. Or c’est précisément ce que font les auteurs du documentaire signé par Mathieu Kassovitz.

En effet, au-delà même du contexte intérieur allemand, de révolutions et répressions contre révolutionnaires sanglantes, que les auteurs éludent partiellement, il y a le fond international, de la question sans quoi il n’est pas possible de comprendre quoi que ce soit à la montée des fascismes partout en Europe au lendemain de la Première Guerre mondiale. A fortiori à la montée en puissance du fascisme allemand. Or, le fond, c’est la victoire de la révolution russe d’octobre 1917, et la puissante poussée révolutionnaire mondiale qui s’en est suivit. L’installation du régime d’extrême droite antisémite de l’Amiral Horty en Hongrie, par la mission française du Général Berthelot, fait suite à la révolution ratée des conseils ouvriers de Bella Kun, et dans l’esprit de ses instigateurs elle a pour objet de verrouiller la progression des Soviets vers l’Europe de l’Ouest, via l’empire austro-hongrois démembré. La montée et la victoire des fascistes font réponse à la situation prérévolutionnaire de 1920 dans l’Italie où le Parti socialiste avait adhéré en entier, à l’internationale communiste. La révolution allemande de 1918 fut elle-même la conséquence induite des fraternisations sur le front russe, puis accéléré par la paix séparée que signèrent les bolchéviques avec l’Allemagne impériale.

Le commentaire nous dit qu’Hitler a « cimenté son pouvoir avec l’antisémitisme », c’est en vérité dans la lutte contre « le front rouge », contre la révolution ouvrière, contre la révolution russe et le communisme international, que s’est forgé et consolidé le pouvoir hitlérien. Le juif, plus que pour l’argent et « le complot international » est avant tout ciblé, comme « judéo-bolchevik» en raison de l’engagement massif de ceux-ci dans le mouvement communiste international ; et dans toutes les révolutions en cours.

P.S.

* Celui-ci sera en effet signé le 20 juillet 1933, soit moins de six mois après l’accession d’Hitler à la chancellerie.


Mercredi 31 août 2011.

LA VIOLENCE, LA BRUTE ET L’HISTOIRE.

Il faut tout de même ne pas manquer d’air, quand on a nom Nicolas Sarkozy, pour déclarer publiquement que la violence conduit à l’impasse.

C’était lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie. Cet homme mal embouché a eu l’outrecuidance d’énoncer une telle sentence si contraire à sa propre nature et à sa propre ligne de conduite.

Lui le ministre de l’Intérieur qui voulait « karchériser les racailles ». Lui, le président de la République qui jouait les petites frappes lors d’une visite aux ouvriers des chantiers du Guilvinec. Lui, agacé par un visiteur au salon de l’agriculture 2008, qui lâcha son si célèbre,: « casse-toi pauvre con » de nature à reléguer le mot de Cambronne aux oubliettes de la mémoire collective. Lui qui n’a pas craint, sans égard pour la vie des otages que ceux-ci détenaient, d’envoyer à trois reprises déjà, des forces spéciales pour « neutraliser » des groupes de ravisseurs, provocant ainsi la mort de quatre ressortissants français (Florent Masson, Michel Germaneau, Antoine de Léaucour et Vincent Delory ). Lui qui a maintenu la France dans la coalition internationale qui entend imposer par la force sa loi en Afghanistan. Lui qui il y a quelque mois s’ingérait par l’action militaire dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire. Lui qui bombarde Tripoli et veut imposer en Libye sa prétendue « démocratie » par la force et le coup d’État. Lui qui rêve à haute voix d’en faire autant en Syrie. Mais qu’est-ce « la violence ma bonne dame », si ce n’est tout cela

C’est lui, qui en appelle à l’incarcération, voire à l’assassinat de chefs d’État étrangers ; c’est cet insupportable malotru, qui ose prétendre que la violence est une impasse ?

C’est lui la petite brute hargneuse et agressive, qui transpire la violence, jusque dans son maintien sa syntaxe et son langage, qui avise de prétendre que la violence est une impasse ?

C’est lui, qui la pratique sous sa forme la plus aboutie et la plus condensée : celle de la guerre, celle du « braquage » des nations subalternes, celle du putsch militaire sous couverture internationale et au nom usurpé de la démocratie, qui a l’outrecuidance d’affirmer que la violence est une impasse ?
Mais alors, si tel est le cas, pourquoi tant en fait-il usage

Ah oui, nous n’avons pas compris ! On comprend toujours difficilement les propos de Nicolas Sarkozy. Il s’exprime si mal, sa langue est une offense au français et à la francophonie. Dans le cas d’espèce il a utilisé une formule générale « la violence », quand il en avait probablement en tête une autre plus partielle : « la violence des opprimés ». La violence des opprimés conduit à une impasse, pensait-il, mais il a dit « la violence » pour masquer la véritable nature de son propos. Ne pas trop en dévoiler les ressorts de classe et la nature ultra réactionnaire.

La violence du peuple en effet est intolérable aux maîtres, aux possédants, aux exploiteurs. D’abord parce que c’est contre eux et contre leurs intérêts qu’elle a tout lieu de s’exercer, ensuite, parce que lorsque les peuples recourent à la violence, c’est que le courage et l’abnégation ont remplacé le respect de l’ordre établit et la crainte-terreur de l’autorité et qu’à ce stade, malgré tous les moyens sophistiqués dont elles disposent, les classes dominantes ne pèsent plus bien lourd face à la déferlante de la colère populaire. De telle sorte que la meilleure protection des nantis contre la violence des peuples, est encore de convaincre les peuples eux-mêmes qu’elle ne conduit à rien.

C’est pourquoi, à leur sens, la violence des peuples doit, être proscrite, récusée, réputée aussi inefficace qu’inutile. Ainsi doit-il en être, et c’est à eux qu’il s’adressait en direct, de la violence des Kanaks réclamant leur indépendance ? De la violence des « Ché » et autres Éloi Machoro ? Mais également, car ce message était à leur intention une menace à peine voilée, à ceux-là, tous ceux qui de par le monde osent défier l’ordre impérialiste planétaire refusent de jeter leurs armes aux pieds du nouvel empereur d’occident ou de ses procurateurs, tous ceux qui refusent de faire allégeance à « la pax-américana. »

Il est un principe sacré qu’ont proclamé les révolutionnaires français de 1789, c’est le droit d’insurrection des peuples contre l’oppression.

Ceux qui prétendent que la violence est une impasse, ignorent, ou font semblant d’ignorer l’histoire humaine qui accumule les preuves du contraire. Pire même, ils contredisent par le message ce qu’ils sont en train de faire ou d’encourager, dans l’instant, là, sous nos yeux, où et quand ça les arrange : les prétendues révolutions démocratiques arabes qu’ils soutiennent jusqu'à l’engagement militaire, ne sont-elles pas en effet une contradiction vivante et actuelle de l’affirmation péremptoire de Nicolas Sarkozy, réputant la violence conduire à l’impasse ? L’explication de cette contradiction flagrante entre le discours et les actes, tient à ceci : ce discours est celui « des maitres » qui veulent signifier à leurs esclaves qu’il ne leur sert à rien de se révolter, car ils les écraseront sans ménagements ni sans états d’âme, les extermineront comme de la vermine, à moins qu’ils n’aient l’intention de les karchériser comme de la racaille. Quant aux actes, ce sont également ceux des maitres qui n’hésitent jamais à recourir à la pire violence pour le service de leurs intérêts. Dans le cas d’espèce, l’asservissement du monde arabo-musulman à leurs intérêts impérialistes sous couvert d’une prétendue révolution démocratique, fomentée, pilotée, quand ce n’est militairement conduite par eux-mêmes. On le voit, ceux-là ne sont pas, le moins du monde, opposés à la violence en général, ils pensent seulement que la violence est un doit exclusif des maitres et des possédants, pour mater les peuples ou les tenir en respect. Un privilège, un de plus, d’évoluent aux seules nécessités du maintien de leur domination,
La violence conduit à l’impasse ?

Non petit homme ignorant et bavard. La vérité est tout autre. Loin de conduire à l’impasse « la violence est l’accoucheuse de l’histoire ».

P.S.


13 mai 2011.

Commémoration du 1O mai 2011
LE SOUFFLEUR DE FLAMME


Le peuple en ce temps-là, a tout le moins celui que l’on appelait alors « le peuple de gauche », avait une espérance, celle d’une transformation sociale fondamentale, celle d’un avenir « socialiste » pour la France, c'est-à-dire d’une société de solidarité et de partage fondée sur une économie collective. C’est à cette croyance, c’est à « cette culture marxiste » du peuple de gauche, que François Mitterrand, premier secrétaire du Parti socialiste refondé à Epinay en 1971, dû faire amende honorable. Sans cette concession tactique, sa victoire électorale eut été impossible. Mais la concession mitterrandienne aux « utopies populaires », qui avaient pris la forme du « programme commun de gouvernement de la gauche », n’était en effet que tactique. François Mitterrand faisait semblant de croire à l’annonce de la « flamme », pour mieux s’en rendre maitre et la souffler.

C’est ce à quoi, parvenus au pouvoir, lui et le gouvernement de Pierre Mauroy s’employèrent ardemment. Sa politique de mai 1981, jusqu’à 1986, eut pour objectif essentiel, la liquidation des attaches culturelles marxistes de la gauche française et sa conversion à « la culture de gouvernement »*, c'est-à-dire au libéralisme économique.

Alors, le 10 mai 1981, la liesse populaire, l’espoir ? Non ! Le début de la démobilisation et de la désespérance. Mitterrand, le magicien, la nostalgie ? Non ! L’amertume au souvenir de l’homme qui voulut éteindre la flamme de l’espoir socialiste du peuple laborieux.

P.S.

(*) C’est l’histoire et les moyens de cette transformation politique que relate mon ouvrage « Social-bonapartisme et classe ouvrière », auquel je ne saurai trop vous renvoyer.


LA CALAMITE DES PEUPLES.


COMMEMORATIONS DE L’ARMISTICE
DU 11 NOVEMBRE 1918
« La Voie Des Sans Voix »
PUBLIE CE 11 NOVEMBRE 2010
UNE PETITE CHRONIQUE DU DIEU MOLOCH. (n°4)


« La Grande Guerre ». Ce nom dont on appelle encore couramment la Première Guerre mondiale résonne comme la nostalgie, plein des regrets du bon vieux temps de nos vingt ans. « Moi mon colon cell’que j’préfère, c’est la guerre de quatorze dix-huit » a chanté par dérision Georges Brassens.

La guerre, une calamité ?
Pas en tout cas pour les maitres de forges le grand capital et des banquiers. Les fabricants de poudres, d’explosifs et de munitions ,(Nobel, Rhein-Siegener, Köln Hottweiller, Société française de dynamite, etc.), l’industrie sidérurgique ( United Harvey Steel Company, Krupp, Schneider-Le creusot ect.), les fabricants d’armes, ce sont organisées au début de la guerre, possédant des filiales, prenant des participations et des intérêts, passant des accords de limitation de la concurrence, indifféremment, dans plusieurs pays belligérants. Ainsi, seuls exemples que nous citerons : le trust Nobel (Grande-Bretagne) possédait, 7 filiales en Angleterre, 5 en Allemagne et 1 au Japon. La famille franco-allemande De Wendel était propriétaire des mines de fer de Briey-Thionville à cheval sur les frontières françaises luxembourgeoises et allemandes. Le député français François de Wendel et son cousin, le député au Reichstag Charles Von Wendel, militaient tous deux pour la guerre et achetaient les « consciences patriotiques » des journalistes. (*). Tout ce beau monde fit des efforts considérables pour que la guerre, la manne pour eux, se prolonge le plus longtemps possible. C’est pour cela que nos braves poilus ont souffert et se sont fait tuer par centaines de mille. C’est parce qu’ils ne voulaient plus marcher dans cette duperie macabre que plusieurs centaines furent exécutés par leurs propres officiers, leurs compatriotes patriotes, français comme eux. Il en alla de même ailleurs, côté Allemand et Russe par exemple. Alors la guerre, une calamité ?

« Patriotisme », « revanchisme », « nous reprendrons l’Alsace et la Lorraine », le Père « la victoire », 9 millions de morts, et puis : Le 11 novembre,

LA VICTOIRE !

La victoire ? Des uns c'est-à-dire, la défaite des autres !
La victoire ? Pour la France, pour l’Entente ? L’Angleterre surement, l’Italie peut-être ? et le « little big dernier », nouveau venu sur la scène internationale : les États-Unis d’Amérique. Mais la défaite pour l’Allemagne, pour l’Empire austro-hongrois, pour l’Empire ottoman
La victoire ? Des milliers de monuments aux morts, des traités ignominieux : Versailles, Trianon, Saint-Germain. La balkanisation de l’Europe, le colonel de Laroque, les croix de feu, et partout sur « le vieux continent », « des faisceaux » (Italie) « des « frei korps » (corps francs Allemagne). », des « Croix fléchées » (Hongrie). Le fascisme naissant des blessures et des humiliations, sur le fumier patriotique, que les mêmes qui avaient enrôlé les peuples « dans la grande boucherie » allaient enrôler comme troupes de choc contre la montée de la révolution socialiste internationale.
La victoire ? C'est-à-dire la préparation de la prochaine. Ah ! Mieux, beaucoup mieux, 60 millions de morts. Aviez-vous remarqué à quel point les deux guerres mondiales étaient indissolublement liées l’une à l’autre ? A quel point les « solutions » de l’une avaient été le creuset de l’autre ?

Et les intérêts capitalistes, de Wendel, toujours, Krupp bien sûr qui cette fois n’a pas vendu que des canons, mais aussi des fours crématoires, Schneider, de Rothschild et quelques autres. Ah le profit, ah la belle profession de foi « du libéralisme » !
La guerre est une calamité pour les peuples.
Mais la calamité des peuples c’est surtout le capitalisme

P.S.

* Article de Jean-Pierre Fléchard dans « Le livre noir du capitalisme » - 1998 - aux éditions « Le temps des cerises »