LE VOTE UTILE, C’EST LE VOTE IDIOT.


Il y a ceux qui iront voter François Hollande ou Nicolas Sarkozy, dés le premier tour, parce que cela correspond à leurs convictions intimes ou sert leurs intérêts bien compris. Ceux-là émettront ce faisant, un vote « intelligent » même si d’autres, et j’en suis, dédaigneront cette intelligence-là.

Mais, qu’en est-il de ceux qui au premier tour de l’élection présidentielle de 2012, se laisseraient aller à voter François Hollande ou Nicolas Sarkozy, non parce qu’ils partagent leurs idées, ni même qu’ils considèrent que l’un deux est mieux à même de défendre leurs intérêts, mais afin d’assurer l’élection de l’un des deux candidats que le système leur a désignés par avance comme les seuls capables de gagner l’élection ? Ces électeurs n’émettraient pas un vote utile, quoi qu’en dise la propagande officielle, mais un vote idiot.

Si en effet le choix des électeurs doit se réduire à la désignation de l’un des deux candidats présélectionnés par le jeu institutionnel de l’alternance et du bipartisme, et imposés par le battage médiatique, alors la « démocratie » prétendue se réduit à peu de chose. Cela signifie que le suffrage universel est vidé de son sens, que l’élection se fait ailleurs. En pareil cas, pourquoi avoir d’autres candidats ? Pourquoi dépenser tant d’argent en paraitre.et en faux semblants. Il convient en ce cas de réduire à deux les candidats possibles et d’interdire tous les autres.

Il suffit d’énoncer la chose pour qu’elle paraisse grotesque aux gens de bon sens. Pour réaliser par où cela pèche. Réduire à deux les candidats c’est tuer l’expression démocratique. Alors pourquoi voudriez-vous que les électeurs la tuent eux-mêmes, de leur plein gré, l’expression démocratique en portant, sous la pression du prétendu vote utile, leurs suffrages sur deux candidats seulement .

Point n’est besoin de dessin aux gens sensés, pour se rendre compte de la grande proximité des idées des discours et des promesses des deux candidats du système. En fait, l’un et l’autre, qu’importe leur étiquette faite pour la galerie, sont également adoubés par le grand capital et la haute finance internationale. Les grands décideurs ne mettent pas tous leurs œufs dans le même panier. De telle manière que voter pour l’un ou l’autre c’est voter dans tous les cas pour le candidat des maitres du monde, ceux-là mêmes qui pressurent les peuples et les rendent malheureux. L’élection du président de la République au suffrage universel, doublé du bipartisme, c’est la machine à mouvement perpétuel, c’est l’invention du « professeur Nimbus » du système « toujours gagnant » pour les mêmes décideurs d’en haut. Voter pour l’un ou pour l’autre, quand l’on est un ouvrier, un petit salarié, un artisan ou un paysan, non seulement ce n’est pas utile, mais contraire à ses propres intérêts, contraires au bon sens et aux exigences de l’expression démocratique.

Ou alors, oui c’est utile : mais seulement pour ceux qui nous exploitent et nous manipulent.

Ce n’est pas l’affaire des peuples et des gens sensés de dire qui de Paul ou de Jacques aura pour mission de fouler aux pieds leurs droits élémentaires leurs acquis sociaux, de les réduire pour leur vieux jour à la mendicité. Le rôle des peuples c’est de renverser la table où festoient les supers riches, c’est de désigner le porte-drapeau de leurs révoltes, le porte-parole de leur rejet du système, le symbole de leurs espoirs dans une société nouvelle fondée sur les valeurs cardinales du travail et de la solidarité..

La démocratie ce n’est pas « le vote utile », c’est l’expression de ses convictions et la défense de ses intérêts propres et de classe

Il n’est jamais utile de voter pour ses ennemis, ou ses faux amis.

26 mars 2012. Patrick Seignon.