Patrick Seignon

Des armes pour la palestine

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Patrick SEIGNON


DES ARMES POUR LA PALESTINE


A L’ADRESSE DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE


Monsieur le Président de la République

Notre pays a eu le triste privilège il y a peu, par l’intercession malencontreuse de son Premier ministre, de figurer parmi les toutes premières grandes nations, en caractérisant de « terrorisme » certains actes de la résistance palestinienne, à ouvrir la voie à la criminalisation de sa cause. Vous avez en ce temps Monsieur le Président, en rappelant le Premier Ministre à la réserve, réagit comme il se devait. Après la provocation de l’esplanade des mosquées, vous avez eu les mots justes encore pour dire, avec la pondération qui sied à vos hautes fonctions, la désapprobation de la France, à l’entrée des chars israéliens dans les territoires autonomes, ça n’est pas ainsi, en effet, que l’on vient à bout de l’émotion d’un peuple. De la sorte vous avez précisé votre sentiment, et rétabli l’honneur de la diplomatie Française. Ce peut-il que vous restiez plus longtemps dans l’expectative, quand se noue à présent au proche orient les derniers fils d’un drames humain, dont les conséquences sont incalculables pour le devenir prochain de la région et peut-être même de l’humanité toute entière. Se pourrait-il, en ces moments tragiques, que la France dont vous êtes le représentant sur la scène internationale, assiste en spectateur impassible à l’éradication de la revendication nationale Palestinienne ? Je ne veux pas y croire. Vous aviez réagit aux attentats de New-York avec l’émotion que justifiait sans nul doute l’événement, mais aussi avec la compassion que méritaient les victimes et leurs proches, atteints dans leur chairs, mais aussi tous le peuple Américain bouleversé, blessé lui dans ses certitudes. Vous avez alors engagée la France, ce qui pouvait paraître de bon sens, dans la « coalition antiterroriste », au coté de la grande nation amie que sont les États-Unis d’Amérique. Mais passé le temps de la première et plus vive émotion et de la douleur, après avoir laissé parler le cœur, ne convient il pas de s’en remettre à présent à une approche plus équilibrée des choses que dictent la raison et le bon sens ? Dans son « discours sur l’état de l’union », le Président des États-Unis d’Amérique, avait tenus les propos fort inquiétants, ils paraissent plus étranges encore, à la lumière de ceux formulés le 1er février lors d’un déplacement électoral “Si vous êtes un de ces pays qui développent des armes de destruction massive, et que vous êtes prêt à vous allier à un groupe terroriste ou vous soutenez actuellement le terrorisme, ou si vous ne partagez pas sincèrement les valeurs qui nous sont chères, alors, vous aussi vous êtes sous surveillance[1]. Voilà donc la terre entière sommée d’embrasser les valeurs de l’occident et de l’Amérique proclamées universelles et obligatoires pour tous les peuples. Ils s’agit pour parler très franchement, du discours « d’un furieux », qui en d’autres temps, délivrés par d’autres bouches, auraient glacée d’effroi et fait frémir d’horreur la terre entière, provoqués la réprobation générale. Les jours, les semaines, les mois mêmes ont passés depuis les attentats du 11 septembre 2001. Le régime des Talibans est tombé, et tout de suite après le voile de pudeur qui masquait encore les desseins véritables de l’Amérique, laissant voir le sens exact de ses discours de guerre au terrorisme. Le moyen orient et le conflit territorial, Israélo-Palestinien, ce sont retrouvés à l’épicentre du séisme annoncé, la juste cause nationale palestinienne stigmatisée, promise dés lors au désastre, à travers ses organisations de résistances islamistes, assimilées au « terrorisme », auquel les USA ont déclaré une guerre planétaire. L’aventure dans laquelle les États-Unis entendent entraîner, à leur suite, la totalité des nations puissantes et riches contre les nations pauvres, s’apparente, bien qu’ils s’en défendent, à une guerre de civilisation. Sous cet éclairage l’opération en Afghanistan, quoique celui-ci soit situé fort haut dans l’hémisphère nord, apparaît comme le premier acte d’une guerre Nord/Sud, contre laquelle, il y a plusieurs années déjà, le Président Mitterrand nous mettait en garde. Le même 1er février, à New-York, lors de la réunion du « sommet économique mondial », le ministre des affaires étrangères de la France, Hubert Védrine, Dans une assemblée dominée par les passions qu’entretien le discours antiterroriste de l’Amérique, a tenté d’instiller un « soupçon » de raison et de bon sens, au risque d’apparaître comme le mauvais élève de la classe. Dans une timide intervention il a suggéré que la lutte contre le terrorisme, passait peut être également, par la lutte contre les inégalités criantes entre pays riches et pauvres. Cela est bien, car cela montre ou est le problème posé par le discours de la « maison blanche », et met en relief son caractère irrationnel et inacceptable Mais cela est insuffisant. La question mérite d’être clairement posée : faut-il se laisser entraîner, plus loin, dans cette aventure ? La France qui fut appelée jadis à cet insigne honneur, ne doit-elle pas encore une fois se dresser comme la conscience du monde ? Il ne lui convient pas à elle qui leva l’étendard de la liberté des nations, après en avoir fini avec les pages plus contestables de son propre passé colonial, d’asservir son génie comme laquais d’une nouvelle tyrannie. Non, le devoir de sa diplomatie n’est nullement de marcher prudemment, fusse même en maugréant, dans les pas de l’Amérique arrogante, d’aboyer avec la meute quand Washington sonne l’hallali, mais au contraire de se désolidariser au plus vite de la coalition des puissances, afin d’en stopper la folle fuite en avant, d’arrêter la main de fer qui menace le monde, de suspendre l’exécution de ses desseins agressifs, et de renouer au plus vite un dialogue de bon sens avec les nations pauvres de la planète, car telle est la voie de la responsabilité et de la sagesse. Mais, direz vous, chacun y pense, il y a l’Europe, et la France ne peut faire cavalier seul. L’Europe, puisque Europe il y a, qui se dote d’une monnaie unique, dont vous souhaitez Monsieur le Président qu’elle accroisse considérablement ses dépenses consacrées à la recherche, afin d’assurer son indépendance technologique, économique et stratégique, l’Europe qui s’équipe de forces d’interventions rapides précisément pour acquérir la maîtrise de son propre rôle international, ne doit elle pas avoir aussi une politique étrangère commune et une diplomatie indépendante ? Voilà le moment venu, peut-être, de promouvoir l’une et l’autre, il est souhaitable qu’un grand pays, ce rôle est dévolue à la France, qui compte dans le concert des nations, prenne la tête de ce mouvement d’auto affirmation de l’Europe comme puissance politique internationale. Il y a urgence à ce qu’une puissance, hors les actuels acteurs du conflit, interfère dans la question du moyen orient, vole au secours du peuple palestinien. L’Europe peut cela, mais si elle ne le fait pas, alors la France doit le faire. Évacuer Yasser Arafat et l’autorité palestinienne, en s’inspirant de ce qui fut fait à Beyrouth en 1982 à l’instigation de François Mitterrand, n’est pas souhaitable dans les circonstances actuelles. Ce serait demander à ses dirigeants d’abandonner leur peuple à l’heure des plus grands dangers, et laisser plus de latitude encore au Général Sharon. Ce serait se rendre au langage de la force en acceptant, comme un fait acquis, la mort des accords d’Oslo et de la perspective de proclamation d’un État palestinien. La solution qui s’impose donc, c’est que l’Europe, ou à défaut la France, s’interpose dans un premier temps afin de lever l’hypothèque d’une offensive imminente de Sharon, et procède au plus vite elle-même à l’équipement des palestiniens afin de rétablir l’équilibre des armes. Vos illustres prédécesseurs, Charles De Gaulle et François Mitterrand, surent en leur temps, sans rien retirer à leurs efforts de construction européenne, affirmer le profil particulier de la politique internationale de la France. Vous vous honoreriez, ce me semble, Monsieur le Président, et vous honoreriez la France, appelleriez sur elle la gratitude éternelle des peuples opprimés lui gagneriez la sollicitude de toutes les nations magnanimes de la terre en portant notre grande nation, l’Europe pourquoi pas, au secours du « petit grand » peuple de Palestine. Je vous soumet Monsieur le Président, et à travers votre personne, à tous les Français, mes modestes réflexions ci dessous, à propos de la situation internationale actuelle en espérant qu’elles seront d’une certaine utilité à votre propre élaboration et au réajustement urgent, que je crois nécessaire, de la politique internationale de notre pays. Veuillez croire Monsieur le Président de la République à l’expression de mon profond respect

PS

EMOTION


Attentat en Israël dans une salle de bal, six morts et de nombreux blessés, réaction immédiate de l’état Hébreu, de nouvelles habitations palestiniennes rasées par les bulldozers, les chars ce sont encore rapprochés, à Ramallah, de l’immeuble où est bloqué Yasser Arafat, les locaux de la radio palestinienne détruits, cinq palestiniens tués. C’était hier encore, 17 janvier 2002. Chaque jour apporte ainsi son lot de nouvelles accablantes, pour les victimes et pour leurs proches bien entendu, mais plus largement, pour les populations concernées, tant israéliennes que palestiniennes, au-delà, pour tous les êtres humains sensibles. Au nombre de ceux-ci, mon cœur saigne pour toutes les victimes de part et d’autre mes yeux pleurent des larmes de sang, j’éprouve l’irrépressible besoin d’écrire avec cette encre là pour tant de douleurs humaines dont je souffre avec la même intensité que si j’en étais affecté directement, dans mes proches, dans mes chairs ou mes biens. Le même soir l’actualité française faisait état, dans la rubrique, délinquance, devenue quotidienne, de l’incendie volontaire de plusieurs automobiles dans un village proche de Strasbourg, retombées de la violence urbaine en zone péri urbaine. J’étais attentif aux interviews de gens simples pour lesquels leur “voiture” est souvent le bien matériel le plus précieux et la plus part du temps indispensable, je voyais leur incompréhension, leur dépit affiché, leur colère rentré, je savais leur dégoût et leur peine quand ce n’est leur détresse, et ma réflexion ne pouvait s’empêcher, par ce genre de raccourcis singuliers propre à la pensée, de faire des rapprochements, par-dessus les frontières et les situations, entre le malheur de ces victimes de la violence illégale, témoin du délabrement social, et le malheur plus grand encore de ces autres victimes, pas si lointaines, de la violence institutionnelle, “légale” celle là, et cyniquement planifiée. Songez, vous, me disais-je, victimes en colères, victimes indignées de la violence urbaine, à ce que serait votre détresse et votre écœurement si c’était votre maison que l’on était venu incendier. Songez vous braves gens que dans les territoires autonomes palestiniens de telles exactions se produisent presque chaque jour et qu’elle sont le fait d’une armée légale, au mépris de toutes les conventions internationales[2], des soldats d’un pays « civilisé », amis et protégé de l’Amérique. Songez vous paisibles citoyens français que ce sont les habitations des palestiniens que les chars et les bulldozers israéliens réduisent à l’état de gravats. Des maisons qui étaient leur richesse, leur berceau familial parfois, transmis de générations en générations, leurs attaches affectives pleines des souvenirs des aïeux et bruissantes encore de leurs rires d’enfants. Songez vous car vous êtes, victimes vous-même, mieux en mesure de les comprendre à la force de leur ressentiment, à la légitimité de leur dégoût, à la colère qu’ils leur faut bien intérioriser pourtant en présence de ces « casseurs », trop forts pour leur résister, si bien qu’ils sont contraint comme au spectacle de les voir opérer leur forfaits sous leurs yeux effarés. Songez à l’humiliation qu’il y a de devoir assister impuissant à la destruction de ses bien. Victimes d’ici, les médias se mobilisent, les télévisions s’émeuvent, vous vous tournez vers l’état, vers la police, vers la justice, vers les assureurs, vers vos voisins ou vos amis, vous trouvez presque partout, écoute, compréhension, compassion, aide, solidarité. Les Palestiniens regardent autour d’eux ils ne voient rien que misère et désolation, silence ou mensonges. « Regain de violence au Proche-Orient, titrait le journal de vingt heure deTF1, un homme, palestinien a tiré sur la foule [3]», voilà en effet une nouvelle bien dramatique, mais pourquoi elle, l’occupation de Naplouse le même jour n’était elle pas une illustration bien plus éloquente de se regain ? Le mensonge n’est pas toujours grossier et direct il est, plus souvent ainsi, insidieux sous des apparences anodines. Car en l’occurrence il s’agit rien moins que de faire marcher la réalité sur la tête, quand les attentats palestiniens deviennent la cause de l’intervention israélienne et non les conséquences de celle-ci. L’autorité palestinienne n’est qu’un ersatz d’État réduit à l’impuissance, tant, qu’il lui faut tolérer qu’un État voisin envoi ses soldat fusiller ses enfants dans les rues de ses propres villes, cela sous l’œil, qui finit par paraître goguenard, cynique même, tant il est indifférent, des télévisions du monde entier, cinq minutes ou plus en début de journal sur l’ecchymose que c’est faite seul le président des États-Unis, en tombant parce qu’il avait avaler, nous dit on, un bretzel de travers, cinq seconde en fin de journal pour faire état des cinq nouveaux morts palestiniens de la journée. J’ai bien faillit m’étouffer à mon tour, mais d’indignation, pas vous ? Comment ne pas être outré d’un traitement tellement inégal et partial de l’information, insultant même, au bon sens et à la santé mentale des auditeurs. Les Palestiniens regardent vers l’Amérique “le grand pays démocratique”, qui se mobilise, au nom des frontières reconnues au Koweït, cette invention des colonisateurs anglais et pour le respect des résolutions de l’ONU sur le Kosovo, quand il s’est agi d’achever le démembrement de la Yougoslavie. Mais celui-ci oppose son droit de veto chaque fois que les nations unis veulent voter la moindre résolution défavorable à Israël, et n’a jamais pris contre cet état la moindre sanction pour le contraindre à appliquer les résolutions de l’ONU dont il se contrefiche depuis des décennies[4]. Alors songez, vous n’aurez pas de peine à le concevoir, au sentiment d’injustice qui les assaille, sans l’excuser tout à fait, peut-être même comprendrez-vous un peu la haine que certains nourrissent pour l’Occident et pour Israël Ce qui m’attriste par-dessus tout, plus même que la douleur physique et la détresse des victimes, c’est l’injustice et la mauvaise foi, ce sont les mensonges et l’impudence des arguments, la manipulation de l’information. Cela m’affecte d’avantage car je sais que de tels procédés entretiennent les causes de conflits et préparent les conditions de nouveaux drames, la perpétuation des ressentiments et des haines de nouvelles victimes et de nouvelles souffrances. Jusqu’où, et jusqu'à quand, faudra-t-il que se poursuive cet enchaînement fatal ? Je ne crains nullement que celles d’à présent, inévitables puisque déjà victimes, s’offensent de cette classification, elles n’auront nulle peine, au nom de ces autres victimes, évitables encore car seulement futures, à m’excuser cette gradation de mes ires et la hiérarchie de ma compassion. Pleurer sur les victimes est une chose naturelle et humaine mais elle est démagogique, et de peu d’humanité en vérité, s’il s’agit de pleurer, d’avantage sur les victimes d’un camp que de l’autre, comme si les êtres humains avaient un prix, si les vies israéliennes valaient plus que les vies palestiniennes. Mais pleurer surtout est de peu de conséquence si cela ne permet pas de s’interroger sur les causes des drames et les moyens propres à les éviter. Il faut s’interroger sur les circonstances objectives qui engendrent les conflits, et juger à cette aune, selon son libre arbitre, s’ils sont justes ou injustes. Toute autre approche est mensongère ou démagogique. C’est la réponse à ce questionnement qui doit conditionner nos choix personnels et justifier l’embrassement légitime de certaines causes. Or le jugement de chacun n’est pas, cela va de soi, toujours identique suivant le poste d’observation qui lui est particulier, ses racines nationales ou culturelles, son statut social, ses attachements et ses intérêts propres. Les gens simples voudraient simplement que cessent les violences de part et d’autre. Mais il y a plus que la violence des actes et les douleurs qu’elle engendre. Il y a la « violence de situation », celle du joug subit, de la mise de son pays en coupe réglée, de l’asservissement et de l’exploitation, des sévices et de l’humiliation, de la discrimination et de l’injustice Tous ces maux enfin qu’un peuple ou un groupe humain doivent subir en silence sous l’épée de Damoclès menaçante des puissances constituées. Violence non exercée parfois quand les opprimés son dociles, non dites même, aussi longtemps qu’ils acceptent leur sort, mais foudroyante et terrible s’ils ne s’avisent jamais d’en contester la légitimité. Or, c’est le droit sacré des peuples de vouloir secouer les jougs qui les oppriment, de refuser de vivre à genoux, reniés par l’histoire La lutte de ceux ci pour la reconnaissance de leur existence, de leurs droits, de leur dignité, est sans conteste, une lutte juste, qui les absout de la violence à laquelle il doivent alors nécessairement faire appel, car nul n’a jamais fait capituler la « violence constituée » par aucun autre moyen que ceux de la violence insurrectionnelle.. Il existe deux méthodes par lesquelles peut prendre fin une situation conflictuelle. La première et la plus aisée, au moins en apparence, est la victoire totale de l’une des partie sur l’autre, qui suppose l’écrasement sans rémission de l’adversaire. La deuxième, souvent plus complexe dans les principes et plus délicate à mettre en œuvre, est celle du compromis, la recherche, à une certaine étape du conflit, d’une solution honorable, acceptable par les deux parties. Encore faut-il pour en assurer la durabilité, qu’il ne s’agisse pas d’un marché de dupe où l’une des partie se découvre « gros jean comme devant », ce qui en l’état actuel des choses est le cas précisément des palestiniens consécutivement aux accords d’Oslo. Mais tout accord quel qu’il soit ne fait que constater le rapport des forces entre les parties, et ne consent à chacune que ce qu’elle est en mesure d’exiger. C’est pourquoi il est vain et futile lorsqu’un « clausus-belli » apparaît, de se déclarer sitôt pour la paix, avant même que la partie demanderesse est acquis une certaine reconnaissance, établi un certain rapport de force la mettant en mesure d’avoir quelques prétentions crédibles. Exiger d’elle qu’elle négocie prématurément c’est comme lui demander d’abdiquer son combat. La condamnation de la violence en général au nom d’une certaine éthique humaine, d’une doucereuse morale idéaliste, avant même d’avoir au préalable examinées les causes du conflit ni trouvés les moyens propres à le solutionner, est à la fois outrancière et indécente. Outrancière car elle n’est en vérité qu’une façon hautaine de formuler une fin de non recevoir à l’interpellation qui en résulte, indécente, car condamnant la violence dont s’empare la partie demanderesse, elle occulte la « violence de situation » qui est l’attribue de la puissance constituée. Le pacifisme, que fonde les plus doux sentiments d’humanité, s’il n’y prend garde, devient lui-même, au nom du cœur, l’auxiliaire de l’oppression si se muant en pacifisme bêlant, par ses plaintes et ses larmoiements, il couvre la voix pétitoire de la justice et de l’équité. Pour être tout à fait loyale l’exigence de cessation des hostilités, voyons cela de façon très concrète à la lumière de l’exemple du conflit israélo-palestinien, devrait englober, bien entendu l’arrêt des violences actives de part et d’autre, mais aussi, et peut-être même surtout, la suppression de la « violence de situation » qui est faite au palestiniens, par le refus obstiné de leur accorder l’état auquel ils ont droit. “Et peut-être même surtout”... Ai-je écrit. Car par la reconnaissance immédiate du fait national qu’il représentent, avec la mise en possession de tous les droits élémentaires y affairant : celui à un territoire reconnu et sécurisé, celui a un état indépendant, celui à une armée sans laquelle il n’y a ni intégrité territoriale possible ni état véritable, on épuiserait les causes du conflit, si bien que les violences actives, devenues sans objet, s’éteindraient d’elles même, sans qu’il soit besoin de le spécifier Quand un peuple se lève et pétitionne, la solution équitable n’est pas de faire cesser les violences sous prétexte de l’examen ultérieur de sa cause, ce qui conduit nécessairement à une impasse pour celle-ci si ce n’est à sa précipitation aux oubliettes de l’histoire. Sans faire preuve d’une grande malhonnêteté intellectuelle ou cultiver des arrières pensées inavouables, nul ne peut, reconnaître à la fois la main sur le cœur, légitime la revendication nationale d’un peuple et lui interdire du même élan, le droit et les moyens de lutter pour la défense de celle-ci.


LE DIKTAT AMERICAIN


Bien que cela puisse apparaître comme un paradoxe, il y a pire que les attentats palestiniens eux-mêmes, pire que les représailles brutales et disproportionnées des Israéliens, il y a le silence et la voyeurisme du monde qui assiste sans bouger à l’étripage du peuple palestinien, boit dans l’indifférence jusqu'à la lie, la honte universelle du genre humain, paraissant attendre dans l’indifférence le dénouement ultime de la crise, la mort peut-être de Yasser Arafat et l’écrasement dans un bain de sang de la cause palestinienne. Car tel est bien le terme prévisible des événements actuels au Proche-Orient, l’objectif, en tout cas, que s’assigne la politique israélienne sous la direction d’Ariel Sharon. Lui interdire l’accès à la parole, faire taire la revendication nationale, nier l’existence physique du peuple palestinien, rayer sa cause de l’histoire contemporaine. Je vois cela et la nausée me vient, Je pleure pour les pays arabes tétanisées qui assistent, toute honte bues, à l’égorgement du petit peuple frère. J’ai honte pour ces autres nations qui se décernent à elles-mêmes le titre de « civilisées », restent témoins impassibles ou complices du crime. J’ai honte pour l’Amérique, « la plus grande démocratie du monde », ainsi qu’elle aime à se nommer elle-même, dont le Président il y a peu, affirmait, alors contre toute attente, le droit des palestiniens à un État, et qui cautionne aujourd’hui ouvertement la politique israélienne qui le nie. J’ai honte enfin pour la France, mon pays, duquel les lointaines lumières de la révolution éclairent encore pourtant le cœur du genre humain, si fière de s’arroger à elle-même le titre de « Pays des droits de l’homme » qui à l’instar des autres nations, reste, figée en attendant que s’accomplisse le forfait. Moi qui ne suis guère porté, par ma position sociale ni par ma culture politique, à faire l’apologie de l’homme et de son action, je me sens pourtant dans les circonstances présentes une vraie tendresse pour ce que l’on appelait alors, « la politique arabe du Général. » En faisant entendre, sur le dossier du proche Orient, la voix dissonante de la France, De Gaulle avait contribué à imposer un certain équilibre entre la politique arabe et le soutien pourtant indéniable à l’État d’Israël. J’ai même, malgré le peu de bien que j’en pense par ailleurs, une pensée attendrie pour le Président Mitterrand, l’homme qui mit fin pourtant aux particularismes Gaullien de la politique arabe de la France en rééquilibrant celle-ci en faveur d’Israël, mais qui en 1982, à la barbe de Sharon, déjà, n’en aida pas moins Arafat et l’OLP à sortir de la nasse de Beyrouth où ils étaient assiégées par l’armée israélienne et promis à un désastre imminent. J’ai honte pour la diplomatie française, frondeuse hier, aujourd’hui inféodée et pusillanime, qui ne paraît pas disposée à contester clairement le bon sens de l’oukase américain. Car c’est bien d’une mise en demeure, de la diplomatie américaine, au monde entier qu’il s’agit. Réagissant aux attentats inouïs du 11 septembre 2001, qui venaient de toucher de plein fouet, les États-Unis d’Amérique, le président Bush faisait une déclaration de guerre universelle au « terrorisme » et il précisait : tous ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous. Voilà tous les gouvernements du monde tenus d’avouer clairement la politique internationale des États-Unis au risque de voir figurer leur pays sur la liste des états terroristes ou soutenant le terrorisme, celle des ennemis de l’Amérique. Par ce stratagème n’a t elle pas intimer au reste du monde l’ordre de se taire, réduit son choix au « laisser faire » ou la participation active, à ces cotés. Voilà ce qui explique, en partie au moins, le silence actuel des nations subjuguées, mais ne l’excuse nullement. L’ESPRIT DE MUNICH Il n’y a pas si longtemps, on a vu une partie au moins des classes politiques européennes se mobiliser contre l’accès de Monsieur Raider, aux cercles de pouvoir en Autriche, agiter le spectre de Munich pour terrasser ceux qui ne voyaient pas l’événement à leur manière. Il ne faut pas laisser faire, hurlaient ils, perdant toute mesure, toute aptitude au discernement historique, ils éructaient, pour un peu ils eussent crié : “ no pasaran !” Eux dont les pères, en filiation politique, ont refusées des armes à la révolution espagnole, eux dont les prédécesseurs ont pleuré, en leur temps, de tendres larmes de crocodiles pacifistes quand Franco égorgeait la République. Vous n’êtes pas de leur avis, ils vous stigmatisent : souvenez vous de Munich. Comme si nous ne nous en souvenions pas au moins autant qu’eux, leurs invectives sont insultantes. Mais l’indifférence des masses européennes à l’avènement de Raider en Autriche, à la victoire électorale de Berlusconi, flanqué de l’Alliance du Nord, en Italie, ça n’est pas cela le danger, ça n’est pas ça la honte. Il n’y a pas dans cette passivité la moindre trace d’esprit munichois. Le syndrome de Munich frappe pourtant à nouveaux, atteint en tout premier lieu ceux qui en agitent le spectre si souvent, à tord et à travers, ils se taisent, honte à eux, ils ne veulent pas entendre le désespoir, les plaintes et les pleurs du peuple palestinien qui agonise, ils se taisent comme d’autres se turent quand Hitler égorgeait la Tchécoslovaquie.


INSULTE AUX VICTIMES DE LA SHOAH.


Mais les voilà qui rebondissent les aphones et retrouvent leur voix, ils s’insurgent : Évoquer le silence des nations européennes face à la montée du nazisme, à propos du silence actuel des nations quand les Israéliens préparent la mise à mort de la cause palestinienne, serait un parallèle indécent, inacceptable même, une insulte aux victimes de la Shoah. La Shoah, le mot est lâché, souvent, mais surtout trop souvent sans discernement là non plus. C’est en agitant sans cesse les souvenirs terribles de « la solution finale » imaginée et mise en œuvre par les Hitlériens au cours de la seconde guerre mondiale qu’ils s’efforcent de glacer les sangs de ceux qui s’indignent des crimes d’à présent. C’est avec l’évocation des images terribles des camps de la mort Nazis, des milliers d’êtres humains décharnés par la faim, avilis par la nudité, des amoncellements de cadavres, qu’ils intimes de se taire, au nom des souffrances passées, à la critique des exactions d’aujourd’hui contre la justice humaine et les droits des peuples. Mais il convient de rééquilibrer la vérité historique. La seconde guerre mondiale ne se résout pas toute entière dans « la solution finale », ses enjeux étaient avant tout économiques : refaire à l’avantage du Reich le partage du monde auquel n’avait pas permis d’aboutir la première guerre mondiale par suite de la défaite de l’Allemagne en 1918. Prospérant sur les cadavres des ouvriers l’Hitlérisme, qui fut avant tout nourris des défaites des révolutions Allemandes de 1918 et de 1921, était surtout une terrible machine de guerre contre le communisme et contre l’Union Soviétique. L’antisémitisme lui servit d’exutoire à la crise sociale afin d’embrigader les masses dans son entreprise guerrière. Les millions de victimes des camps de la mort n’étaient pas toutes juives, elles furent aussi communistes et socialistes allemands, tziganes et homosexuels, résistants de toutes les nations d’Europe, millions de spectres qui hantent à jamais les méandres de la mémoire collective des hommes. La honte ineffable dont le peuple allemand subjugué fut alors l’exécuteur coulera d’éternité dans le cœur humain. Puisse cette expérience douloureuse guider la conduite des peuples d’aujourd’hui et de demain, les prévenir de ne se faire jamais les instruments des tortionnaires présents et futurs. Le souvenir qui commémore n’est rien s’il ne sert à l’édification des générations nouvelles, à les garder de ne jamais tomber dans l’inhumanité et l’indifférence où furent parfois précipitées les générations aînées. C’est là, dans cette éventualité que réside la possible insulte aux victimes, peuple fantôme de la conscience humaine. Ce serait en effet une injure à leurs souffrances et à leurs sacrifices que de les invoquer pour ordonner de se taire aux consciences qui s’insurgent contre les injustices et les souffrances d’aujourd’hui, dont le peuple palestinien est une des victimes, pathétique.


UNE GUERRE INJUSTE


On pouvait en juger dés leurs lendemains immédiats : les attentats du 11 septembre, nonobstant les responsabilités, avérés ou non, de qui que ce fut, par delà la question de leur gravité, mais eu égard à la politique des États-Unis, étaient déjà relégués aux statuts de simples prétextes, de justifications à la poursuite de visées inavouables. Au nombre de celles-ci, bien sur, la plus évidente de toutes, la position géostratégique de l’Afghanistan au carrefour des mondes et à proximités immédiates des réserves de pétrole des anciennes Républiques soviétiques d’Asie centrale, qui excitent toutes les convoitises et expliquent pour l’essentiel les conflits et les déchirements dont ce pays est le sujet ou l’objet depuis plus de vingt ans. Mais un aspect, je l’avoue, n’avait pas immédiatement retenue mon attention de façon suffisante ni satisfaisante. Pour faire la guerre au « terroriste » Ben Laden, dans la mesure où celle-ci était prétexte surtout à prendre pied en Afghanistan, il fallait bien entendu faire la guerre aussi au régime des Talibans. Mais pourquoi généraliser tant, pourquoi dés les premières heures après les événements du 11 septembre, déclarer une guerre planétaire au terrorisme, comme si le terrorisme était “UN”, réuni en système mondial cohérent. Pourquoi avertir que cette guerre serait longue et que Ben-Laden et l’Afghanistan des Talibans ne seraient pas ses seuls objectifs, que la liste de ces derniers était déjà consistante, et pourquoi laisser filtrer les noms : du Soudan, de la Somalie, du Yémen... En s’efforçant toutefois de ne pas impliquer ni l’Irak, ni la Syrie, ni la Libye, dont pourtant chacun sait parfaitement qu’ils sont les « bêtes noires » des USA, inscrits de longue date sur leur liste des états terroristes ou soutenant le terrorisme, au temps déjà de la présidence de « papa Bush », mais qu’il ne fallait pas évoquer pour l’instant, afin que les états arabes se tiennent tranquilles, pendant que l’oncle Sam faisait un sort au régime des talibans. Mais le Terrorisme, pris dans cette acception universelle, c’est également, tout aussi bien, l’ETA au pays Basque, l’IRA en Irlande du nord, Corsica Nazione et plusieurs autre en Corse, les organisations de la résistances kurdes mais en Turquie seulement[5], la résistance islamiste aux Philippines, le GIA en Algérie, les frères Musulmans en Egypte, les organisations clandestines au cachemire, la guérilla Colombienne, la résistance tchéchéne, le Hezbollah du sud Liban, et, ça ne pouvait manquer bien sur, le HAMAS et le Jihad Islamique des palestiniens. J’en passe car la liste exhaustive en serait bien trop longue et d’ailleurs je ne les connaît pas toutes. La guerre au Terrorisme selon cette définition large signifie donc, rien moins, que les Etats Unis d’Amérique s’arrogent, dés lors, le droits d’intervenir à peu prés n’importe où sur la planète, où ils veulent, quand ils veulent. Or c’est à de telles prétentions démesurés, à cette arrogance de grande puissance dominante, à cette morgue de « Maîtres du monde », que la plupart des nations occidentales et même beaucoup d’autres dont plusieurs nations Arabes, bien malencontreusement, ont fait acte d’allégeance en prenant une part plus ou moins active à ce qui à été baptisé « coalition antiterroriste ». C’est ainsi que la déclaration de guerre planétaire au terrorisme s’avère être l’acte officiel de vassalisation de toutes les nations et peuples de la terre à l’Amérique Suzeraine. Une telle entreprise, on le comprendra aisément, demande du temps, en effet, et des efforts considérables, c’est la raison pour laquelle, celle-ci menée sous l’égide de la lutte contre le terrorisme méritait d’être présentée comme une guerre de longue haleine. L’Amérique a chaussé ses « bottes de sept lieues », et vient de faire un pas nouveau gigantesque dans la réalisation de la mondialisation économique et du « nouvel ordre mondial », politique et militaire, annoncé, à grand renfort de trompes, depuis la chute du mur de Berlin et la guerre du Golfe et qui dés lors marchent de pair. De doux rêveurs des siècles antérieurs avaient parfois imaginé, appelé de leurs vœux la République universelle, cette association idéale, librement consentie par les peuples libres. Les voilà renvoyés avec rudesse à la dure réalité du monde, nous assistons en ce début du vingt et unième siècle à l’avènement d’un Empire Universel, sorte d’encasernement obligatoire des nations enrégimentées. La “World Compagnie” règne sur la terre. Glacée par la clameur internationale, les plus sensés se sont tu. Il faut avoir le courage de dire haut et fort, à la face du monde, et qu’elles que puissent être les retombées individuelles de cette franchise, un certain nombre de vérités premières. Dussai-je m’exposer, si je m’y avise, j’en suis conscient, à la terreur intellectuelle des faiseurs de l’opinion, voire à leurs tracasseries judiciaires, aux insultes même ou aux menaces physiques, qu’importe, mon parti est pris, je ne me tairai point. Et tout d’abord, j’oserai dire cette vérité-ci, qu’il y a « terrorisme et terrorisme ». Il n’est pas vrai, contrairement à ce qu’affirme le président Bush, “que tout doit être blanc ou noir, qu’il n’y a pas de gris[6]. Cette vision manichéenne du bien et du mal tout juste acceptable lorsqu’il s’agit d’esthétique dans la tradition du cinéma, hollywoodien, est ici l’expression d’une « perversité idéologique » dangereuse quand il s’agit de politique et surtout de politique internationale, au demeurant celle de la nation la plus puissante de la planète. En cette affaire, comme en tout autre, le manque de discernement conduit à l’inintelligence du monde et des situations ? Les Espagnols qui, en leur temps, luttèrent contre les armées napoléoniennes, ouvrant l’ère des guerres populaires, ne furent-ils pas les premiers terroristes ? Or depuis ce temps-là, il n’est guère de cause populaire dans le monde qui n’ait eu ses propres terroristes, toute cause minoritaire ou populaire s’est vue à un moment ou l’autre ainsi anathématisée : « terroriste » par les puissances gouvernantes et dominantes. Les résistants français, yougoslaves ou grecs étaient des terroristes pour les armées allemandes d’occupations, terroristes les combattants sionistes[7] qui luttèrent pour la création en Palestine d’un foyer national juif, terroristes les combattants de l’indépendance algérienne, ceux de l’OAS pour l’Algérie française, terroristes bien sûr les Palestiniens qui dans les années soixante dix entreprirent leur quête d’identité nationale. Tout assujettir ainsi au concept « fourre tout » de « terrorisme » est en vérité un moyen, en apparence aisé, mais licencieux en vérité, pour ne pas s’attarder sur les causes concernées, leurs origines, leur légitimité éventuelles. L’action terroriste, si bien-même, on la condamne à priori au point de vue du sentiment humain, de l’éthique et de la morale, et malgré l’aversion que l’on a pour elle et ses moyens, nous autorise-t-elle à classer comme injuste une cause juste au prétexte que ses défenseurs ou certains d’entre eux y ont recours ? La cause des résistances nationales contre l’occupation allemande était une cause juste, il ne fait aucun doute, et l’attentat terroriste du colonel Fabien et des milliers d’autres actes semblables n’y peuvent rien changer. La cause de l’indépendance algérienne était une juste cause, et même si les moyens mis en œuvre pour sa défense ne nous ont pas toujours agréé, même s’ils bousculent notre conscience et exacerbent notre compassion, elle n’en reste pas moins une juste cause pour le jugement de l’histoire. A l’inverse, le combat de l’OAS était une cause injuste et il est naturel qu’on lui conteste pour cette raison le droit de faire usage des moyens du terrorisme, non pas que ceux-ci soient plus ou moins condamnables dans ses mains que dans d’autres, mais parce que son combat était injuste et, comme tel, lui dénie le droit d’avoir défendu cette mauvaise cause par quelques moyens que ce fut. La lutte des palestiniens relève, elle, d’une cause juste, et il le faut dire haut et fort, elle le reste quoiqu’il en soit, indépendamment de la question des moyens mis en oeuvre pour sa défense Les causes justes ont le droit d’exister et de se faire entendre. Cela fait partie du droit sacré des peuples à s’insurger contre l’injustice et l’oppression. Certes, les moyens militaires conventionnels ou ceux de l’insurrection de masse, par exemple, paraissent bien naturellement plus conformes à l’idée que l’on se fait d’une certaine éthique et en plus grande adéquation avec les exigences morales qui animent la plupart d’entre nous, mais il est des situations où le recours à ces moyens est impossible. Comment un peuple opprimé, dominé, nié dans son existence même, enveloppé par l’administration et les forces de répression de la puissance dominante, voire par tout un peuple hostile[8] donc sans structures propres, sans armes et sans armées, privé parfois même de sa langue et de son identité culturelle, peut-il entreprendre la lutte pour la reconnaissance de ses droits élémentaires ? Le recours aux actes terroristes n’est il pas incontournable en de telles circonstances ? Eclaté, paupérisé, parqué dans des camps de réfugiés au Liban, en Jordanie ou sur la terre occupée de leurs aïeux, à quel type d’insurrection le peuple palestinien pourrait-il avoir recours, peuple de va nus pied, désarmé, quelle lutte conventionnelle pourrait-il entreprendre contre l’état hébreu surarmé ? Ne lui a-t-on jamais laissé le choix des moyens ? Chassée de Jordanie par le « septembre noir » de 1973, l’OLP se regroupa au Liban d’où elle eut put conduire une guerre conventionnelle contre son ennemi. Tous les moyens : terreurs, complots, divisions, actions secrètes, guerres civiles fomentées et guerre tout court, furent mis en œuvre, de toute part, pour l’en déloger au plus vite. Doit-il pour autant, ce peuple, renoncer à sa juste cause et à son combat ? Alors, les seuls peuvent s’étonner encore et prétexter du recours à l’action terroriste comme méthode de lutte, ceux qui ne veulent pas seulement lui contester la légitimité de ce recours, mais en vérité le droit même d’exister et de se battre pour la reconnaissance de son fait. Parce qu’elle pratique l’amalgame entre les causes, justes ou injustes, discréditant les unes aux dépens des autres, la guerre contre le terrorisme révèle être, sous cet éclairage, ce qu’elle est vraiment, un simple outil de propagande et de lutte à la discrétion de l’impérialisme américain, pour servir ses entreprises belliqueuses et ses projets d’asservissement du monde. La « guerre au terrorisme » est une guerre injuste, peut-être la plus injuste des guerres de l’histoire, à ce titre, elle doit être dénoncée et combattue par tous les peuples, fiers et indépendants, tous les hommes libres, et toutes les forces progressistes du monde.


LA PAX AMERICANA


Dans le dernier « discours sur l’état de l’union » qui était le premier du genre pour le président Bush junior (30 janvier 2002) celui-ci, en menaçant de ses foudres, l’Irak, l’Iran et la Corée, a confirmé les craintes les plus noires que ses précédents discours donnaient à concevoir, s’est installé souriant dans les habits de prince de la terreur internationale. Mais, de plus, en signalant particulièrement comme « organisations terroristes » visées, le HAMAS et le Jihad Islamique, et en expliquant par l’hypothèque qu’ils sont sensés faire peser sur la sécurité d’Israël, les menaces en direction de l’Irak et de l’Iran, il a précisé sa pensée et dévoilé les mobiles véritables de cette orientation : éradiquer le fait national palestinien par l’homicide de ceux qui en sont encore les porteurs, et les priver de tout appui, leur fermer par avance toute possibilité de repli même lointain. En fait, se saisissant de l’émotion planétaire provoquée par les attentats inouïs du 11 septembre et entretenue plusieurs mois durant par les médias occidentaux coalisés, c’est à la criminalisation de toutes les causes minoritaires et populaires, indifféremment amalgamées dans la catégorie de terroristes, que se sont employés les dirigeants des USA avec la caution de la totalité des dirigeants occidentaux et celle, parfois inconsidérée, de beaucoup d’autres nations et peuples. Sous réserve de régler, par des moyens qui agréent à ses intérêts toutes les causes, justes ou injustes, tantôt par l’écrasement ou tantôt par la mise en œuvre de moyens appropriés, selon ce qui convient à son service, il se pourrait que s’instaure un jour sur la planète ce qu’il faudra bien appeler alors : « Pax Americana ». Bâtie sur l’injustice et les inégalités, la « liberté de brigandage international » des grandes multinationales, l’asservissement des nations, la misère et la faim, le délabrement des mœurs, l’avilissement de millions d’êtres humains par la prostitution et la drogue, la violence généralisée, l’exploitation des enfants, cette paix n’existera et ne se maintiendra, un temps, que par la dictature de la peur. Car si le terrorisme, dont on voudrait bien se passer, est une calamité, tout comme les guerres d’ailleurs, faut-il s’abstenir de penser, et de dire, que celui et celles qui provoquent le plus de dégâts, enserrent dans leurs gangues et menace le monde entier sont avant tout le fait des grandes puissances, qui se livrent sans le moindre complexe ni considération morale, au vandalisme et à l’usure, à des actes assimilables à de véritables braquages de nations entières, à la rapine, au racket et au pillage du tiers monde, pour servir leur inextinguible appétit de profits. Comment faut-il nommer autrement des actions telles que la guerre du golfe contre l’Irak, l’écrasement de la Serbie sous les bombes, le pilonnage de Groznyï, les bombardements réguliers de Bagdad depuis plus de dix ans, ceux de Tripoli, l’embargo commercial de l’Irak et de Cuba et, plus récemment, les menaces à l’encontre de nombreux états souverains et organisations de lutte, sinon des actes de terreur internationale. Qu’ils soient les faits officiels des gouvernements et de leurs armées quand ce n’est des alliances militaires ou instances internationales ne changent rien à cela. Fussent-ils couverts par les lois, par la légalité internationale, comme ils disent, dont ils décident eux-mêmes, à l’aune de leurs intérêts, par de prétendues considérations humanitaires, par le « droit d’ingérence » qu’ils s’arrogent et qui est le contraire de la souveraineté des peuples, que garantissait jusque là, quoique mal, la notion inverse de « non-ingérence dans les affaires intérieures des états », ils n’en sont pas moins des actes de terreur internationale. Les moyens des organisations terroristes, des kalachnikovs, quelques quintaux d’explosifs, des kamikazes, quelques avions volés, les quelques armées de va nus pieds, mal équipés des malheureux états incriminés, paraissent bien dérisoires au regard des moyens colossaux des États-Unis et de ses alliés : leurs satellites espions, la mains mise sur tous les moyens planétaires d’information et de communication, une bonne dizaine de porte-avions, des milliers d’avions, d’hélicoptères de combat, de chars et d’engins blindés, des arsenaux gigantesques regorgeant de missiles, de bombes de toutes tailles et de toutes sortes. Que serait-ce la paix ainsi obtenue et préservée, par la menace d’un déluge de fer et de feu pour qui s’aviserait d’en contester les fondements, une paix armée, le revolver de l’Amérique en permanence pointé sur la tempe des peuples, « une prison des nations ». Il ne faut pas confondre « paix » et « pacification » la première est librement consentie, par ses partenaires, fusse au terme d’un cruel combat, la deuxième traduit un état de coercition et suppose un profond traumatisme des vaincus (parfois même des vainqueurs). Ce serait un édifice de sable à n’en pas douter, tout en haut duquel, érigés un temps en « maîtres du monde », les États-Unis d’Amérique régneraient sur “l’Empire de la terreur planétaire”.

Que pourrait-elle bien être, en effet, cette République mondialisée de la World-compagnie, sinon celle de la barbarie vouée aux gémonies, règne de la grossièreté, du mauvais goût, du mal vivre et de la mal bouffe, de l’injustice et de l’iniquité, de l’avilissement culturel et moral, de l’injure permanente à la dignité. Peut-on bâtir l’avenir de l’humanité en foulant aux pieds les valeurs humaines les plus essentielles ? De quelles « lumières » ne pourra jamais briller cet Empire du mal planétaire, du fric et du profit immédiat, où la valeur d’un homme s’exprime par son poids en dollars ? Expression de la vanité du vainqueur, à l’instar des Babyloniens, peut-être voudra-t-il, cet empire, reconstruire, à Manhattan où ailleurs, deux tours jumelles géantes de plus de quatre cents mètres de haut, répliques obstinées de feu le World Trade Center. Par delà l’injurieuse suffisance signalée, à l’endroit de toutes les nations de la terre de se proclamer ainsi « le nombril du monde », n’y faudrait-il point voir une insulte à la tradition biblique, à « Dieu » même, que ces gigantesques phallus érigés qui menacent le ciel ? Manifestation ostentatoire de la puissance, qui déclare au monde les intentions viriles de l’Amérique. Alors peut-être, en sa Babel, par la vertu de son profil sans doute et de sa stature historique, le potentat “Baby Bush” reléguera-t-il Nabuchodonosor aux oubliettes de l’histoire ?


DAVID ET GOLIATH


D’une part des bombes guidées au laser, des missiles de courte et moyenne portées, sol-sol, sol-air, anti-chars etc., des véhicules blindés et des chars sophistiqués, une marine même, des avions de guerre en grand nombre et des hélicoptères de combat, une armée professionnelle bien entraînée, l’appui inconditionnel quasiment illimité, financier et logistique, des États-Unis et de la Diaspora, d’autre part, un peuple de réfugiés chassé de ses terres, des ventres creux, des enfants et des pierres et quelques kalachnikovs, des martyres disposés pour leur cause au sacrifice suprême et un peu d’explosif. Qui est qui ? Qui est quoi ? Que signifie vraiment le mot « terreur », dont dérivent les mots « terroriste » et « terrorisme » ? La terreur est un système de gouvernement bâtie sur la peur, et avant d’être ceux des organisations de luttes anti-gouvernementales, les terroristes sont ceux qui s’adonnent à de telles méthodes de pouvoir. Si l’on s’en tient à l’étymologie, le terrorisme artisanal, sans nul doute, est du côté des combattants palestiniens, mais l’usage de la terreur massive, de la terreur d’état, comme système de gouvernement, est tout aussi sûrement le fait exclusif de l’état d’Israël. Israël a vécu depuis sa création en 1948, sur le mythe du petit peuple noyé dans un océan d’hostilité, quatre millions de juifs parmi soixante millions d’arabes. Guerre d’indépendance (1948), crise de Suez dans laquelle il prêta main forte à la France et à l’Angleterre (1956), guerre des six jours (1967), guerre du kippour, (1973), des armées arabes défaites, les gros plans des télévisions occidentales goguenardes sur les chaussures abandonnées, dans le désert du Sinaï, par les soldats égyptiens afin de fuir plus vite, disait-on. David-Israël, son armée n’arbore-t-elle pas l’étoile du même nom, a ainsi maintes fois tourné en dérision la nation Arabe-Goliath. Le petit état frondeur pour réécrire la légende biblique, tout à son avantage, n’a pas rechigné d’arranger la réalité à sa convenance omettant de spécifier, avec l’aide condescendante des médias occidentaux, qu’en fait de “fronde” il possédait une des armées les mieux équipées et les mieux entraînées de la région, avec des appuis logistiques importants de plusieurs nations occidentales, très motivée au demeurant, et que le géant qu’elle défiait avec tant d’ardeur était en vérité un géant aux pieds d’argile, en guenilles, perclus de divisions, disposant d’armées éclatées sous équipées et sous entraînées, impropres à une guerre conventionnelle moderne et de surcroît peu motivées. Mais en 1982, la campagne du Liban, intitulée “opération paix en Galilée” a tout changé, bouleversé même les clichés les plus tenaces. Contre « Tsahal », la seule armée au monde qui porte un joli nom de fille, sur entraînée, sur équipée et bien motivée, l’armée d’alors des patriotes palestiniens, des vas nus pieds, équipée de bric et de broc de kalachnikovs surtout, de quelques orgues de Staline, d’un peu d’artillerie, sans aviation ni hélicoptère, sans char, sans marine, sans même une véritable défense antiaérienne a vaillamment résisté à l’aviation et à l’avance israélienne, ne s’est pas débandée, ne s’est pas enfuie. Repliée dans Beyrouth assiégée elle n’a pas capitulé se préparant impavide à l’ultime combat au corps à corps qui paraissait inévitable, forçant le respect, l’admiration et la compassion de tout ce que le monde compte d’êtres humains dignes de ce nom. C’est alors que survint une main secourable, celle de la France tendue par le Président Mitterrand. Cela ne modifiait en rien le rééquilibrage de la politique moyen-orientale de la diplomatie française qui avait été opérée sous son impulsion au tout début de son mandat. En sauvant Arafat et l’OLP celui-ci entendait seulement ménager l’interlocuteur valable dont Israël aurait besoin, quand le moment en serait venu, pour négocier une paix ultérieure. Sauvés, mais à présent, loin des frontières de l’état d’Israël, loin de leur Palestine chérie, les combattants de l’OLP en exil à Tunis n’étaient plus au contact de leurs adversaires. Il leur faudrait poursuivre par d’autres moyens leur combat fondateur. Défaits sans doute, battus assurément, désarmés certes, ils étaient toutefois sortis de la nasse, au nez et à la barbe de Sharon après une longue résistance héroïque. Depuis lors, la chasse israélienne, dont les ailes sont toujours frappées de l’étoile de David, s’est livrée à bien des raids, des opérations, des sorties, des incursions belliqueuses, n’hésitant pas à aller bombarder le QG de l’OLP à Tunis et tentant à plusieurs reprises de tuer Arafat. Mais la légende avait fait long feu. L’audace israélienne qui avait forcé l’admiration du monde lors de l’opération commando d’Entebbe[9] ne paraissait maintenant que gratuitement provocante à l’encontre des arabes, était ressentie comme de l’acharnement injustifié à l’endroit des palestiniens. Les héros d’hier, étaient fatigués, ils prenaient des allures de tortionnaires. D’autant qu’il y avait eu les massacres des camps de Chabra et Chatila au sud liban, opérés par des milices chrétiennes et couvert par le ministre israélien de la défense, le Général Sharon en personne. Qui est qui, qui est quoi, les consciences du monde commençaient à s’interroger, qui est David, qui est Goliath ? Au lendemain des accords d’Oslo, Arafat et l’OLP quittèrent leur exil de Tunis et vinrent se mettre d’eux-mêmes, dans des territoires exiguës et surpeuplés, avec les seules armes utiles aux fonctions de police, c’est à vrai dire désarmés, à la discrétion de leur ennemi. Les territoires autonomes, puisque ce fut leur nom, sous autorité palestinienne, entité territoriale éclatée, sous le contrôle permanent et étroit de l’armée israélienne et de sa marine, économiquement dépendant de l’état hébreu, dans la quasi-impossibilité de s’armer pour se défendre, en cas de résurgence du conflit, ne sont en vérité que la réplique israélienne des Bantoustans de l’Afrique du Sud, dont le principe fut en son temps condamné par la communauté internationale. Alors, quand l’application des étapes suivantes des accords d’Oslo a tardé à se réaliser[10], quand il fut évident que les implantations israéliennes se poursuivaient au même rythme, quand l’impatience du peuple palestinien des territoires commença à se manifester, quand il devint clair que le retour des réfugiés chassés de leurs terres par les conquêtes israéliennes était exclu, quand il s’avéra que le statut de Jérusalem n’était pas négociable, le conflit éclata tout de même, malgré l’énorme disproportion des forces entre ce peuple désarmé et son puissant rival. Pathétique combat qui prit le nom “d’Intifada”. Avec des pierres, contre des fusils, les enfants palestiniens, mains nues, torse nu, soutenus par leur grande audace et leur ineffable courage, ont imposé un silence admiratif et respectueux au monde, la compassion des amis de l’humanité et de la liberté. S’en était alors définitivement fait du joli conte du petit état agressé en position de légitime défense, s’en était fini de l’arrangement de la légende à l’avantage de l’état hébreu. A cette étape, les enfants palestiniens s’étaient appropriés la tradition biblique, armés de pierres et de frondes, ils sont David face au Goliath de la technologie militaire.


CRIMINALISATION DE LA CAUSE PALESTINIENNE

De tergiversations en négociations, de plans de paix en grandes manœuvres diplomatiques, les acteurs du conflit avec l’aide des diplomaties étrangères qui les chaperonnent, parvinrent à apaiser pour un temps la colère de la rue palestinienne. Les Israéliens allaient-ils en profiter pour administrer la preuve de leur bonne volonté ? Pas le moins du monde. Les implantations de colons se sont poursuivies, les provocations multipliées, les vexations aussi. La visite de Sharon sur l’esplanade des mosquées[11], était un pied de nez et une provocation à l’égard des palestiniens, parce qu’elle était celle du boucher de Chabra et Chatila sur l’un des hauts lieux de l’Islam, mais aussi et peut-être surtout, parce qu’elle était pleine de sombres sous-entendus quand à la question de Jérusalem et du devenir de son statut. La provocation fut ressentie comme telle, bien au-delà des territoires palestiniens, bien au-delà d’Israël, au-delà même du proche orient et du monde arabe, par tous les gens de bien, les amis de la liberté et des droits des peuples. La réaction du peuple palestinien était tout autant prévisible qu’inévitable, il n’y eut guère de bonnes âmes alors qui s’avisassent de la trouver illégitime ou inconsidérée, Les enfants et les pierres refirent leur apparition dans les rues de Gaza, les fusils israéliens aussi, le décompte macabre recommença dans la proportion de dix palestiniens pour un Israélien tué. Un gosse tué par balle à un carrefour dans les bras de son père, sous l’œil des caméras, et voilà que l’opinion internationale horrifiée fait mine d’accuser la brutalité israélienne. Alors quand des soldats de Tsahal, appréhendés par la police palestinienne, sont défenestrés par une foule dont la fureur est, somme toute, bien compréhensible, les médias occidentaux vont se déchaîner contre la « barbarie » palestinienne, comme s’ils eussent voulu combler le déficit de popularité de l’oppresseur. Mais cette deuxième Intifada ne ressemblera pas tout à fait à la précédente. Las ou plus justement, excédés, de voir mourir leurs enfants désarmés sous les balles israéliennes, des policiers palestiniens répliquent avec leur kalachnikovs, des groupes armés, dont le “HAMAS”, le FPLP, le Jihad Islamique, décident de riposter en déclenchant des actions terroristes. Aux chars, aux autos mitrailleuses, aux canons, aux missiles, aux hélicoptères de combat, aux avions, aux bombes, aux soldats professionnels équipés de gilets pare balle, aux bulldozers qui rasent leurs habitations, ils répondent par les attentats suicides. Voilà t-il pas alors que la presse et les médias occidentaux qui, sans ignorer le pathétique de la situation, n’y voyaient jusque-là semble t-il guère à redire au plan de l’éthique ou de la morale, quand les enfants palestiniens désarmés exposaient leurs corps presque nus aux tirs des soldats de “Tsahal”, sont pris tout à coup d’horreur et de dégoût pour ces kamikazes qui, à faire don de leur corps, ont décidé de ne pas le faire gratuitement, de porter à leur tour, la mort et la désolation en territoire ennemi. “Terrorisme ! C’est du terrorisme !” Ceux qui hurlent ainsi voudraient que la condamnation des bonnes âmes fut unanime et sans appel. Mais, passé l’instant de la réaction émotionnelle, quand on s’en remet à la raison, en quoi dites-moi un peu, la mort et la terreur portées, avec des moyens rudimentaires, par des jeunes gens qui se sacrifient pour leur cause et font au moins, comme pour expier leur crime, sur le champ, l’honneur à leurs victimes de mourir avec elles, est elle plus horrible que la mort et la terreur massive répandues à l’aide de F16 et de chars par des soldats, assurés, par la supériorité de leurs équipements, la force de leur Etat et la protection américaine d’une quasi-impunité ? Et s’il se peut qu’un minimum de sens moral subsiste, s’il se peut que l’honneur puisse être évoqué encore, lorsque l’entre déchirement des peuples atteint au paroxysme, je vous le demande, de quel côté a-t-on quelques chances, même minimes, d’en trouver des vestiges ? Les accords d’Oslo avaient livré un peuple désarmé à la disposition des Israéliens. Sous garantie de la protection internationale qui devait veiller à leur bonne application, ce « mouton » acceptait de s’en remettre à son « loup ». L’Etat Hébreu allait-il faire preuve de la pondération que l’on est en droit d’attendre du fort quand il dispose du faible et qui, à défaut de l’amitié, est de nature à lui gagner tout de même l’estime et le respect du faible par la hauteur de sa conduite, s’abstiendrait-il de pousser trop loin son avantage, aurait-il à cœur d’aboutir à une solution honorable, et par là à la restauration de son image ? Les événements ont prouvé que non, disposant de son ennemi, il a résolu d’en abuser, perdu tout sens de la mesure, et paraît déterminé à tirer partie de son avantage jusqu'à son terme ultime, prêt à porter l’estocade. Voilà déjà plusieurs mois que le Premier Ministre Ariel Sharon somme Yasser Arafat, de faire cesser les violences anti- israéliennes, à défaut de quoi il le considérera comme terroriste et le traitera en conséquence. Or nul n’ignore que les organisations qui commanditent les attentats, échappent au contrôle de l’autorité palestinienne, et même contestent celle-ci qui ne peut pas satisfaire, ne disposant pas des cartes nécessaires, aux conditions de Sharon, ce qui la met dans l’impossibilité de récuser la qualification de terroriste dont celui-ci veut l’accabler coûte que coûte. Mais n’a-t-on jamais vu l’Espagne accuser le gouvernement français d’être responsable des attentats terroristes de l’ETA ou l’Angleterre accuser le gouvernement irlandais de terrorisme, en le voulant tenir pour responsable des actions de l’IRA ? Pour obtempérer à ce qu’il faut appeler un ultimatum, il est demandé en fait, à son chef, rien moins que de transformer l’autorité palestinienne en simple auxiliaire du pouvoir israélien dans les territoires autonomes, comme l’ALS[12] le fut en son temps au sud Liban. Cela, on s’en doute, serait de nature à déclencher une guerre civile inter palestinienne, véritable suicide collectif pour la cause du peuple dont Arafat est le leader et le guide historique. Ainsi, et comment qu’ils s’y prennent, acculés au suicide collectif ou à un combat inégal, leur cause est de toute façon, semble t-il, entendue. Georges W Bush, à l’unisson déjà avec Ariel Sharon, lui demandait, il y a peu, de faire cesser les violences, c’est-à- dire de faire cesser le combat de son peuple pour sa juste cause. Puis, par l’entremise de Tony Blair, son factotum, en voyage en Israël, il signifiait récemment, on ne peut plus clairement au monde entier, qu’il embrasse à présent totalement la cause israélienne, conteste la représentativité de Yasser Arafat, rejette dans le néant « l’autorité palestinienne », gommant de la sorte définitivement les accords d’Oslo. Enfin, trois mois seulement après lui avoir reconnu, au lendemain des attentats du 11 septembre le droit à un Etat, ce dont les USA n’avaient jamais convenu jusque là, le chef de l’exécutif américain signait l’arrêt de mort de la cause palestinienne en l’assimilant lui même sans détour au terrorisme. C’est qu’en vérité cette déclaration n’avait été qu’une feinte odieuse et grossière, qui coûtait d’autant moins à la diplomatie américaine qu’elle savait ne pas devoir en tirer jamais la moindre conséquence, « l’entité » qui revendique ce droit national étant vouée, selon ses plans, certes encore secrets mais non moins évidents, à une éradication prochaine. Voilà la brutale et honteuse répression israélienne rachetée, son ignominieux combat contre les droits fondamentaux d’un peuple métamorphosé en glorieux épisode de la guerre générale contre le terrorisme dont la cause palestinienne criminalisée devient, inclusive, comme il était prévisible, et la prochaine victime désignée. La brutalité signalée de Sharon n’a d’égale que le cynisme ostentatoire du président des États-Unis. Dans la question du droit des palestiniens à un Etat, comme dans celle du silence observé quand aux pays arabes visés par la stratégie de guerre planétaire au terrorisme, il s’agissait uniquement de s’assurer la neutralité des nations et de la Ligue arabe le temps nécessaire au bon déroulement des opérations en Afghanistan. C’est que la situation n’était pas sans danger. Le régime pakistanais, en grande difficulté, était susceptible de s’effondrer sous la pression islamiste, en cas de résistance prolongée du régime des Talibans, ce qui eut rendu la situation fort périlleuse. Mais celui-ci s’est effondré, semble t-il plus vite et plus facilement que prévu. A la promptitude de cette chute, le gouvernement pakistanais du général Moucharaf doit probablement son salut, qu’il avait entrepris de chercher en réactivant la question du cachemire comme moyen de diversion à la colère de son peuple. Leur succès en Afghanistan les confortait, une base arrière possible pour des forces hostiles, très dangereuse pour les contingents américains et coalisés, en cas d’opération contre d’autres pays de la région était sous leur contrôle, Les États-Unis n’avaient plus besoin dès lors de ménager la neutralité des Arabes, feu vert pouvait être donné à Ariel Sharon, pour “traiter” le “terrorisme palestinien”.


L’ADVERSITE NE CEDE PAS AUX CARESSES


En donnant son sang pour les victimes du Word-trade-center, le chef de l’autorité palestinienne, voulait se démarquer lui, avec la cause de son peuple, de la stratégie de la terreur, en appeler à la fibre sensible et à la fraternité des hommes. Il a sentit, presque instinctivement, le danger, que les discours belliqueux de l’administration Américaine contre le “terrorisme” pourraient sous peut les viser lui et son peuple. A t il seulement espéré par ce geste symbolique, ôter ses arguments à Sharon ? Cela restera dans l’histoire comme la faute impardonnable et peut-être fatale d’Arafat, d’avoir imaginé un moment, par les moyen du cœur, tenir la force en respect et par la main tendue de l’opprimé à l’oppresseur, inciter celui-ci à renoncer à ses fins. Ce combattant de la première heure a donc crû qu’il y avait au dessus des hommes et leurs conflits, un possible sens de l’honneur du droit et de la justice. Paradoxalement sa méprise le grandira malgré tout dans l’estime des hommes, , car bon est nécessairement celui qui croit à la bonté d’autrui. Mais quoiqu’il en soit on ne vient pas à bout de l’adversité par les caresses. Quand il eut fallut, au contraire, dés l’abord s’inscrire en faux contre ce discours, en démontrer, les dérives programmées où prévisibles, appeler les nations et les peuples dominés à ne pas lui apporter leur concours, les mettre en garde contre la mise en œuvre d’une machinerie diabolique faite pour les broyer, la réaction d’Arafat doit s’analyser, pour le moins, comme hâtive et imprudente. N’avait-il pas compris, cela pourrait expliquer sa faute, que quoiqu’il fasse et comment qu’il proteste, de son humanité et de sa bonne foi, la cause palestinienne, nonobstant le non dit momentané, était de toute façon l’une des cible privilégiée de la stratégie globale que la maison blanche rendait publique. Qu’il fasse un geste fort d’humanité, soit, mais il ne devait pas moins dénoncer les sens cachés du discours officiel de l’Amérique, au lieu de quoi il lui a apporter sa caution morale a contribué, par son prestige et son autorité dans le monde arabe, à le valider, mis en quelque sorte, lui même, la tête dans la lunette. La nouvelle stratégie de l’administration américaine, n’a pas été élaborée en quelques jours aux lendemains des attentats du 11 septembre, on n’engage pas un grand pays et d’une certaine façon le monde, dans une telle aventure, sous l’empire de la colère et de l’émotion, elle est, à n’en pas douter, le fruit d’une longue élaboration préalable, et le produit des changements survenus dans la situation du monde. Avec la disparition de l’URSS et du bloc de l’est les peuples en lutte ont vu disparaître une situation de conflit latent entre deux puissances, qui ouvrait un espace pour l’existence de leur cause, favorisait leur armement, et la poursuite de leur lutte. Non pas, comme persistèrent à le croire longtemps certains, que l’URSS soit la championne de l’émancipation des peuples, mais du fait de la concurrence des deux puissances mondiales, et de leurs luttes souterraines pour le contrôle ou l’extension de leur zone d’influence et les enjeux géostratégique induits. Resté seule super puissance, les Etats Unis, misent à présent sur leur aptitude à instaurer à l’échelle de la planète, un « nouvel ordre mondial » fondé sur leur hégémonie politique et militaire. Cela leur ouvre la perspective de résoudre certains conflits régionaux par l’épuisement ou l’écrasement pur et simple des causes qui les motivent. La question palestinienne est au nombre de celles-ci. Yasser Arafat qui en est le leader historique et le ciment est vieux à présent, fatigué et malade, sa disparition possible, naturelle ou provoquée, fait de l’éclatement prochain du mouvement palestinien, une hypothèse de travail crédible pour ses ennemis. Refoulé dans la lutte clandestine, acculé à l’usage des seuls moyens de la lutte terroriste, sur qu’elles bases arrières pourra-t-il s’appuyer, alors qu’un certain nombre de pays arabes ont déjà fait des paix séparées avec Israël et que ceux qui ne l’on pas fait et s‘aviseraient de lui donner asile, ou des appuis logistiques, immédiatement taxer d’états terroristes ou soutenant le terrorisme, se verraient exposés aux foudres de la puissance militaire occidentale coalisées[13]. C’est à la conclusion des accords d’Oslo que Yasser Arafat et Itzhak Rabin doivent d’avoir, ensemble, étés honorés par l’obtention en commun du prix Nobel de la paix en 1993. L’un est mort assassiné, l’autre, aphone, humilié, tenu en joue par Ariel Sharon, mourir, ne pas mourir pour yasser Arafat “that is not the question”, semble t il, politiquement il n’est déjà plus qu’un mort vivant. N’en déplaise, tous deux auront été les victimes de « colombocides » Israéliens. C’est un juif intégriste qui tua Itzhack Rabin, c’est un chef de gouvernement de l’état d’Israël qui réduit Arafat aux dernières extrémités. Certes il voudrait se décharger de la besogne de le tuer sur un extrémiste palestinien, jugeant de la sorte qu’il pourra se laver de ce crime pour l’histoire. Il l’humilie, le réduit et l’accule à la faute, multiplie les pressions et les provocations afin de pousser les palestiniens en colère à réaliser l’exécution qu’il commandite de ses voeux. Puissent ceux des palestiniens dont les griefs à l’égard d’Arafat, sont sans nul doute fondés, avoir assez de bon sens et de sang froid pour se garder de ce déshonneur, si jamais doit mourir celui qui est encore, malgré tout, l’incarnation de la nation Palestinienne et le symbole de son unité, et laisser, Sharon se souiller lui même de son sang. En visite en Europe pour expliquer la politique israëlienne, Shimon Pérez, actuel ministre des affaires étrangères, qui se donnait, il y a peu encore, des allures de demoiselle lors de l’accession de Sharon au poste de premier ministre, disait : “Arafat doit arrêter la terreur où bien c’est elle qui l’arrêtera.”.(22 janvier 2002) Ce qui revient à prononcer, publiquement, à la face du monde entier et en termes à peine voilés, un arrêt de mort contre le leader et chef de l’autorité palestinienne. Qu’elles que soient les circonstances exactes de la mort prochaine, dés lors possible d’Arafat, celle-ci comptera sans nul doute aux nombre des forfaits d’Ariel Sharon. Quand le boucher de Chabra et Chatila criminel d’état obstiné et véhément qui poursuit ce but avec acharnement, depuis vingt ans déjà, sera parvenu aux fins de faire exécuter Yasser Arafat, nul doute qu’il ne passe pour un héros aux yeux d’une majorité de ses concitoyens. Vanités futiles du pouvoir temporel. L’avenir et l’histoire en jugeront autrement, son nom y sera inscrit en lettres de sang et sa mémoire prendra place pour l’éternité, dans les enfers de la conscience humaine. Cependant l’âme d’Arafat son ennemi supplicié, blanche colombe, lavée de ses fautes par son courage et par son sacrifice, s’envolera au Wallalah, pour séjourner à coté de celle d’Itzhak Rabin, dans le paradis d’Allah qui voisine avec ceux de Vichnou, de Yavhé et du père de Jésus-Christ, à moins que ce ne soit tout simplement au Panthéon laïque de la conscience universelle.


CONTRE FEU


Afin de prévenir la réprobation internationale, l’état d’Israël a décidé d’allumer un contre feu avant même que celle-ci se fit entendre. Mettant en œuvre tous les moyens dont il dispose comme état, mais aussi par l’entremise de la diaspora qui le couvre jalousement ; il a lancé une grande campagne contre la résurgence, prétendue ou réelle, de l’antisémitisme. Israël est coutumier du fait, le même stratagème à souvent été utiliser. Chaque fois que l’opinion internationale s’avise de manifester son agacement face à l’inconduite de l’état hébreu, celui-ci s’efforce, renvoyant les nations Européennes à leur histoire, de raviver leur sentiment de culpabilité collective, afin de faire taire les critiques. De “scotcher la bouche de ceux qui critiquent la politique d’Israël” a dit Mouloud Aounit président du MRAP[14] L’argumentaire est simple, le Sionisme qui a porté le fait national juif est l’artisan de la création de l’état d’Israël, or la doctrine Sioniste a deux fondements qu’elle puise dans la tradition biblique : le retour à la terre promise et l’élitisme du peuple hébreu qui sont aussi les fondements du judaïsme, a telle fin que, critiquer la politique israélienne c’est se signaler anti sioniste et être anti sioniste c’est être antisémite. Ce qui est, comme chacun sait, un délit réprimé par la loi française. Eh bien qu’on se le dise, je conteste le bien fondé de cet enchaînement fatal, qui est en vérité le plus grand et le plus honteux des sophismes que l’on ait jamais tenté de faire assumer à la raison humaine. Je le dit clairement et je l’assume pleinement, fusse au risque de m’attirer les foudres de la loi, je suis antisioniste et parfaitement bien dans mes chaussures, mais pas antisémite le moins du monde n’en déplaise à ceux pour qui antisionisme et antisémitisme sont sensés être des synonymes[15]. J’ajoute, et je peux en répondre, qu’il n’y a pas l’ombre chez moi du moindre relent d’antisémitisme ni d’un quelconque autre racisme que ce soit. Deux grands faits, l’un étant à la fois d’ordre historique et théologique, l’autre relevant pour l’essentiel des circonstances historiques, fondent les causes objectives de l’antisémitisme. Il s’agit pour le premier des circonstances de l’arrestation, du procès et de la crucifixion de Jésus, livré à Ponce-Pilate par le clergé juif d’alors à propos de quoi les chrétiens, pour lesquels le Christ est le fils de Dieu, attribuèrent au peuple de confession juive, la responsabilité collective du plus grand crime qu’il se put, à l’aune de leur croyance, l’assassinat de Dieu lui même. Faute grave s’il en est, un tel crime ne pouvait être pardonné, ils entreprirent de le faire payer, et non expier car péché absolu, le déicide est irrémissible, aux générations juives, pour l’éternité des siècles. L’autre grand fait, l’expulsion et la dispersion des juifs de Palestine, fut la conséquence de la conquête Romaine (70 ap JC) puis de la christianisation de l’Empire, et de sa conversion enfin en la personne de l’empereur Constantin. Les juifs disséminés dans le monde qui était alors pour l’essentiel, le monde arabe et l’Empire romain, formèrent ainsi ce que l’on a appelé la diaspora[16]. Ségrégation, « ghettoïsation », et vexations, persécutions, expulsion d’Espagne en 1492 par Ferdinand et Isabelle la catholique, procès et sévices de l’inquisition, pogroms dans presque toute la chrétienté, pogroms des « cents noirs » dans la Russie Tsariste ; les juifs connurent un long enchaînement de souffrances durant vingt siècles, jusqu'à l’antisémitisme moderne, si l’on puis dire, qui résulte de l’asservissement politique de l’antisémitisme religieux et historique par nos sociétés industrielles et qui conduisit à la monstruosité absolue de « la solution finale ». L’antisémitisme est certes une horreur qui peut sévir encore dans notre époque d’irrationnel et de résurgence du mysticisme, et doit être combattu sans faiblesses. Mais cela en aucun cas ne justifie que l’on se taise, ou que certains tentent de faire taire les protestations contre une politique criminelle au prétexte que celle-ci est conduite par des hommes de confession juives au nom d’un Etat qu’ils appellent eux mêmes, plus souvent, Etat juif qu’Etat hébreu. L’antisémitisme est donc pour l’essentiel une sécrétion honteuse de la Chrétienté, et tout se long enchaînement de sévices et de crimes, plus odieux les uns que les autres sont surtout le fait de celle-ci, non de l’Islam,. non des arabes en général, qui avant comme après la dispersion vécurent pour l’essentiel en bonne entente avec les juifs, ni celui des arabes palestiniens en particulier. Certes l’histoire regorge de conflits multiples et divers entre juifs et arabes, à commencé par les guerres de conquête juive de « Canaan » aux temps bibliques, puis ceux ou celles consécutifs à l’apparition de l’Islam « au temps du prophète », ceux également résultant de la colonisation puis de la décolonisation qui étaient plus souvent les conséquences déformées du conflit entre colonisés et colonialistes, quand ce n’était de l’exportation par ceux-ci de leur propre antisémitisme. Mais les conflits entre arabes et juifs ont, à quelques exceptions prêt, été des conflits territoriaux, quelque fois religieux, jamais sur les fondements du racisme ou de l’antisémitisme prit comme système. Le conflit actuel israélo-palestinien, lui même, n’est pas comme certains voudraient l’accréditer un conflit entre juifs et l’Islamistes intégristes qui ne serait qu’une forme nouvelle de l’antisémitisme Sous l’impulsion des groupes Sionistes, des juifs avaient opérés un retour en Palestine, dés le début du vingtième siècle, longtemps avant la création de l’état d’Israël. La cohabitation avec la population autochtone ne posait guère de problèmes véritables jusqu'à 1936 date de la grande révolte arabe contre les colons juifs dans laquelle la politique hypocrite de l’Angleterre a une part de responsabilité et surtout à partir de 1948 date de la proclamation de l’indépendance de l’état d’Israël. Le conflit israélo-arabe, à fortiori palestinien, était donc bien et reste un conflit territorial et national, et cela même quand une partie au moins de ses acteurs sont des intégristes musulmans d’une part, des intégristes juifs de l’autre. Même s’il se peut que des arabes palestiniens profèrent des menaces et des injures à l’adresse des juifs. Certains palestiniens, probablement assez nombreux on s’en douterait, n’aiment pas les juifs, tout comme de nombreux israéliens n’aiment pas les arabes, surtout les arabes palestiniens, tout comme les français n’aimaient pas « les boches », les Mexicains les « Gringos », et les Grecs les Turcs, Mais cela est le produit de la haine ordinaire, inévitables, qu’engendrent tous conflit et ne procède nullement d’une idéologie raciste, même quand il y renvoi. Les arabes palestiniens n’aiment pas les juifs, mais quel juif sérieux aura assez d’aplomb pour affirmer que celui qu’il a chassé de son pays, duquel il a rasée la maison ou dont il a tué le fils, est de surcroît tenu de l’aimer. Le peuple palestinien. N’a pas de part dans les souffrances que connurent les juifs durant vingt siècles. Mais tout se passe comme s’il lui revenait à lui d’en payer l’addition. Est-il écrit quelque part qu’il appartient au petit peuple palestinien d’expier les fautes et les crimes des nations occidentales christianisées ?


A PROPOS DE LA LEGITIMITE DES CAUSES.


Mais il y a un autre argument sensé faire taire la critique, c’est celui de la modernité opposée à l’archaïsme, qui en langage politique se traduit par l’opposition des forces progressistes et des forces réactionnaires. Ainsi, ceux qui élèvent la voix pour protester contre l’aventure Américaine en Afghanistan, ou la réponse brutale de Sharon aux actes terroristes perpétrés par des islamistes intégristes, devraient être confondus de honte et se taire, eux qui se disent « progressistes » et défendent, objectivement au moins, des forces aussi rétrogrades que celles incarnées par l’intégrisme musulman. C’est une démonstration à laquelle s’attache Guy Konopniki[17] (1) Ainsi les causes passéistes, rétrogrades, obscurantistes, réactionnaires, ne mériteraient elles jamais d’être défendues, seules seraient dignes de l’attention de l’opinion internationale et de justifier notre mobilisation les causes « progressistes ». Mais à cette aune, si l’on assistait de nos jours au massacre des indiens d’Amérique il nous faudrait nous taire. A cette aune la traite des noirs n’avait rien de scandaleux puisqu’elle participait de la marche en avant de l’humanité, puisqu’elle a contribuée à l’édification de l’Amérique moderne et nous a donné Colin Powell, voilà l’Afrique débouté de sa revendication car en rien fondée à demander à la modernité réparation des conséquences de son archaïsme. A cette aune, plus besoin de s’émouvoir du sort fait aux indiens d’Amazonie, et l’on se demande bien pourquoi les mêmes qui nous sortent de telles âneries, se gaussent d’être les défenseurs de la cause Tibétaine, car en matière d’obscurantisme religieux et de passéisme, voilà une cause, bien illégitime, si tout au moins on ne l’aborde que par son aspect religieux. Plus même dirons nous, imprudent notre pourfendeur de l’obscurantisme islamiste a utilisé là un argument fort malencontreux, car en matière de cause passéiste, et même osons le, obscurantiste, celle des rabbins n’a rien a envier aux Imams, elle qui s’apparente même plus encore à celle des moines tibétains. Le pays de “Canaan”, actuelle Palestine, a été promis par Dieu lui même, au peuple d’Israël par l’entremise de Moïse et pourquoi ce cadeau ? Au titre que les fils de Joseph (Israël) sont le peuple élu de Dieu. Telle est la loi, c’est à dire, car avec la Torah dans le judaïsme, comme avec la Charia dans l’Islam, la croyance fait la loi. Contrairement à l’universalité du message de Dieu, s’adressant à l’humanité toute entière, qui caractérise les deux autres grandes religions monothéistes que sont le Christianisme et l’Islam, le message de Dieu dans le judaïsme est un message exclusif à l’adresse du seul peuple hébreu. Il est clair que l’on ne peut partager cette doctrine, d’ailleurs aucun non juif n’est invité à la partager, « Goy tu es, Goy tu resteras ». Mais cela ne nous condamne nullement à être caractérisés d’antisémite. L’on ne peut faire parti du peuple élu, qualité qui s’acquière par la naissance, mais on voudrait nous obliger à partager tout de même l’idée sioniste qui résulte de la croyance particulière aux juifs : qu’il existe un peuple élu auquel Dieu a promis une terre. Que l’on conteste clairement ce présupposé en tant qu’idée politique, en se déclarant tout net antisioniste, on nous rétorque que nous sommes alors antisémites aussi. Il y a dans cette question une confusion entretenue, volontairement ou non, entre les domaines de la foi et ceux de la politique. Elle conduit ceux qui s’obstinent à la cultiver et à la répandre, à l’énoncé de sophismes tellement grossiers qu’ils annulent la crédibilité de leur discours tout entier. Il en va ainsi de celui de GuyKonopnicki qui écrit avec balourdise : « Le sionisme n’est rien d’autre que l’affirmation du fait national juif, une idéologie nationale et patriotique comparable à toutes celles qui ont fondé tous les Etats-nations. » Il en atteste par l’universalité de la Bible. [18] Voilà le sionisme justifié, avec lui « le droit au retour des juifs » 2000 ans après sur ce qui fut la terre de leurs aïeux. Pourquoi pas ? Mais comment se peut-il en ce cas que le même homme conteste avec autant de détermination, de véhémence même le droit, 50 ans après, au retour des réfugiés palestiniens de 1948[19]. Une incohérence si grande dans l’énoncé des idées, outre le manque de sérieux, atteste de l’aveuglement dangereux d’une pensée partisane et fini le débat avec lui. Si l’on ne jugeait de la légitimité des causes que selon le critère du rôle « progressiste » qu’elles jouent ou non dans l’histoire de l’humanité, il ne fait aucun doute que celle de « l’Etat confessionnel juif » se verrait condamnée sans retour. Heureusement pour Israël, voilà là une bonne raison en vérité de déconnecter enfin, et une fois pour toute, la légitime question nationale du peuple hébreu, de celle du sionisme lequel n’est que la traduction du judaïsme en termes identitaires. et relève de la foi plus que du droit international ni de la politique. C’est que le critère du caractère progressif, ou pas, d’une cause et de ses partisans, est certes un argument fort important mais non exclusif. Au dessus des considérations de modernité ou de « progressivité » des causes, il y a tout simplement le droit des peuples à exister et à disposer d’eux mêmes. C’est ce « détail » qui semble-t-il échappe aux pourfendeurs de « l’islamisme rétrograde. Le contraire supposerait qu’au prétexte que l’on détient les lumières de l’avenir l’on est fondé à s’arroger le droit de disposer des peuples « moins évolués ». Il suffit de formuler clairement la pensée qui en découle pour prendre conscience de l’horreur où conduit tout droit se présupposé, dont le fondement en vérité est l’affirmation dogmatique de la supériorité de notre civilisation et débouche nécessairement sur un conflit de civilisations. Il faut dire que l’Islam est devenu ces dernières années le champion des causes des pays pauvres et des revendications nationales des peuples le porte drapeau de l’émancipation, du fait de l’amortissement des capacités mobilisatrice de l’idéal socialiste Celui-ci a disparu mais les causes restent. Défendues par l’Islam elles ne sont pas moins légitimes que lorsqu’elles l’étaient par le socialisme, car la cause ne saurait être réduite à l’idéologie qui la porte.


LA SOLUTION DU CŒUR ET DE LA RAISON


Il existe pourtant une autre solution, qui bien sur à l’heure actuelle semble relever de la pure utopie, la proclamation d’une République laïque de Palestine où, juifs, musulmans, chrétiens, et hâtés, garantis par la liberté de cultes, qui est aussi la liberté de n’en point pratiquer, arabes et hébreux vivraient en bonne entente cote à cote, dans le respect mutuel de tous et de chacun. Cela suppose bien entendu la disparition de l’Etat d’Israël dans sa forme actuelle d’état confessionnel juif, cela suppose surtout le renoncement des USA à leur actuelle politique moyen-orientale qui considère Israël comme le bras armé de l’Amérique dans la région et le verrou géostratégique le plus sûr de l’équilibre régional. Cela relève et relèvera de l’Utopie, tout le temps que, arc-bouté sur la puissance américaine, protégé et soutenu sans condition par la diaspora, l’état d’Israël se pensera à l’abris des revers de l’histoire. Mais les revers viendront pourtant, il ne fait point de doute, plutôt peut-être qu’il n’y paraît. La morgue, l’insolence et la brutalité actuelle de sa politique souillent les clichés et minent les fondements sur lesquels lui étaient acquises les faveurs de l’opinion internationale. Bien entendu le refroidissement de l’opinion à son endroit n’y suffira pas, il faudra que s’y ajoutent quelques revers de fortune, économiques et militaires. Alors la peur de la catastrophe conduira-t-elle peut-être les dirigeants israëliens à la recherche d’une voie médiane, un compromis historique, scellé, en ce qui concerne la politique externe, sur la base d’un pacte régional d’amitié, et en ce qui concerne la politique interne, sur un “contrat social” refondateur. D’autres peuples ont fait, avant eux, de tels efforts de réconciliation, pourquoi ne le feraient ils pas ? Deux guerres mondiales, l’action répressive de la Guestapo, des exécutions sommaires, des fermes brûlées et des propriétés rasées, la jeunesse enrôlée de force dans le STO, les tortures, les déportations, la politique des otages et celle de la terre brûlée : Oradour sur Glane le plus connu des villages martyres mais non le seul Voilà une longue série de passifs, qui devait semble-t-il aliéner pour longtemps toute chance de réconciliation Franco-Allemande. Pourtant, celle ci eut lieu au début des années soixante sous la conduite de Charles De Gaulle président du conseil et de Konrad Adenauer le Chancelier Allemand d’alors. La politique de l’apartheid si longtemps subie, ségrégation, sévices, meurtres et humiliation, répression brutale et massive (Ghetto de sewezo 1960), statut des bantoustans, la liste des passifs était longue et sanglante entre les populations noires et afrikaner, pourtant l’Afrique du Sud, sous la conduite de Nelson Mandéla à réussit une réconciliation fragile mais inespérée. Malgré les plaies et les haines accumulées, à Deir Yassine[20] la Palestine elle aussi a eut son Oradour-sur-glane, l’amitié Hébro-Palestinienne est une chose possible. Elle a comme préalable la rupture des juifs Israëliens avec la doctrine sioniste du retour à la terre promise qui est par essence discriminatoire à l’égard des arabes palestiniens. et de plus insultante à l’Islam avec lequel il faut pourtant cohabiter. Cette solution en l’état actuel des choses paraît n’être que pure spéculation intellectuelle, hors des réalités du monde. C’est la mienne pourtant, celle à laquelle il me plaît de rêver parfois, c’est celle de mes penchants naturels, celle de l’humanité, du cœur et de la raison. Et ce qui s’y oppose vraiment, c’est moins la doctrine sioniste avec laquelle les juifs peuvent prendre la distance souhaitable, ni les colonies de peuplement dont la question n’est pas sans solution, ni la question du retour des réfugiés palestiniens réalisable dans les cadres d’une République laïque, ni les griefs et les haines accumulées, non, le véritable obstacle à la réalisation de l’utopie n’est rien de tout cela : l’obstacle, le verrou qui garde l’utopie à l’écrou, ce sont plutôt les visées mondialistes des USA qui les justifient a vouloir disposer d’Israël, non point tant comme solution de la question nationale juive, mais plutôt comme le glaive de l’occident dans le flanc du monde arabo-musulman.


DES ARMES POUR LE PEUPLE PALESTINIEN


Les accords d’Oslo ont vécus, “de profundis !”. Quand on jette un regard rétrospectif sur les dernières années, et que l’on voit dans qu’elle impasse ceux-ci ont conduit la cause palestinienne, l’on est tenu d’en tirer quelques enseignements. Celui qui s’impose tout d’abord est le suivant : que les questions fondamentales de l’existence d’un peuple et de ses revendications nationales ne peuvent être réglés par le droit et par la justice ni par l’entremise et la générosité des nations dominantes. Car le droit la justice, l’ordre et la légalité internationale, à chaque moment de l’histoire ne résultent eux même que du constat du rapport des forces entre les nations. Un peuple n’obtient de reconnaissance internationale que celle qu’il est en mesure d’imposer. Seul le combat sans faille, jusqu’au terme ultime de la lutte : la reconnaissance de son existence et de ses droits, peut lui permettre d’entrer en possession de ce qui lui est dû. Les accords d’Oslo, des territoires autonomes, pourquoi pas, pourquoi n’auraient ils pas été une étape vers la création d’un véritable état palestinien ? Cela ne pouvait être, toutefois, qu’à la condition expresse, que « l’autorité palestinienne » est le droit et les moyens de lever et d’équiper une armée. Voilà le volet qui manquait aux accords d’Oslo et les vouait à l’échec. Alors, deux peuples et deux Etats souverains sur une même terre, ou une seule nation unifiée dans une République laïque ? Il appartient aux deux peuples au conflit, si le puissant tuteur Américain leur en laisse l’agrément, de décider de l’avenir. Dans un cas comme dans l’autre, en espérant que prévale un jour, peut-être, ce qui pour l’heure n’est qu’une bien improbable solution, il faut donner au peuple palestinien les moyens nécessaires pour la défense de sa cause sans restrictions. Un compromis équitable ne peut être établie que par des adversaires qui se respectes sachant chacun le pouvoir de nuisance de l’autre mais aussi son aptitude à se défendre, cela ne peut avoir lieu quand l’une des partie est désarmée et l’autre sur armée. Reconnaître les droits d’un peuple n’est rien, ou seulement démagogique, si on ne lui reconnaît pas celui de les faire valoir, et de se doter pour cela, des moyens militaires nécessaires. Un peuple désarmé n’existe pas, ça n’est qu’un ectoplasme qui hante le présent. Pour l’heure, la question posée n’est pourtant pas celle de la création future d’un Etat palestinien qui eut été le terme normal de l’application des accords d’Oslo, nous n’en sommes plus là, la question posée est celle sans fard, brutale, du maintien de la revendication nationale palestinienne ou de son éradication prochaine et de la “bantoustanisations” conséquente des territoires autonomes. L’éradication de la revendication nationale palestinienne, est un objectif aujourd’hui à la portée des dirigeants extrémistes Israëliens, soutenus par le chef de l’empire de la terreur. Crime contre l’humanité et les droits des peuples, cette perspective déshonore ceux qui y ont pensé et s’emploient activement à sa réalisation. Doit-on laisser s’opérer l’égorgement de la cause palestinienne, au prétexte, qu’en désespoir de cause et contrainte par la colossale inégalité des moyens, elle a recours aux actions terroristes ? Ce ne serait qu’un argument fort spécieux, en vérité un moyen bien désuet de s’absoudre du « devoir de solidarité active. La terreur, la vraie est celle de Sharon qui avec la puissance barbare écrase et humilie un petit peuple désarmé. Quand le fort, sans vergogne fait usage de la brutalité pour écraser le faible, ne faut-il pas que le sentiment humain s’insurge ? La violence que fait un peuple puissamment armé à un peuple quasi désarmé ne mérite pas l’appellation de « guerre », qui est un mot parfois honorable, elle doit être assimilée à une « exécution » ou un « pogrom ». C’est l’honneur des hommes de bien, de ce qui reste d’humanité progressiste, c’est l’honneur des nations encore libres, c’est l’honneur du monde arabo musulman, des nations et de la ligue arabe, qui commande d’interférer au plus vite dans ce combat par trop inégal. Non plus par des prières adressées aux bourreaux, des voeux pieux et des résolutions vaines, non pas en se saoulant de mots, mais en armant sans plus attendre, le peuple arabe de Palestine. Nous l’avons déjà dit : exiger de lui qu’il renonce en préalable à l’action terroriste, dans l’état actuel des choses, c’est lui demander d’abdiquer son combat et se ranger, malgré les protestations de soutien, au coté de ses assassins. C’est pourtant ce que font les ministres Européens des affaires étrangères[21] Subordonner son armement à cette condition ce serait donner à ses assassins le temps de perpétrer leur crime. Lorsque demain comme il est probable, Sharon s’avisera de déclencher la vaste opération militaire qu’il a programmée dans les territoires autonomes, quand dans un ultime et pathétique combat, coulera à flot le sang palestinien, quand des dizaines de milliers de nouveaux réfugiés marcheront vers l’exode sur les pas de leurs aînés de 1948, devrons nous pleurer les larmes amères de l’impuissance, vaines bien que sincères, sur le martyre de la nation palestinienne, comme le fit Léon Blum sur la République espagnole assassinée? Avec au ventre la colère de n’avoir pas eut le courage et la détermination d’agir, avec au cœur la nausée que sa pusillanimité garantit aux faibles, et dans la tête la certitude honteuse de sa part de culpabilité dans la genèse de ce drame. « Armer la résistance palestinienne, ce serait aller au bain de sang » penses secrètement certains, et c’est cette pensée et la crainte de se voir stigmatiser comme antisémites qui les figent. Les poisons du « pacifisme » et les hauts cris de la propagande israélienne ont fait leurs œuvres et tétanisent ceux qui voudraient se mobiliser pour le soutien de la cause palestinienne mais ne le peuvent déjà plus. Se réveilleront ils bientôt pour se rendre compte, avec effarement, que non seulement le bain de sang qu’ils redoutaient n’a pas été évité, mais qu’il se double de leur propre infamie : d’avoir abandonné ce peuple désarmé à la disposition de ses bourreaux, en lui refusant jusqu’au bout, les moyens minimums nécessaires à l’exercice du droit élémentaire de légitime défense. Au tribunal de l’histoire ceux là devraient répondre de l’accusation ignominieuse de « non assistance à peuple en danger ». Subordonner la question urgente de l’armement du peuple palestinien à la condition de l’arrêt des attentats suicides et de la mise au pas des organisations de résistance islamistes ou en différer l’échéance, par l’organisation d’une farce électorale, relève d’une même logique : attendre et laisser faire et a pour conséquence, de donner à ses assassins le temps de perpétrer leur crime. En son temps Victor Hugo ne demandait-il pas des armes pour les enfants Chypriotes ? C’est la voie de l’honneur et de l’humanité, il y a urgence. Ils veulent faire un crime à Yasser Arafat, et les ministres Européens des affaires étrangères se joignent à ce concert odieux, de l’affaire du « Karine A » ce navire intercepté qui s’apprêtait dit-on à livrer des armes offensives aux Palestiniens. Arafat y a-t-il quelques responsabilités ? Mais où est donc le scandale ? Le scandale ce serait l’inverse, si le dirigeant historique d’un peuple, à l’approche des périls ne se préoccupait pas de la défense de celui-ci et donc de son armement. Le « Karine A » montre la voie, et indique ce qu’il convient de faire. Il y a de l’indécence, en effet, à ne faire que pleurer lorsque la conscience et le devoir commandent d’agir et d’aider. Assez de douleur et de larmes ! Il faut offrir, sans attendre, des armes au peuple arabe de Palestine. Ainsi doté en moyens modernes et en quantité suffisante, il aura l’insigne honneur de se défendre lui même vaillamment et de lutter par des méthodes conventionnelles, pour la reconnaissance de ses droits, renoncera bien volontiers, dès lors, aux actions terroristes qui sont le recours de la détresse et de la désespérance.
15 février 2002


[1] « Le Monde » 2 Février 2002

[2] Les conventions de Genève interdisent la destruction des propriétés civiles, des récoltes et terrains cultivés par exemple, ce dont Tsahal, on le sait ne se prive guère.

[3] En date du 22 janvier 2002, 20 heures 28.

[4] Résolution 181 du 29 novembre 1947 sur le partage de la Palestine, résolution 242 du 22 novembre 1967 exigeant l’évacuation des territoires occupés.
[5] Les kurdes irakiens eux, sont contre le régime de Saddam Hussein, les alliés objectifs des USA et à ce titre traités avec quelques égards.

[6] Propos rapportés par « Le Monde » du 2/02/02

[7] Ceux de la Haganah et de l’Irgoun

[8] Ce qui est le cas du peuple palestinien et fut celui du peuple algérien

[9] 4 juillet 1976 ?

[10] l’état palestinien indépendant devait être proclamé le 04 mai 1999 ?

[11] date de la visite de Sharon sur l’esplanade des mosquées ?

[12] Armée du Sud Liban, milice à la solde d’Israël pendant la campagne « Paix en Galilée » et l’occupation israélienne du Sud Liban

[13] (1) tel est le sens du discours de G W Bush « sur l’état de l’union » 30 janvier 2002.

[14] Dans « le nouvel observateur » n° 1942
[15] Guy konopnicki « La faute des juifs » chez Balland. Page 106. Il écrit : « l’antisionisme et l’antisémitisme ne sont pas deux choses différentes, ils ont la même sémantique et en grammaire ces deux mots sont synonymes. »
[16] « ceux qui sont loin » , désigne les juifs déssiminés dans le monde et par extension d’autres partie de peuples : diaspora Arménienne, diaspora Chinoise, etc
[17] Guy Konopnicki, op déjà cité.

[18] « La faute des juifs » page 92.et 94

[19] « La faute des juifs » page

[20] Village maryre,284 victimes, tuées par des extrémistes juifs le 9 avril 1948.

[21] « Le Monde »30 janvier 2002.
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