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  • PSCHITT !

    PSCHITT !

    Une pétition signée par un nombre record de français, une mobilisation puissante avec grèves et manifestations, une opinion très largement opposée au projet, plus de 70 % des français se déclarant contre, Le premier ministre, Manuel Valls, usant du 49-3 y gagne une réputation d’autoritarisme et se voit rejeté par l’opinion. Tel était le contexte de la mobilisation contre la loi travail dite El-Khomeri, qui voulait détricoter « le code du travail ».

    Or, voilà qu’Emmanuel Macron promet une réforme du code du travail, « une loi El-Khmer puissance 10 », et d’user pour l’imposer d’une méthode encore plus autoritaire et plus antidémocratique que le 49-3, « la procédure des ordonnances. Le pays murmure, la colère enfle, l’été passe, mais « pschitt ! » la mobilisation attendue ne se produits pas.
    Pourquoi ? Que donc s’est-il passé ?

    Une partie au moins des français c’est fait prendre au piège électoral élaboré par la troïka « Hollande, Valls, Macron », a céder au chantage qui consistait pour faire barrage à Marine Le Pen de voter pour le commis des banques. Les précautions sémantiques qui consistaient à dire que l’on votait par dépit et sans partager le programme ne servant à rien.

    Macron élu ! Le Pen battue à plate couture, ceux que leur haine décalée du F.N. qu’ils assimilent au parti nazi, aveugle, eurent un temps matière à se réjouir tout de même ignorant la calamité réelle qui venait de s’abattre sur le peuple laborieux de notre pays.

    Nous l’avons souligné alors, Macron est un président mal élu, 40 % seulement des français, mais 66 % des suffrages exprimés tout de même. Cette circonstance à elle seule explique le désarroi de l’opinion et sa démoralisation.

    Ceux qui ont contribué à cet état de chose en appelant, sous une forme ou sous une autre à voter alors pour Emmanuel Macron, portent une lourde part de responsabilité. Le mouvement des insoumis et Jean-Luc Mélenchon lui-même partagent cette responsabilité. Certes les « insoumis » militaient majoritairement pour l’abstention ou le vote blanc ou nul. Mais Jean-Luc Mélenchon n’osant assumer le poids de cette responsabilité a opté pour une position illisible, « mi-figue mi-raisin » qui consista sans appeler ouvertement à voter Macron, à dire : « pas une voix pour le Front National », laissant entendre par là que celui-ci était le mal absolu et qu’à cette aune Macron était tout de même un moindre mal.

    « La voie des sans voix » elle avait osé l’écrire : Macron « le pire scénario ». (vendredi 5 mai 2017)

    « Marine Le Pen, « l’extrême droite » ? Le « Parti xénophobe », « la honte de la France », le « danger de la démocratie et de la République » ? Battue, écartée. Macron élu ! Pourtant, ce scénario est en vérité le pire de ceux qui pouvaient, dans cette élection, advenir à la France et aux Français. Et lorsque je dis la France et les Français, c’est à la vraie France que je pense, celle de la véritable majorité civile, celle du peuple d’en bas, ceux qui travaillent, ou sont privés d’emploi, et qui souffrent. Ceux sur les têtes desquels vont danser les diables d’en haut. »

    C’est ce qui est advenu.

    La voie des sans voix, bien que prévenue est resté interloquée, presque aphone durant plusieurs mois. Bon, le traumatisme politique n’est pas la seule explication. S’y sont ajouté des difficultés techniques et personnelles. Mais je souffre mes amis et ne décolère pas de la situation ainsi créée et de l’immense désarroi qui s’est emparé de ceux qui voulaient pourtant résister.

    « On ne vote pas impunément pour son ennemi de classe ». Avions-nous prévenu.

    J’écrivais, dans une lettre ouverte que j’adressais mercredi 3 mai, à Monsieur Pierre Laurent secrétaire général du Parti Communiste Français, ‘(lequel eut l’aimable délicatesse de me faire une réponse non publiée) :

    « Comment pouvez-vous, vous, Mr le secrétaire Général, appeler à voter pour cet homme-là ? Avez-vous vraiment le cœur de livrer, pieds et poings liés, à leurs bourreaux, les travailleurs de ce pays qui placent leur confiance en vous ?

    Il est encore temps de vous raviser. Je vous en conjure monsieur Laurent. Vous ne voulez pas voter pour Marine Le Pen, moi non plus. Mais pour autant, vous n’êtes pas tenu de cautionner par votre vote et encore moins par votre prise de position publique, l’élection d’Emmanuel Macron qui constitue à l’égard des salariés un danger au moins tout aussi considérable.

    Si la désignation de cet homme à la Présidence de notre malheureuse République, ne peut être évitée, que l’on use au moins de ce qui nous reste de pouvoir électoral et de libre arbitre pour le délégitimer par l’abstention ou les votes blancs et nuls. »

    Le délégitimer, contester la validité de cette élection, voilà ce que devait-être, ce que doit-être encore l’angle d’attaque contre « l’union nationale macronienne de toutes les droites réactionnaires coalisées. Il faut se donner pour objectif de faire« mettre bas » la crise institutionnelle dont la situation est grosse.


    Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr ». Dimanche 12 novembre 2017. (Publié lundi 13)
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