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  • L’HUMILIATION EN MARCHE

    L’HUMILIATION EN MARCHE

    Avec une campagne électorale terne, trente-quatre listes en lisses et son véritable enjeu franco/français, les élections européennes 2019 ont bien de la peine à retenir l’attention des électeurs potentiels.
    Emmanuel Macron, dont l’ambition était de refonder l’Europe (discours du mardi 26 septembre 2017 à la Sorbonne) en est rendu à quémander 23% des suffrages exprimés et 10 % du corps électoral, juste pour sauver la face, et peut-être, espère-t-il, aller au terme de son mandat présidentiel.
    N’est-il pas clair à ce stade déjà, sans qu’il soit besoin d’attendre les résultats du scrutin, que cette élection sera pour son chef et LREM, une véritable Bérézina électorale, une gigantesque humiliation.
    Les objectifs de politique intérieure ont largement pris le pas sur les enjeux européens. Pour Macron et sa bande il s’agit d’arriver en tête pour sauver la face, et tenter d’obtenir un sursis qui lui permettrait de poursuivre son mandat présidentiel jusqu’au terme et ses réformes au forceps. Pour l’immense majorité des Français qui exècrent cet ostrogoth il s’agit de lui infliger une défaite sans appel qui l’oblige à « fiche le camp ».
    Alors, le R.N. seule formation apte à doubler la liste présidentielle et prétendre pouvoir arriver en tête, a beau jeu de jouer l’argument du vote utile. « Voter pour la liste RN c’est la seule chance de battre Macron ». « Effet boomerang », un juste retour des choses serait-on tenté de dire. Au deuxième tour des élections présidentielles de 2017 la macronnerie n’avait-elle pas précisément surfé sur le « vote utile Macron pour rejeter Le Pen » ?
    Mais en ce qui nous concerne, de même qu’en 2017 nous appelions à l’abstention ou au vote blanc ou nul ; « pas une voix pour Macron pas une voix pour Le Pen, nous réitérons dans ce scrutin européen de 2019 ; « ni Macron ni le Pen ! ». « Notre ligne de conduite a été constante dans ce genre de situation depuis de nombreuses années. En 2002 déjà nous avions refusé de voter Chirac pour prétendument faire barrage à papa Le Pen. Nous expliquions alors qu’aucune circonstance ne justifiait que l’on appelle les travailleurs, le peuple laborieux à voter pour ses ennemis de classe. Cette explication tient tout à fait dans le cas de figure inverse auquel nous assistons pour ce scrutin européen. Nous ne blâmerons pas ceux, qui sensibles à l’argument du vote anti-macron, voteront pour la liste R.N., mais il ne nous appartient pas d’abonder dans ce sens. A notre sens rien ne justifie que l’on vote Le Pen pour battre Macron. Ce duel ne nous concerne pas.
    Votez pour qui vous voulez, vous avez un choix infini, de 33 listes, sinon abstenez-vous, votez blanc, votez nul. Donnez-vous en à cœur-joie, dispersez vos suffrages autant que vous voulez, pourvu que vous ne votiez pas Macron. Croyez-moi, cette stratégie, aussi suicidaire puisse-t-elle paraitre aux « cartésiens » du vote à n’importe quel prix, est en vérité la seule et vraie stratégie gagnante.
    Les cartésiens de la culture électorale prétendent qu’il faut voter en toute circonstance. Qu’il convient de jouer même avec des dés pipés. « Ces fous » joueraient encore, si on le leur suggérait, à la roulette russe avec 6 balles dans le barillet. En vérité c’est qu’ils n’ont pas en ligne de mire l’intérêt général, mais une approche nombriliste des choses. Leur petite liste. Leurs petits intérêts électoraux. Leur visibilité à eux sur la scène politico médiatique. A la clé quelques émoluments, quelques possibles députés européens et quelques subsides et prébendes diverses. Ils disent qu’il faut aller voter à tout prix, surtout pour eux, chacun pour soi. Pour le rôle « décoratif » et d’illusion démocratique que jouent tout de même les députés européens.
    On voudrait nous affoler et induire ainsi encore une foi, des réactions irrationnelles de l’électorat, en agitant le risque d’une sortie en tête de la liste LREM. Ce serait nous dit-on une catastrophe si l’oiseau de Macron arrivait en tête. Et sur cette « victoire » celui-ci pourrait se refaire une santé politique. Quelle santé sur quelle victoire ?
    En vérité, quelle que soit la liste arrivée en tête, celle de Macron ou celle de Le Pen, en quoi dites-moi l’un ou l’autre pourrait-il bien se réjouir d’une « victoire » aussi peu glorieuse ? A quoi peut bien servir un escabeau de ménage à trois marches quand il s’agit de hisser la statue sur un piédestal de 3 mètre de haut ? Probablement 40 % de votants à peine, peut-être moins, déjà une défaite eu égard aux ambitions européenne de Macron. Un scrutin éclaté avec des résultats de 0,01 à 8 % maximum disséminé entre 32 listes, et à peine devant 2 listes qui se partagent 47 % des « suffrages exprimés » soit en vérité 20 % des électeurs inscrits à eux deux. Alors si l’un des deux obtient 24% devant l’autre à 23 %, qu’elle gloire pourrait-il bien en tirer ? En quoi une « victoire » aussi lamentable pourrait-elle bien le réarmer politiquement ?
    D’ailleurs Macron vient de commettre deux erreurs : En réitérant d’abord l’argument de diabolisation du R.N. Celui-ci qui avait valu « au jeune homme mal connu encore et hyper médiatisé » quelques bénéfices électoraux n’a aucune chance d’en valoir le moindre au Président dictateur honni, à l’éborgneur et au liquidateur de nos libertés publiques. Le fascisme ? Mais qu’est-ce donc monsieur Macron ? Ensuite en s’engageant personnellement dans la campagne il imagine pouvoir infléchir au moins partiellement le vote des français. Mais il n’a pas bien pris la mesure des choses. Son titre de Président n’est pas un argument valorisant. Macron est devenu un repoussoir et son engagement personnel ne jouera pas en faveur de la liste LREM mais contre elle. Mais ce qui lui échappe encore d’avantage et ne plaide pas pour son intelligence politique, c’est qu’en s’engageant personnellement il induit dans ce scrutin une dimension référendaire. Or le rejet de l’homme est immense et s’il s’agit de voter pour ou contre Macron, le résultat ne fait guère de doute. En donnant au vote une allure référendaire Macron donnent à certains électeurs qui seraient resté en marge un motif supplémentaire de le battre.
    Au demeurant, quand bien même la liste LREM arriverait en tête. Que serait-ce que ce référendum de nain prétendument gagné avec le vote acquis de seulement 10 % des français ? En donnant à ce scrutin des allures référendaires, Macron a donc lui-même refermé le piège sur lui. Il va se ridiculiser.
    Certains s’alarment des conséquences qu’aurait l’arrivée en tête de la liste LREM. Non, amis, ne craignez rien ! Il n’y a pas le moindre risque. Les jeux sont déjà faits. Quel que soit le résultat réel de ces élections européennes, en tête ou pas, il s’agira pour Macron de la plus humiliante des défaites électorale que n’ai jamais subi un président de la 5ème République.

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