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  • LES GILETS-JAUNES PARLENT AUX COMMERCANTS

    LES GILETS-JAUNES PARLENT AUX COMMERÇANTS


    Une sourde rumeur s’est emparée de nos médias menteurs, le mouvement des Gilets-Jaunes serait la cause d’une chute catastrophique du chiffre d’affaires des commerçants. Moins 30 % assurent certains sans ciller.

    Le mouvement des Gilets-Jaunes a mis en évidence l’immense défiance des français à l’égard de la presse des médias et des journalistes. Ils mentent à longueur de journée. Chacun en est convaincu, les commerçants comme les autres. Alors, croyez-vous qu’il en aille vraiment différemment en cette affaire spécifique du prétendu préjudice infligé par les Gilets-Jaunes aux commerçants. Bien entendu que non !

    Certes nous ne nieront pas, nous ne sommes pas au nombre des menteurs patentés, que les manifestations puissent entrainer quelques conséquences néfastes pour l’activité commerciale de certains centre-ville, tels que Bordeaux Toulouse ou Paris (Champs Elysées). Mais en aucun cas celles-ci ne peuvent être de l’ampleur suggérée, et sont de toute façon circonscrites à des zones limitées. Le commerce en général à l’échelle nationale n’est nullement impacté. Au demeurant les médias, vous savez ce chien docile que l’on appelle « la voix de son maître », ont beau jeu d’imputer aux manifestations des gilets-jaunes cet état de fait dont leur maitre le pouvoir politique est le vrai responsable.

    Un peuple aux abois manifeste, pacifiquement, usant en toute légalité des libertés fondamentales d’expression et de manifestations. Et le pouvoir politique dégaine immédiatement 100 000 policiers, des canons à eaux, des chars à roues, des grenades lacrymogènes, assourdissantes de désencerclement, des flashballs et des LBD. Ils matraquent, ils frappent, ils brutalisent, ils blessent, ils crèvent des yeux, ils interpellent, gardent à vue, défèrent en comparution immédiates. Le pouvoir politique répond aux manifestants par une stratégie délibérée de terreur et de violence. Sans cela les manifestations seraient restées toutes bonnes enfants. C’est le pouvoir Politique ! Ce sont messieurs Macron, Philippe, et Castaner qui sont responsables de la violence, ce sont eux qui doivent répondre aux commerçants concernés de l’insécurité, de la gêne et des pertes engendrées.

    Mais allons plus loin. Le vrai problème des commerces de consommation des centres villes, car il y a un vrai problème, a-t-il bien pour origine les gilets-jaunes et les manifestations récentes ?

    NON : Point tant. Le problème des commerces de centre-ville est un problème récurrent et alarmant qui existe de bien avant et qui s’est aggravé encore depuis 2008. Il est la conséquence de la conjonction d’un grand nombre de facteurs parmi lesquels les plus évidents sont le renchérissement des loyers et baux commerciaux, la paupérisation des populations, et la multiplication des grandes surfaces et zones commerciales périphériques.

    Or ce problème est connu des pouvoirs publics. Il existe une foultitude, d’études, audits, enquêtes et même actions prétendument entreprises pour lutter contre le phénomène, qui démontrent la grande mauvaise foi des pouvoirs publics lorsqu’ils tentent de faire endosser aux Gilets-Jaunes, la responsabilité des difficultés du commerce de centre-ville. Je ne vous ferez qu’une citation. Elle émane d’un article paru dans « Le Moniteur » le 05/01/2018 :

    « Comme nous le verrons, la fragilisation des centre-ville est en effet, le plus souvent, le produit d'un « cocktail » dont les principaux ingrédients sont la dégradation du bâti, intérieur et extérieur, les difficultés d'accès et de stationnement, la baisse de la population du centre et sa paupérisation, la fuite des équipements attractifs et des services du quotidien, la concurrence des grandes surfaces en périphérie. »

    Si vous ajoutez sur cette toile de fond le contexte toujours mauvais porteur de la période successive aux fêtes de fin d’années et ce que l’on appelle « le moral des ménages » en berne comme l’indique la mobilisation sociale en cours, vous en conclurez aisément que les manifestations et la violence prétendue des Gilets-Jaunes, n’ont qu’une part fort limitée à la situation de l’activité commerciale. Et vous réaliserez pleinement alors l’indécence des mensonges assénés par les médias et le pouvoir afin de nuire au mouvement contestataire.

    Car tel est bien le fond des choses. A aucun moment ce pouvoir obtus et méchant n’a tenté l’ouverture ni le dialogue. D’emblée il a abordé le mouvement des Gilets-Jaunes frontalement. Par le mépris, l’insulte, les tentatives de division (extrême droite ou ultra gauche, médiatisation de leaders autoproclamés, etc.), tentatives de dévoiement (liste GJ aux élections européennes, formation de parti,) mais surtout par la stratégie de la violence ou celle de la souillure (accusations d’homophobie, d’antisémitisme, etc.) afin de le discréditer et de le priver du large appui que l’opinion publique lui accordait. La campagne médiatique en cours pour faire porter aux Gilets-Jaunes la responsabilité des difficultés des commerçants est de la même veine. Ce n’est qu’une campagne mensongère de plus pour tenter de priver les Gilets-Jaunes de l’appui d’un secteur de l’opinion qui de par le contexte et les conditions objectives n’a en vérité que de bonnes raisons, non seulement de les soutenir mais même de rentrer dans le mouvement avec eux.

    Les Gilets-Jaunes revendiquent un revenu décent pour tous, c’est à dire une hausse du pouvoir d’achat des populations, l’éradication de la pauvreté, ils veulent que tous puisse consommer des produits saints et de qualité, se tourner vers le commerce de proximité et de centre-ville, délaisser celui des grandes surfaces et des « zones » périphériques de la consommation industrielle de bas prix et de malbouffe. Les Gilets-Jaunes sont donc les alliés naturels et non pas les ennemis des commerçants.

    C’est le capitalisme libéral effréné que nous subissons, qui a besoin pour opérer sur les marchés internationaux de cette « rentabilité des entreprises » dont on nous rebat les oreilles. C’est lui qui a besoin pour cette politique de rogner chaque jour d’avantage les revenus des plus pauvres et des plus faibles mais aussi « des classes moyennes » pour accroître cette rentabilité c’est-à-dire les revenus des plus riches. Ce n’est pas la, bien entendu, l’intérêt des peuple laborieux, ni non plus celui des commerçants qui travaillent pour la consommation intérieure.

    L’intérêt bien senti des commerçants c’est que les populations aient un pouvoir d’achat plus élevé et la possibilité ainsi de revenir vers une « consommation de qualité ». L’intérêt bien senti des commerçants c’est le déclin, voire la disparition de ces « zones périphériques » qui enlaidissent nos villes et asphyxient le commerce de centre-ville, bourgs et villages. C’est de manière générale l’intérêt bien senti des français et des collectivités locales soucieuses de rendre vie et joie à nos villes et du bien-être des populations.

    Pour cela il faut inventer un autre modèle social, tourné non vers le profit pour le profit, la rentabilité sans limite comme une fin en soi, mais vers la satisfaction tranquille des besoins des populations. Si vous y réfléchissez bien, c’est cette équation que viennent de poser les revendications des Gilets-Jaunes. Et dans l’invention de ce nouveau modèle social les commerçants sont les alliés nécessaires et indispensables des Gilets-Jaunes.



    Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr ». Lundi 11 mars 2019.
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