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    BOOMERANG

    « L'indépendance de la justice ? Une question de forme plus que de fond. Une subtilité institutionnelle sans grande réalité. Mais qu'importe ? La forme a aussi son importance. Exemple, les civilités ne témoignent pas du respect, mais on apprécie qu'elles président aux relations de la vie publique. Ce gouvernement (car c'est de lui qu'il s'agit ici et non de la Justice) est un gouvernement d'Ostrogoths. Son arrogance découle de ses gènes. Il est le gouvernement des banques qui n'ont rien à faire en vérité de l'avis des peuples, mais surtout il est issu d'une immense arnaque électorale et n'a que du mépris pour ceux qui le respectent (par adhésion ou par défaut) et craignent de dénoncer son caractère frauduleux.

    Des poursuites, pour violence et je ne sais quoi contre Jean-Luc Mélenchon ? Qu'ils s'y avisent donc. Ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon qui a dérapé mais le pouvoir macronien. Des poursuites ? Qu'elles soient alors le signal d'un vaste mouvement de rejet du Président des riches et de la 5ème République en putréfaction. »


    *

    Telle fut, à défaut d’article dans les colonnes de « lavoiedessansvoix.fr », ma réaction immédiate, posté en commentaire à un « courriel » reçu, qui protestait contre les perquisitions dont avaient été l’objet le local de la « France insoumise », le domicile de Jean-Luc Mélenchon, et une quinzaine d’autres « cibles », semblait-il. Or bien que s’agissant De la réaction à un article précis dans laquelle je m’étais gardé d’être exhaustif, ce court « post », outre la manière de penser la colère et l’indignation disait avec force déjà le fond des choses : il s’agissait d’une opération politique conduite de longue main. Mais surtout il laissait entendre comment cette cabale allait se retourner bientôt contre ses auteurs.

    Foin d’indépendance présumée de la Justice, que les magistrats n’en prennent pas ombrage, les perquisitions en question relève d’une opération télécommandée, probablement depuis l’Elysée. Il ne s’agit rien moins que d’une authentique provocation. Nul n’ignore le côté « un peu sanguin » de la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, et n’importe quel psychologue, compte tenu de la grande émotivité du personnage, aurait pu « instrumentaliser » la « vivacité » de sa réaction. La horde des chiens d’attaques médiatique en embuscades, et voilà que l’on fait mousser l’affaire : « Violences », « menaces » et les commentaires en forme de sentences, « un homme qui réagit ainsi n’est pas digne d’occuper la fonction présidentielle », etc. Ayant pour objectif d’atteindre sur le champ la crédibilité de Jean-Luc Mélenchon, et sa légitimité à briguer la Présidence de la république.

    Un homme qui s’investit dans la lutte contre toutes les puissances du monde et en premier lieu celle de l’argent pour la défense des droits et des revendications populaire, est nécessairement un grand émotif sensible aux maux et à la misère de ses concitoyens. L’émotivité en la circonstance n’est donc pas un défaut mais au contraire la qualité première qui fait de Jean-Luc Mélenchon ce qu’il est, et le légitime dans sa démarche.

    Que serait-ce, sinon un abominable « faux-cul », que cet homme trop lisse qui garderait, en apparence seulement, toute sa froide contenance, face à une pareille agression et volonté d’humiliation. Cet homme n’en serait pas un. Ce serait tout au plus une larve ou un de ces androïdes glacés formaté par certaines célèbres grandes écoles « d’inhumanité »

    Bon, il faut que ce soit dit, l’honnêteté politique l’exige, Jean-Luc Mélenchon avait eu tort. Et pour sa part « la voie des sans voix » n’a pas attendu ce jour pour le dire, lorsque durant la campagne électorale des présidentielles il a refusé de protester contre les menées ignobles dont été victimes François Fillon et Marine Le Pen. Il a commis alors le même type de faute que dénonçait en son temps le pasteur Martin Niemöller. Il n’était pas Filloniste ni Lepeniste, il n’a rien dit. Oh non pas par lâcheté mais par bas calcul politique. Ces manigances du pouvoir le servaient alors momentanément. Jean-Luc Mélenchon avait eu tort, ce n’est pas une raison suffisante, au contraire de ne pas le soutenir contre l’infâme agression dont il est à son tour la victime. « Tu ne m’as pas soutenu je ne te soutiens pas », que prouveraient Marine Le Pen et François Fillon, sinon leur propre bêtise, s’ils refusaient de se solidariser avec Mélenchon au prétexte de l’ânerie antérieure de celui-ci: Marine Le Pen n’est pas tombée dans ce travers faisant preuve en l’occurrence de son aptitude à prendre du recul mais aussi de finesse et d’intelligence. Elle a protesté, elle, bravo, « quand ils sont venus chercher Mélenchon ».

    Quant à la dignité de la fonction présidentielle à propos de laquelle l’attitude de Jean-Luc Mélenchon serait rédhibitoire, parlons-en !.... Ou plutôt non, n’en parlons pas. Après la trilogie Sarkozy, Hollande, Macron, est-il vraiment besoin d’être exhaustifs ? Comment parlerait-on encore de la dignité d’une fonction qui a été déjà maintes fois souillée dans les fientes de l’actualité. Jean-Luc Mélenchon n’a, me semble-t-il, vraiment aucun risque de faire pire.

    Violences et menaces ? De quelles violences s’est-il agit. Ni arme, ni poings, des « éclats de voix », des doigts qui se lèvent », des bousculades, et comme menaces celle de la sanction de la loi républicaine, ou de l’opinion publique prise à témoin. La vraie violence était encore une fois du côté de l’Etat. Car pour être d’apparence passive l’investissement d’un domicile ou d’un local politique par des dizaines de policiers juges et procureur constitue une violence, un viol et une humiliation. La réaction des militants de la France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon face à cette agression a somme toute été plutôt digne et mesurée. La colère est légitime quand il s’agit de la défense des droits fondamentaux de la démocratie. Et il ne fait pas le moindre doute que ces perquisitions ordonnées dans le cadre d’une simple enquête préliminaire, constituent bien une agression insupportable contre les garanties démocratiques élémentaires. Seuls peuvent les justifier des chiens de scribouillards trop grassement payés par leurs maitres et qui n’ont pour éthique et pour morale que l’appât du gain.

    Une agression ? Une provocation ? Oui mais pourquoi, quelles en sont les motivations ?

    Malgré tous les moyens de mensonge étatiques, médiatiques, financiers, institutionnels et « sondagiers », mis à sa disposition pour tordre la réalité et tromper l’opinion voilà que le « commis » des banques choit dans les sondages. Comme sable la dune de l’opinion fabriquée se dérobe sous ses pieds. Son improbable piédestal s’effondre. Or les peuples ne respectent pas ceux qui trébuchent. Sa perte de superbe ouvre la voie à sa perte d’autorité et la perte d’autorité à la contestation. Or, qu’elle voie empruntera nécessairement la contestation si ce n’est celle ouverte par la « France insoumise » ? La Macronie vacille déjà et les élections européennes approchent, la sanction électorale tombera à cette occasion, d’autant plus dommageable pour le « pouvoir » actuel qu’Emmanuel Macron a fait de la relance de l’Europe du Fric la pierre angulaire de sa politique. Quand la glissade est engagée sur la planche savonneuse il n’y a pas d’autre issue que descendre jusqu’en bas. Nulle espérance de pouvoir rebondir. Mais tout est relatif. Si l’on ne peut faire mieux alors faut-il démontrer que les autres font plus mal. Il ne faut pas toujours être génial pour être le premier, il suffit que les autres soient second, derrière, plus mauvais. A défaut donc de changer de politique pour s'attirer les faveurs de l’opinion il a décidé de souiller la « France insoumise », de marcher sur la tête de Jean-luc Mélenchon son « challenger » naturel.

    La Macronie n’est pas à son coup d’essai. C’est par de telles manœuvres florentines qu’elle s’est imposé et a violé la légitimité du suffrage universel des français lors de l’élection présidentielle de 2017. La magouille, la provoc, l’instrumentalisation de la justice, ce ne sont pas des accidents de parcours pour le parti des aventuriers « en marche »au pouvoir, c’est sa méthode de gouvernement.

    Or, voilà pourquoi précisément cette dernière affaire va se retourner contre lui. La ficelle est trop grosse. Il s’est fourvoyé. Ses succès de 2017 dans l’usage de la fange juridico-médiatique et de la fourberie lui est monté à la tête. Il a cru qu’il pouvait rééditer ce genre de manipulations grossières. Mais il s’est trompé. Il a omis de comprendre que l’entourloupe avait fonctionné en 2017 parce qu’une partie au moins de l’électorat avait envie d’être trompée car ce qu’elle ne souhaitait pas, par-dessous tout, s’était l’élection de Madame Le Pen. Mais nous ne sommes plus en 2017, la question n’est pas posée ici de l’accès de Marine Le Pen à la présidence de la République, les Français ont décrypté le fonctionnement de ce pouvoir. Parce qu’il en abuse il a décrédibilisé sa méthode. Les français n’ont plus envie d’être abusé, et lorsqu’ils n’en ont pas envi ils font payer chèrement leurs roueries à ceux qui persistent à en user.



    Patrick Seignon. "lavoiedessansvoix.fr" Mercredi 17 octobre 2018;
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