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  • LE DANGER ISRAÉLIEN DE LA RUSSIE

    LE DANGER ISRAÉLIEN DE LA RUSSIE

    Nous nous sommes toujours étonnés de la « collaboration » amicale des militaires russes et israéliens qui échangent des informations quant à leurs actions en Syrie, au prétexte de ne pas provoquer de situation dangereuses entre leurs forces.

    Si l’intention avouée d’éviter une escalade ou un conflit aérien majeur parait à priori une préoccupation louable et responsable des militaires des deux pays, elle n’en apparait pas moins comme une collusion douteuse. En effet, les militaires russes qui sont en mesure d’interdire l’accès de l’espace aérien de la Syrie aux forces hostiles, en autorisant les actions israéliennes, se font, qu’ils le veuillent ou non, les complices des menées agressives contre leur allié et des violations répétées de la souveraineté syrienne par l’État d’Israël.

    Ce positionnement russe est la conséquence, d’une certaine perception de la réalité israélienne et de La politique régionale de l’État hébreu. Tout d’abord, la Russie qui a fourni un flot non négligeable de migrants à la colonisation israélienne de la Palestine, redoute l’horrible campagne médiatique occidentale qui ne manquerait pas de se déployer, l’accusant d’antisémitisme en cas de conflit grave avec Israël. Ensuite, la Russie semble vouloir distinguer la politique et les intérêts israéliens de ceux des États-Unis ; Certes Israël est l’allié privilégié des U.S.A. dans la région du « grand Moyen-Orient », mais en tant qu’Etat, s’obstine-t-elle à penser, ses intérêts ne coïncident pas totalement avec ceux de son puissant mentor. Afin d’assurer sa sécurité à long termes, n’est-ce pas en effet l’intérêt bien sentie d’Israël que de désamorcer les situations de conflit avec ses voisins arabes ? Voilà le postulat qui préside à la politique Russe à l’égard d’Israël, qui explique tous les « ménagements » dont celle-ci se pare à l’égard de son turbulent voisin. Mais c’est une erreur, et c’est même une faute suicidaire, comme le rappelle cruellement l’incident de l'iliouchine 20 qui vient de se produire. Une faute oui, de la diplomatie russe qui, si elle persistait, ne pourrait que conduire à un désastre.

    Israël n’est pas seulement un allié et le protégé des USA, qui pourrait prendre certaines latitudes à son égard afin d’assurer sa propre sécurité. Israël est la pièce maitresse de la politique internationale américaine, il n’en est pas un simple partenaire, il en est le fondement et l’un des artisans majeur. Il ne subit pas la politique internationale de l’oncle Sam il en est un des architectes principaux. C’est au nom de la sécurité d’Israël qu’ont eu lieu toutes les guerres et agressions américaines au Moyen-Orient, et ce prétexte est encore l’un des ressorts essentiel de l’agression américaine contre la nation Iranienne.

    C’est dire qu’en ménageant Israël, en subodorant qu’au nom des intérêt de sa propre sécurité l’Etat hébreu puisse prendre de la distance avec la politique des USA , la Russie caresse le diable, et son pire ennemi., et le paiera tôt ou tard fort cher.

    La Politique Moyen-Orientale des USA marche sur deux jambes : 1) redécouper la carte politique du Moyen-Orient arabe en une myriade d’États confettis, ethniques ou confessionnels 2) assoir dessus, en son nom, la domination politique économique et militaire du « Grand Israël ». Cette politique cadre parfaitement avec les rêves mégalomaniaques du Sionisme et c’est pourquoi il n’y a pas la moindre chance de voir Israël s’en départir avant longtemps.

    Cette politique est aux antipodes de celle que défend la Russie de maintien des frontières actuelles, de respect de la souveraineté des États et de partage de la Palestine en deux États. Le conflit entre ces deux options antinomiques est inévitable. Et lorsqu’il se produira la Russie aura l’amère surprise de trouver au premier rang de ses agresseurs ce petit État d’Israël qu’elle a tant caressé.

    Si elle devait persister, cette faute de la diplomatie russe à l’égard d’Israël supporterait bientôt la comparaison avec celle que fit Staline à l’égard de l’Allemagne hitlérienne.


    Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr » Jeudi 20 septembre 2018.
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