• bouton partage

  • MOSCOU, LA TENTATION DE LA FAUTE GRAVE (A propos de la livraison annoncée de S300 à la Syrie)

    MOSCOU, LA TENTATION DE LA FAUTE GRAVE
    (A propos de la livraison annoncée de S300 à la Syrie)

    Je me suis apparemment fourvoyé l’autre jour en m’étonnant que les systèmes S400 de la DCA syrienne ne soient pas entrés en action pour parer l’attaque occidentale du 14 avril. Et pour cause : Il n’y-a pas de S400 en Syrie hormis ceux des militaires russes pour protéger leurs propres installations.

    Il y a pourtant fort longtemps de cela, la livraison de tels systèmes à la Syrie avait été annoncée. Annoncée, mais il faut se rendre à l’évidence, jamais réalisée. Pourquoi ? Parce que semble-t-il, la Russie soucieuse de ne pas justifier l’escalade a renoncé à les livrer pour satisfaire aux exigences occidentales.

    Depuis, la Russie a passé plusieurs contrats pour la livraison de systèmes S400 à l’Iran, à la Turquie, à l’Inde et même à l’Arabie Saoudite. L’Arabie Saoudite, pensez un peu, l’allié arabe privilégié des U.S.A., l’agresseur du Yémen, et surtout l’un des principaux tortionnaire de la Syrie soutenue par la Russie, et l’un des principaux suppôts du terrorisme islamique radical, combattu pourtant par la même Russie.

    Comprenne qui pourra ?

    Oh, je sais il y a des gens bien plus futés que moi qui comprennent tout. Ou plus exactement qui sont prêts à tout justifier.

    Les S400 sont des systèmes défensifs et rien ne s’oppose donc moralement à ce que l’on en délivre à tout pays qui en fait la demande pour la défense de son propre espace aérien. Or cela même n’est pas tout à fait exact car les S400 peuvent aussi dans certains cas être utilisés à des fins offensives.

    Mais là où cette question d’armements antiaérien prend une tournure tout à fait pathétique, voire même inquiétante, c’est qu’après l’attaque occidentale du 14 avril contre la Syrie, le ministère russe des affaires étrangères annonce que la Russie livrera des S300 (pas 400) à la Syrie. Enfin, livrera ou ne livrera pas. Nul ne sait vraiment. Comment savoir sur quel pied se danse pareille « valse-hésitation » Comment être certain que les S300 dont il est question à présent seront plus réellement livrés que les S400 d’hier jamais livrés ? Comment en être certain quand on observe les contorsions du ministère Russe qui un jour affirme qu’il n’a plus aucune raison morale de ne pas livrer de S300 et qui le lendemain argue qu’aucun accord international n’est de nature à s’y opposer.

    Comment être certain de quoique ce soit quand ce jour on peut lire dans « sputniknews » sous la plume de Mikhail Gamandiy- Egorov « désormais Moscou envisage (souligné par nous-ndlr) de livrer les systèmes S300 aux forces armées syriennes. Si jusqu’ici cette option (souligné par nous-ndlr) n’était mentionnée comme une simple éventualité (souligné par nous-ndlr), selon plusieurs sources militaro-diplomatiques la Russie semble maintenant être prête à passer à l’acte. » (Souligné par nous –ndlr)

    Le ministère Russe à l’évidence se cherche des justifications, à moins que cette « menace » ne soit qu’une feinte diplomatique pour justifier à d’autres qu’ils tentent de la dissuader encore une fois de le faire. « Retenez moi ou …… »

    Et Israël bien sûr monte au créneau : qui « détruira les S300, qui pourraient être livrés à Damas par Moscou, si la Syrie utilise ces systèmes de défense contre l’aviation de l’Etat hébreu » c’est ce qu’a déclaré Advigor Liberman le Ministre israélien de la défense. « Israël a demandé à Moscou de ne pas fournir de S300 à Damas ». Or, il est écrit dans ce même article faisant état de la position d’Israël que de son côté « Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a fait savoir ce mardi que la décision … n’était pas encore prise » Quant au porte-parole du Kremlin il est resté volontairement évasif.

    Conséquence de la récente attaque occidentale, des S300 seront-ils incessamment livrés à la Syrie ? Rien n’est moins sûr.

    Nous l’avons déjà dit, en nous adressant même aux plus hauts responsables de la politique russe, la temporisation, la diplomatie d’accord. Pas l’angélisme. La guerre est un acte « diplomatique » puisque c’est « la poursuite de la politique par d’autres moyens ». Mais ça n’en est que la « poursuite » et en ce sens ce n’est plus de la politique. Elle a ses propres règles et ses propres exigences.

    Les tergiversations et trop grandes finasseries de la diplomatie Russe qui cherche toujours à s’en remettre à l’autorité des instances internationales lesquelles ne fonctionnent que lorsque elles servent ostensiblement les intérêts impérialistes de l’Occident, est sur le théâtre de la guerre une attitude dangereuse, voire suicidaire.

    Oui, comme l’argumente un autre article parut ce jour dans « spoutniknews » (‘Lavrov : certains pays ont mis le cap sur l’effondrement de la Syrie ») l’Occident mise sur l’éclatement de la Syrie, sa partition. La Russie par pusillanimité ou angélisme, assistera-telle, l’arme au pied au démantèlement de son allié et à l’effondrement de sa propre politique internationale ?

    Pour esquiver ce danger il faut sans attendre équiper la Syrie d’une défense antiaérienne puissante avec des systèmes S300 ET S400, immédiatement opérationnels en y détachants les spécialistes militaires russes nécessaires à leur mise en œuvre dans l’attente de personnels syrien dont la formation, est-il dit, prendra trois mois.

    Il faut boucler sans exception l’espace aérien de la Syrie et y interdire toute incursion inamicale en commençant par les incursions israéliennes dont la dernière en date s’est produite la nuit passée du 23 avril.

    Toute autre attitude équivaut à reconnaitre de fait un droit d’immixtion des puissances occidentales dans les affaires syriennes et un espace de permissivité à leurs agressions. Cela constitue une faille dangereuse et une faute grave.

    Si tu donnes un doigt, ils te mangeront la main. Si ….



    Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr » Mardi 24 avril 2018.
  • bouton partage